Lors d'une récente réunion du MoDem, nous discutions "du programme" : qu'est-ce que "les gens" retiennent de nos propositions ? Ah oui, les gens savent que François Bayrou s'est inquiété de la dette… mais est-ce qu'il a proposé une façon d'en sortir, de la dette ? (L'intervenant oubliait que le programme 2007 de François Bayrou était le seul financièrement équilibré. Mais c'est vrai que l'équilibre ne suffit pas pour se désendetter).
Bon, c'est super-sensible, un programme de restructuration. Dans les restructurations d'entreprises, vous avez déjà vu un repreneur annoncer tout ce qu'il allait fermer ? Quand un club de foot en perdition cherche un entraîneur, est-ce que les candidats commencent par annoncer des coupes dans les effectifs ?
En même temps, je ne suis élu nulle part, juste le 133ème blogueur du wikio, alors je peux raconter ce que je veux.
Alors voilà un petit plan en 12 points pour ramener l'équilibre (et la confiance, et le développement durable, et la solidarité, et l'emploi, bref, l'espoir quoi !) en maintenant les salaires, du public comme du privé. Je sais, les gens sérieux croient ça impossible. Mais je peux raconter ce que je veux.
C'est assez simple dans le principe : il faut réduire de 100 milliards les déficits publics.
- Taxer les bénéfices des multinationales à un niveau normal : +15 milliards. Sans changer la loi (qui est la même pour tous), mais en harmonisant l'impôt sur les sociétés en Europe, et en bloquant l'évasion vers les paradis fiscaux.
- Stopper, par le contrôle des transferts financiers, l'évasion des revenus privés vers les paradis fiscaux : + 5 milliards
- Supprimer les réductions d’impôt Chirac-Raffarin et le paquet fiscal Sarkozy-Fillon : + 12 milliards.
- Prélever (par la taxe…) une partie de la plus-value foncière liée aux mutations, aux changements de PLU… : + 10 milliards
- Taxer le patrimoine non-foncier à hauteur de 1% environ, à partir d'un montant seuil (type IGF/ISF) : + 8 milliards
- Passer aux 37 heures dans la fonction publique, aux 36 heures dans le privé : + 12,5 milliards
- Assurer l'égalité fiscale entre collectivités et arrêter les embauches dans les communes et départements riches, déjà surnuméraires : + 2,5 milliards
- Arrêter l’inflation incompréhensible des dépenses de médicaments et d'équipements de santé : + 5 milliards (alors que les maladies, elles, n’augmentent pas, et que les nouvelles technologies devraient permettre des économies)[1]
- Equilibrer par une loi organique le système de retraites, avec une retraite "par points" ou "à la carte" : + 7 milliards
- Réduire drastiquement les dépenses consacrées à la bombe atomique et en mettre la moitié sous cocon : + 4 milliards[2]
- Embaucher des statisticiens compétents pour repérer les fraudes fiscales et sociales : + 3 milliards
- Et chercher encore, parce qu'il manquerait encore 16 milliards, si ces chiffres étaient non pas pifométriques, mais justes[3]…
Bien sûr, il faut ajouter, même si ça ne rapporte rien, mais la confiance sera impossible sans cela :
- Réduire drastiquement les dépenses de Cour : -50% sur le budget de l'Elysée, -25% sur ceux des Assemblées, alignement des retraites des parlementaires ou hauts fonctionnaires sur le droit commun du secteur privé, interdiction du pantouflage ;
- Cesser de brader aux copains les actifs de l’Etat. Ça représente + 0 milliard, parce qu'on arriverait trop tard. Mais c'est un principe à rappeler.
Ça vous fait hurler, tout ça ? Ben y a les commentaires pour ça. Attention, procès d'intention interdits, la néthique sera appliquée sans faiblesse !
Notes
[1] PS 10 août : En fait, il y a bien 13-14 milliards à économiser.
[2] PS 10 août : En fait, 4 milliards est à peu près le coût total. Il devrait y avoir moyen de gagner 1 ou 2 milliards.
[3] PS 10 août : Ça ne fait plus que 10 milliards à trouver.
