Art Goldhammer signale cet écho d'hier, selon lequel François Hollande considèrerait "la formation professionnelle et l'aide au logement comme trop coûteuses".

Ça ne va pas faire plaisir à ses amis politiques. François Hollande, ou son porte parole, démentira certainement.

Et pourtant c'est bien vrai.

Non, il ne faut pas réduire la politique du logement ou celle de la formation professionnelle !

Au contraire : il faut se rendre compte qu'elles sont paralysées par leur coût sans cesse croissant, et ceci sans raison sociale valable.

En Ile-de-France, la politique du logement peut globalement être analysée comme un financement payé par les pauvres au profit des riches (ou des moins pauvres). Les pauvres ont bien du mal à accéder à une location en HLM ; ils se retrouvent à choisir entre une "colocation" surpeuplée et insalubre, un logement privé hors de prix, ou habiter à deux heures de Paris, avec coûts de transport à la clef.

Christine Boutin a fait de son mieux pour que cela change en faveur des pauvres. Mais les organismes HLM sont bien trop puissants et trop riches pour être combattus efficacement, ou pour être forcés à investir et construire avec leur propre argent. D'où le terme charmant, mais tragique, de "dodus dormants".

La formation professionnelle doit être regardée comme deux secteurs complètement étanches.

La formation des demandeurs d'emploi et des personnes en situation comparable[1] a un très bon rapport qualité/prix, parce qu'elle est vendue à des prix extrêmement bas. Mais son efficacité est limitée[2]. On parlait dans les années 80 de "stages parking"… C'est sûr, les budgets mériteraient d'être augmentés ! Mais le vrai besoin, c'est d'axer ces formations sur l'emploi. Pas sur le papier-crayon. Parmi les personnes à faible qualification scolaire, la plupart apprennent mieux sur le tas, l'outil à la main. Leur enseigner à écrire, réécrire et re-réécrire leur CV ne les rendra absolument pas plus efficaces en poste, n'apportera donc rien au PNB… et rien à l'emploi en France.

La formation des salariés est vendue à des prix faramineux, de l'ordre de 600 € par personne et par jour[3]. Ceci parce que les employeurs sont obligés de dépenser ce budget, le "1%". À budget donné, plus la formation est chère, plus elle sera courte, et moins longtemps le salarié devra s'absenter, donc moindre sera le coût global pour l'entreprise.

Ce système, fondamentalement contre-productif, n'a pu être changé depuis des décennies, parce qu'il est gouverné de façon paritaire par les syndicats de salariés et d'employeurs. Ceux-ci sont fort bien rémunérés pour cette "gouvernance", qui peut être considérée comme leur principale source de financement[4]. Pourquoi tueraient-ils leur poule aux oeufs d'or ?

François Hollande sait tout cela, comme tout le monde.

Mais comment la gauche ou la droite pourraient-elles y changer quoi que ce soit, liées comme elles sont, respectivement, aux syndicats de salariés et à ceux du patronat ?

Notes

[1] Formation "sur commande publique".

[2] C'est une simplification : il y a aussi sur ce marché des formations longues ou techniques, efficaces… et coûteuses.

[3] Déclameur : je suis formateur auprès de salariés. Mais ce n'est pas le formateur qui touche des rémunérations faramineuses ;-)

[4] Dommage évidemment que le rapport Perruchot ait été enterré, à la demande, ont dit certains, de la FNSEA… qui a démenti sans démentir.