Versailles parce que j'y suis né - et y ai vécu le premier mois de ma vie ?
Peut-être, mais surtout en réponse à un billet de Laurent de Boissieu. Qui me donne l'occasion de participer, impromptu, au Grrand Débat sur l'Identité Nationale.
Selon Laurent de Boissieu, Kofi Yamgnane, en se présentant à la présidentielle togolaise[1], devient un "symbole de désintégration républicaine" alors que, comme maire, député et ministre français, il était "un modèle d'intégration, c'est-à-dire, en langage républicain français, d'assimilation." "Un naturalisé Français devrait automatiquement perdre sa nationalité d'origine,... couper ses liens politiques avec son État de naissance."
Je suis en désaccord complet avec l'idée que l'identité nationale française serait une identité insulaire, impliquant de "couper ses liens politiques avec son État de naissance."
Je crois au contraire que la France a une vocation universelle, qu'elle est une terre d'asile, de rencontre, de vacances et de négociation, d'immigration et d'émigration, et que tous ceux qui incarnent ce lien - Français de l'étranger souvent bi-nationaux, étrangers devenus Français souvent bi-nationaux aussi - ont, de par leurs deux identités nationales même, une place éminente dans la politique française.
Si d'autres pays sont heureux d'élire d'anciens élus de la République française, je n'y vois aucune objection. Et je trouverais très bien que nous ayons dans la politique française beaucoup de ces passeurs de frontières, qui auraient aussi été élus ailleurs.
Tiens, Daniel Cohn-Bendit par exemple ...
Notes
[1] Je réponds par ailleurs à Laurent de Boissieu au sujet de cette personnalité : M. Yamgnane sait parfaitement qu'il n'a aucune chance d'être élu président du Togo, régime fondé sur un contrôle militaire de ressources de rente (phosphates et port de Lomé, principalement). En se lançant dans cette élection, il fait bénéficier le débat politique togolais de la liberté d'expression que son expatriation lui a apportée. Il témoigne auprès du peuple togolais que "toute" la France n'est pas "vendue" au régime en place. Ce pont entre deux pays me semble plutôt être un témoignage de la vitalité de notre intégration républicaine ! Kofi Yamgnane était prêt, pour cela, à renoncer à sa nationalité française (car la législation togolaise, elle, l'exigeait), mais n'a pas eu à le faire. Voir cet article de Jeune Afrique.
Bon, j'hésite : dois-je répéter ce que j'ai déjà répondu sur mon blog ? ...ou dois-je simplement inviter les internautes à me lire sur mon blog ?
http://www.ipolitique.fr/archive/20...
Les accords sur l'absence de double nationalité entre France et Italie sont une des raisons pour laquelle je ne demande pas la naturalisation
@ Laurent de Boissieu : j'y invite vivement. Votre blog est fort intéressant et je suis heureux qu'un désaccord (au moins apparent) me donne l'occasion d'en parler ici.
@ Claudio Pirrone : avec le Burkina Faso, la double nationalité a été rétablie il y a une douzaine d'années. Je me suis renseigné, je pourrais l'obtenir ; si je vais vivre là-bas je la demanderai. Pour l'instant, n'y séjournant que de temps en temps, et ne participant pas activement à la vie politique, je me suis abstenu.
"symbole de désintégration républicaine"... rien que ça. Mon dieu que leur identité est fragile à ces gens là pour qu'ils se sentent menacés dans leur intégrité par le choix de vie, de carrière d'une personne.
@GM
"Ces gens là" : personnellement, lorsque je m'adresse à quelqu'un, je n'écris pas "ces gens là". Mais bon, passons...
Je ne me sens absolument pas "menacé dans mon intégrité par le choix de vie, de carrière d'une personne" (!) Je dis simplement que tous ceux - que je combats - qui prétendent qu'un Français d'origine étrangère ne sera jamais 100% Français ont dû sabrer le champagne en apprenant une nouvelle qui semble leur donner raison. Qui plus est un ancien secrétaire d'État ...à l'Intégration !
