Je lis sur internet des prises de position qui vont dans le sens d'une "priorité à l'indépendance du MoDem". Ainsi la déclaration collective de militants et élus rhônalpins titrée "Priorité au projet", met en réalité le projet à la fin du raisonnement, il apparaît entre le dimanche soir du 1er tour et le mardi midi suivant :

"Notre indépendance ... guide ce message (sur le projet). Elle nous conduit à être présents au 1er tour et à inviter les électeurs à nous maintenir au second en nous confiant plus de 10% des suffrages. ...

Seul un accord sur des points du projet pourrait nous conduire à travailler avec (les) représentants (du PS ou des Verts) et les conditions pour celui-ci ne sont pas réunies à ce jour.

Aussi notre message électoral doit-il être parfaitement clair : nous avons vocation à nous maintenir au second tour et si les électeurs ne nous en donnent pas les moyens, nous chercherons à valoriser les suffrages de ceux qui ont voté pour nous par un accord de projet."

Remettons les choses dans le sens de la marche.

Nous nous sommes mis en Mouvement avec l'espoir de changer les choses. L'espoir qu'un renouveau de démocratie permette le développement durable de nos régions. Et nous ne pourrons pas changer les choses à nous seuls. Nous ne pourrons pas le faire par des campagnes sans lendemains. Nous ne pourrons pas le faire non plus si nous acceptons d'avance des "alliances automatiques".

Si nous disons "votez pour que nous restions tous seuls sur notre île" ou si nous disons "votez pour que nous nous rangions ensuite derrière tel autre", le résultat sera le même : les électeurs iront vers les autres.

Le seul intérêt que le MoDem soit là, la seule raison de voter MoDem, c'est l'espoir que nos propositions, nos conceptions de la politique, nos valeurs se concrétisent. Bref, pour que notre projet soit audible, il faut que nous soyons prêts ... à le réaliser.

Ou dit autrement : si "les conditions d'un accord sur des points du projet ne sont pas réunies à ce jour", travaillons à créer ces conditions. Discutons, proposons, publions. Et si, comme M. Placé, des partenaires potentiels nous claquent la porte au nez, il reviendra aux électeurs de les enfermer.


Pour aller un peu plus loin. Que craignent les auteurs de ce genre de textes ? J'imaginent qu'il craignent un mauvais accord : que nous mettions nos exigences et nos valeurs dans la poche pour deux strapontins. Que nous concurrencions le Nouveau Centre dans la débandade.

Comment nous prémunir de ce risque ? Certainement pas en criant "Indépendance, indépendance !". Parce que "l'indépendance" pure, cela signifie en pratique ... en remettre les clés à une seule personne, la tête de la liste "indépendante" aux régionales. Et celle-ci résisterait-elle longtemps aux sirènes des vendeurs de strapontins ? Aurait-elle les moyens, ne serait-ce que financiers, de se boucher les oreilles longtemps ?

Contre le risque de bradage, la solution me semble simple. Car notre quasi seule valeur sur le mercato est l'étiquette MoDem et la voix médiatique de François Bayrou. Il suffit donc de rappeler que les investitures et soutiens du MoDem, pour le premier tour d'abord et pour le second tour ensuite, seront donnés par le Conseil National et y seront débattus puis votés, à bulletins secrets s'il le faut ... Au Conseil National de reconnaître les bons accords des mauvais, des candidatures pis-aller des listes indépendantes solides. À lui de voir où il y a de l'espoir.