Sylvie Tassin sur les militants MoDem : "On est (hormis quelques rares exceptions probablement mais je ne les connais pas...) ... une sacrée bande d'égos sur pattes convaincus qu'on a inventé la poudre, le fil à couper le beurre et l'eau chaude. Notre assise narcissique étant bien posée, on pourrait peut-être travailler à autre chose qu'à se curer le nombril en vociférant contre ceux qui ne sont pas foutus de réaliser notre talent hors pair. L'efficacité viendra avec un peu plus d'humilité ... On pourrait unir nos ressources pour entrer en guerre contre le chômage endémique, le démantèlement des services publics, les nuages pourris qui nous empêchent de partir en vacances....(mais qui nous permettent aussi de ne pas en revenir :-))) )"
Je connais beaucoup de militants pas du tout mégalos, ce sont même la majorité.
Mais j'ai senti aussi quelque chose comme ça, parmi les nombreuses bonnes volontés qui se croyaient seules au monde à vouloir une autre politique ... qui ont entendu François Bayrou à la télé "dire la même chose" ... et qui ont pu croire qu'à deux, avec leur talent et celui de François Bayrou, la cause serait mieux défendue ! Pour d'autres bien sûr c'est Corinne Lepage, c'est Ségolène Royal, c'est Nicolas Dupont-Aignan, c'est Daniel Cohn-Bendit ... des gens qui (quelle que soient leurs convictions politiques) se lèvent contre le système en place, sur la scène politique et médiatique elle-même.
Des gens qui donnent l'impression d'être avec vous, donc, l'impression que vous êtes avec eux[1].
Je me moque un peu peut-être, mais c'est de l'auto-dérision, car moi aussi je me suis engagé avec une conviction de ce genre - et avec quelle autre conviction rejoindrait-on un parti ?
C'est donc, je crois, une "mégalomanie" nécessaire et salutaire, cette volonté de changer ce qui ne va pas dans notre société, et pour cela d'être à la (méga)dimension de la société, donc de s'associer à des "personnages" de la scène médiatique, des partis, des leaders.
Le problème est : et après ? que fait-on de ce désir, de cette ambition ? L'investit-on dans une construction pierre après pierre, en plein vent, dans la société de tout de monde (ceux qui vous prennent pour un fada),... ou cède-t-on à la déception que le rêve reste rêve ... cherche-t-on des boucs émissaires ... fuit-on l'ambition de changer la société, en la transformant en jeu de massacre de ce à quoi (ou à qui) on avait d'abord cru ?
Avec le MoDem à 4%, une chance dans notre malheur : ceux qui se voyaient grands vont tous se reconnaître petits. Une bonne base pour construire.
La discussion continue chez Sylvie Tassin.
Notes
[1] Qui donnent cette impression à vous ... ou à d'autres !
"Que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et le chef comme celui qui sert"
Saint François d'Assise citant le texte
Cher Frédéric,
je continue de te lire et d'apprécier ce que tu écris. Mais je ne comprends pas comment tu fais pour y croire encore. Cela fait 3 ans que tu parles sur ce blog de construire, n'est-ce pas? Je ne vois rien, rien qui ait été fait en 3 ans. Et tu continues de croire qu'on peut construire? Je veux bien, mais je ne vois pas le moindre début de mur. (Ne me sors pas le coup de croire sans voir, c'est hors sujet ;-))
Eh bien - commençons, alors ? Tu serais candidat aux cantonales ? On fait un réseau d'assistance mutuelle de candidats démocrates aux cantonales ? Le ramcdc, donc (un peu de micromanie soigne). http://groups.google.fr/group/ramcdc
oui, "être le changement qu'on veut voir dans ce monde", OK. Mais lorsqu'il n'y a eu aucun relais des initiatives (locales, "transversales", ou web) diverses et variées de la part du siège, ni encouragement, ni remerciement, ni félicitation... tu ne constates pas un gros problème?
Tout à fait d'accord sur le fait que, pour agir dans la durée, on a besoin d'encouragement, remerciement, félicitations et autres sortes de "retour positif".
Pas d'accord sur le fait que ça doive venir "du siège". Ce n'est pas pour lui qu'on travaille ! Il ne nous paye pas, on n'est pas salariés... Les gens des sièges des partis sont d'ailleurs convaincus que ce sont eux qui mériteraient encouragements, remerciements, félicitations de la part des militants, pour le travail qu'ils font à leur service, et pour tenir longtemps dans un siège, il faut résister à l'absence quasi-totale de retours positifs de la part des militants ... il n'y a que des demandes et des revendications !
Bref, petit malentendu qui me semble facile à régler : personne n'a payé personne, personne ne travaille pour personne, nous travaillons chacun à notre place pour un même destinataire, l'électeur, l'habitant, et quand lui nous dira qu'on a bien fait notre boulot, ça sera OK !...
Intéressant. Pertinent. Probant.
(ça me conforte dans ma décision -déjà prise- de te mettre dans ma mailing list quant à un mail que j'envoie sous peu à quelques contacts/amis...)
Mais il y a quand même le cynisme parisien, ou tout du moins son ironie, qui pollue les sièges... et qui ne permet pas de rassembler pour soutenir, quand le local n'aurait besoin que d'un petit coup de pouce pour décoller. Si le chef motive son "siège" plutôt que de le gérer (ou le non-gérer en l'occurrence), ces petits miracles sont autant de début de changement. Ça aurait pu simplement être ça, "faire de la politique autrement"... et ça s'est réduit de la part du chef à répondre aux mails persos par milliers. Intellectuellement et humainement faiblard. Enfin bref, je vois depuis presque un an le verre aux trois quarts vide... (j'avais tenu deux ans avec la moitié.)
Il y a bel et bien dans les sièges parisiens, de chez nous ou d'ailleurs, un poison de ce genre. Je dirais, une affection blessée et jamais dépassée. Ou bien, une énergie vaine mais bravache. Ou encore, l'amertume et la pitié de voir, d'avoir vu pendant des décennies, des vagues et des vagues d'enthousiasme citoyen, militant, idéaliste, ou ambitieux (ou les deux), se briser sur les rochers impavides des pouvoirs en place
Et malgré cette expérience de ruine, qui dissuade et dissout toute initiative constructive, il y a des gens qui tiennent. Qui restent là dans la forteresse vide. Qui font de l'humour, qui font le gros dos, qui font des photos. Qui tiennent la maison en attendant, qui sait ? le grand soir.
Alors voilà, je les aime bien aussi, et je leur dédie ces huit lignes verbeuses (ça leur donnera à rire, car il y a de fort bons poètes au 133bis).