Quelle mauvaise nouvelle pour tous ceux qui se battent en faveur de l'égalité des citoyens et combattent l'exécrable notion de "Français de souche" ! Quelle mauvaise nouvelle pour tous les Français issus de l'immigration inlassablement obligés de prouver leur appartenance à la Nation parce que des cons les renvoient sans cesse à leur origine !
@ GM : effectivement votre commentaire ressemble fort à une attaque personnelle, hors de propos en ces lieux http://nethique.info/charte/ ... mais si Laurent de Boissieu passe, je passe aussi.
@ Laurent de Boissieu : vous l'aurez compris, je reste en désaccord. Si des "cons les renvoient sans cesse à leur origine", c'est aux "cons" de comprendre que l'on peut être pleinement Français et pleinement Parisien, Breton, Togolais, jet-setteur, musulman, musicien, albinos, philatéliste, polytechnicien et j'en passe. Les identités sont multiples dans la personne humaine, et selon moi, les identités nationales aussi. Je plains un Français qui ne se sentirait que Français, et d'aucune autre nation.
Je m'excuse pour le "ces gens là", formulation peu heureuse, mais sur ce "débat là", je m'emporte un peu rapidement (à mon propre étonnement par ailleurs).
@Laurent de Boissieu : vous ne vous sentez pas en danger dans votre intégrité, mais parlez tout de même de "symbole de désintégration républicaine", ce qui est pour le moins excessif, pour ne pas dire violent (Pour le coup, à la place de Kofi Yamgnane, je me sentirais légèrement indisposé). Et de "désintégration" à "menace de l'intégrité", il n'y a qu'un pas qui a été franchi.
Je ne comprend pas ce raisonnement qui consiste à dire que, et je force le trait : pour ne pas donner de gages à ceux qui pensent qu'un étranger devenu fraçais ne sera jamais 100% français, ceux qui sont français d'origine étrangère doivent s'abstenir de faire certaines choses, de ce comporter comme-ci ou comme-ça parce que sinon, certains sabreront le champagne.
Soit, je reformule et force encore le trait : pour éviter de donner de gages, certains français qui sont d'origine étrangère, vont devoir se comporter comme l'entendent ceux qui refusent (et refuseront de toute façon) à les voir comme français, pour éviter de les voir sabrer le champagne.
Soit, je reformule et force encore un peu : pour ne pas leur donner de gages, donnons leur les clés de la maison (et de la cave à champagne).
FrédéricLN va me plaindre, car je ne conçois en effet pas que l'on puisse nourrir deux identités nationales, servir deux États. À partir de là (mais j'ai bien compris que vous ne partez pas de là !), quelqu'un qui devient Français doit effectivement devenir culturellement Français (sinon, pourquoi donc demander la nationalité française ? il ne s'agit pas d'une obligation pour un étranger vivant en France !) et couper ses liens politiques - pas sentimentaux bien entendu - avec son État de naissance. En face, la personne en question doit naturellement être regardée comme pleinement française et non pas comme un Français de telle ou telle origine. C'est justement ce dernier point qui me révulse chez ceux qui parlent de "Français de souche" (ou qui renvoient systématiquement un ultramarin à ses origines régionales alors qu'ils ne font pas de même avec un métropolitain). Peut-être partent-ils du même postulat que moi, mais ils l'accompagnent d'une conception fermée et racialo-ethniciste de la nation alors que la mienne est ouverte et fondée sur des valeurs.
Encore une fois, vu que nous ne partons pas du même postulat, nous ne pouvons pas avoir le même regard sur cette histoire, tout en ayant sans doute une même conception de la nation...
Bah, vous savez, moi je pense que l'identité nationale n'existe pas. Alors en avoir 2...
Frédéric, tu as suspendu - ou supprimé ? - mon commentaire, je t'ai répondu par courriel et t'autorise à publier ici notre échange...
FrédéricLN : J'ai effectivement mis en attente un commentaire. Explications envoyées par mail.
"en attente", alors il y a de l'espoir... reste à savoir jusqu'à quand
Jusqu'à expurger tout ce qui ne rentre pas dans le moule de la pensée unique et policée bien franco-française ?
FrédéricLN : Je tolère les procès d'intention s'ils sont à mon égard