Je me suis décidé cette année à me familiariser avec la vision du monde qu'ont les gens de business. Pour ce genre de découverte culturelle, une compil' est souvent efficace ; j'ai trouvé en librairie "Devenez manager ! les meilleurs textes de Peter Drucker" et ai investi 24 euros, et quelques jours cet été, surligneur en main. Expérience faite, ça valait la peine.
Voici quelques passages qui m'ont frappé dans le chapitre 3 : "L'entreprise, son objet, ses objectifs" - extraits d'un livre de 1974.
Le profit n'est pas l'explication ... du comportement et des décisions des entreprises, mais plutôt le test de leur validité. ... La véritable explication du progrès et de la croissance économique, cette explication que le mobile-profit était censé apporter, a été trouvée ailleurs depuis longtemps. ... Il n'y a qu'une définition valable de l'objet de l'entreprise privée : créer le client. ... L'entreprise privée a (donc) deux fonctions fondamentales et deux seulement : le marketing et l'innovation. ...
L'objectif du marketing, c'est de rendre superflu l'effort de vente : connaître et comprendre le client si bien que le produit ou service ... se vende tout seul. ...
Notre client, où est-il ? ... La plupart des entreprises ont au moins deux clients. L'industrie du tapis (moquette) a pour clients à la fois l'entrepreneur de construction et le propriétaire du logement. Les deux doivent être convaincus ...
Il n'est pas facile, pour les dirigeants d'une entreprise prospère, de se demander : "quel est notre business ?". ... On n'est pas populaire lorsque l'on met le succès en cause, lorsqu'on fait se balancer le bateau.
J'y reconnais assez bien Isée. Vous qui êtes dans de plus grandes entreprises, vous reconnaissez-vous ?
Une tonne d'autres citations de M. Drucker en VF sur wikipractice..
Peter Drucker me rappelle le bon souvenir de mes années d'étudiant ! Par la suite, j'ai pu constater que sa conception de l'entreprise ne collait pas toujours à la réalité. Et cela que je fusse salarié ou chef d'entreprise. En fait, j'ai pu constater que le mobile de la plupart des chefs d'entreprise est d'abord de gagner leur vie, tout en remplissant une mission pérenne pour leur entreprise. Ce sont les financiers qui sont venus troubler le système en invoquant les concepts de maximisation du profit, de purge des marchés, de concentrations, etc...
Notre société gagnerait sans doute à revenir à des notions plus stables en matière d'entrepreneuriat.
Tout à fait d'accord. Je me souviens des premiers articles, vers le début des années 90 sauf erreur, où des businessmen et leurs porte-serviette expliquaient que "le dirigeant mérite d'être rémunéré selon la valeur qu'il crée" (certes) et que "la valeur qu'il crée se mesure par l'augmentation de la valeur des actions de son entreprise" (quelle blague) !
Tout de même, ce texte de 1974 me semble précurseur sur des sujets largement traités dans les années 90 par les normes ISO, et même sur la nouvelle économie : le "capital" de l'entreprise moderne serait dans la relation (… et le rapport de force…) qu'elle a pu obtenir avec ses clients. Cela vous semble-t-il juste ?