ça sent le retour du chargé d'études ! Le programme me plaît !
J'aime bien mais cela à un peu un air de "on taxe les riches". En fait le plus gros problème dans ce projet c'est de mettre les européens autour d'une table pour qu'ils arrêtent d'appauvrir l'Europe au profit des capitalistes, banquiers et autres copains du fouquets. Une vrai suppression des paradis fiscaux pourrait enfin permettre une harmonisation fiscale raisonnable. J'aime cette utopie, mais elle me semble tellement utopiste
Un air de "on taxe les riches" ? c'est vrai, mais... euh... Comment trouver 100 milliards chez les pauvres???
Et puis, augmenter le temps de travail, c'est quand même une des choses les plus difficiles à faire passer parmi les idées proposées dans cette note et cela ne touche pas plus les riches que les pauvres.
Bonjour,
Au moins... vous proposez quelque chose... (qui est différent du programme de pas mal de candidats qui ont plus ou moins le discours suivant : avant 5% de croissance par an, je remets à flot les finances publiques en 3 ans...)
maintenant, augmenter le temps de travail (sans augmentation de salaire je suppose ?), ça revient à "travailler plus pour gagner moins"... pas sûr que ça fasse recette comme slogan ;o)
mais donc bravo pour les idées et les propositions, elles ont le mérite d'exister !
@+
Je vote pour un programme comme ça où 1+1=2.
Il faudrait ajouter un réengagement de l'état au niveau local qui à complètement démissionné de son soutien financier pour l'éducation ou la fonction publique.
Dans la même direction : une meilleure redistribution locale de l'impôt... Tout part sur Paris et plus rien ne redescend en Province...
"Dans les restructurations d'entreprises, vous avez déjà vu un repreneur annoncer tout ce qu'il allait fermer ? "
Ben oui !
C'est même la seule méthode qu'il a pour être sur de pouvoir le faire!
C'est bien au moment où il va reprendre que le repreneur est en position de force pour négocier, donc s'il ne le fait pas là, il ne le fera jamais !
Pas plus tard que cette semaine, j'ai rencontré les responsables d'une entreprise en déficit, que le groupe propriétaire est en train de vendre. Le repreneur a annoncé le nombre de départs , son volume d'investissements, et exigé une modération salariale pendant trois ans. le tout est dans le protocole de négociations salariales annuelles, signé par tous les syndicats de l'entreprise (je suppose que c'était dans les exigences)
il s'agit là d'un procédé très classique
@ tout le monde = merci bien ; j'attendais plus de critiques sur le fond. Dois-je être déçu ? ou ai-je finalement enfoncé des portes grandes ouvertes ?
@ OG : trop aimable ! Rendons à Courson ce qui est à Charles, c'est lui qui avait pris le trébuchet en 2007.
@ Cedric Augustin : oui ; en-dehors du foncier, et du travail dans une moindre mesure, on ne peut plus taxer grand chose sans convergence européenne - et un "protectionnisme européen" au sens, non pas de taxer le commerce, mais de se protéger contre le brigandage. C'est pourquoi le mélencho-dupont-aignan-lepénisme nous conduirait directement à la ruine.
@ GuillaumeD : disons que repasser de 35 h à 36-37 toucherait plus les travailleurs, riches ou pauvres, que les retraités riches ou pauvres !
@ nap : bien sûr, repasser de 35 h à 36-37h c'est "travailler plus pour pouvoir continuer à gagner autant". Même si ce "autant" n'est pas la fortune. Mais on garderait l'une des durées du travail les plus basses du monde, et l'Etat comme les comptes sociaux seraient, du coup, beaucoup plus viables.
@ Huguy les bons tuyaux : à condition que tu nous trouves les 16 milliards manquants !
@ MRP : ce qui est sûr c'est que la décentralisation, de la façon dont elle a été faite (par les gouvernements PS/PCF puis UMP), a grandement aggravé la situation du secteur public et alourdi nos impôts.
@ verel : pas faux mais on en a connu aussi qui annonçaient des "relances" et des investissements flamboyants, pour mieux liquider la première brise venue !