"Je ne peux pas en vouloir aux gens qui manifestent de ne pas faire confiance à la majorité", écrit un éconoclaste, et Art Goldhammer répond :
"This reform is bad. We need something else." Indeed. But we have needed "something else" for more than a decade now, and neither Left nor Right seems capable of managing it.
Le Mouvement Démocrate et un grand syndicat, la CFDT, proposent un système alternatif depuis des années (bien avant Bozio et Piketty ).
Mais ce ne sont pas des forces politiques majeures aujourd'hui. Je n'observe pas de soulèvement populaire en faveur de quelque système alternatif que ce soit.
Beaucoup de gens espèrent sans doute (à défaut d'y croire) que la faillite n'est pas au coin de la rue, et que les choses pourraient rester en l'état encore quelques années de plus..
Et je ne peux pas vraiment le leur reprocher, quand :
1) c'est exactement ce que M. Sarkozy leur a dit en 2007 - notre système de retraites était peinard jusqu'en 2020 au moins, selon lui (pas selon nous !) - alors pourquoi les gens ne croiraient-ils pas ce nouveau Président ?
2) quand M. Tapie reçoit 45 Mn€ pour un "préjudice moral" quasi invisible, quand la société de M. Dassault reçoit 800 Mn€ pour des Rafale supplémentaires dont nos armées n'ont pas besoin et ne voulaient pas, quand une centaine de députés UMP suggèrent de supprimer tout net un ISF qui rapporte plus de 3000 Mn€ à l'Etat chaque année, quand députés et sénateurs de gauche et de droite refusent de rejoindre le système de retraites normal et s'accrochent à leur propre système super-privilégié, etc., …
… pourquoi condamner les gens qui essayent, eux aussi, d'établir une position de force leur permettant de garder quelques milliers d'euros de retraites de plus ?
La faillite est au coin de la rue. Mais notre gouvernement (à l'exception de François Fillon un jour de 2007) parle et agit comme si elle était loin. Pourquoi les citoyens feraient-ils autrement que lui ?
D'accord à 100%.
"La faillite est au coin de la rue. Mais notre gouvernement (à l'exception de François Fillon un jour de 2007) parle et agit comme si elle était loin."
Qu'a donc dit -ou fait- de bien ce FF un jour de 2007 ?!!
P. ex. ici : http://www.liberation.fr/politiques... ou http://www.lemonde.fr/societe/artic...
Frédéric,
Malgrès toute l'estime que j'ai pour toi quand tu affirmes que le Mouvement Démocrate et la CFDT aient, au sujet des retraites un système alternatif, cela me reste pantois ....
Si à l'époque, j'ai adhéré à la tendance CAP21 sans quitter le MoDem, c'est justement à cause du manque de perpective qu'offrai la direction de notre parti dans tous les domaines et en particulier dans le domaine social.
Depuis les choses ont changées, et la position de CAP21 exprimée dans son pacte social sur la protection sociale à le mérite d'être claire et nous envisageons:
-que tout le monde ait droit aux mêmes prestations sans considération de la qualité de travailleur
-que son financement soit accru par l'impôt sur les revenus du capilal et sur les transferts financiers, la TVA sociale, et autres mesures fiscales; ceci en contrepartie d'une baisse significative des charges sociales
-que les differents régimes soient unifiés et gérés par le démocratie représentative c'est-à-dire le parlement et le gouvernement.
Le système de protection sociale n'est pas seulement en faillite financière, il l'est aussi sur le plan moral; les sentiments d'injustices progressent dans l'esprit des gens, les conscienses se reveillent et nous ne sommes pas loin qu'une nouvelle philosophie s'impose.
Amicalement
Claude
@ Claude Aubry : Bonjour et merci de venir commenter ici ;
"Si à l'époque, j'ai adhéré à la tendance CAP21 sans quitter le MoDem, c'est justement à cause du manque de perpective qu'offrai la direction de notre parti dans tous les domaines et en particulier dans le domaine social."
-> Là je suis fortement tenté par la réponse habituelle des politiciens "nous avons un problème de communication"...
Les propositions de notre parti sur les retraites sont carrées et précises au moins depuis le précédent débat (de 2002) sur la réforme des retraites. Ayant eu, pendant la campagne présidentielle, à rédiger nos réponses aux questions de la CFDT, je peux témoigner que c'était un travail extrêmement facile : nous étions sur la même ligne sur tout ou presque.
J'ajouterais pour le même prix le sujet de l'emploi sur lequel les propositions faites pendant la campagne étaient de loin les plus solides… ce n'est pas (seulement) moi qui le dis, c'est le panel d'experts de différentes tendances réuni par le journal l'Expansion.
Les trois alinéas que vous proposez dans votre commentaire, vous les retrouverez dans le discours de Giens d'août 2005… à une importante exception près : selon nous, la répartition doit être équilibrée (cotisations = pensions) et gérée par la démocratie sociale. Ce qui devrait revenir à l'Etat, ce sont les systèmes d'aide (revenu minimum dont le minimum vieillesse, allocations familiales sans doute, soins de santé…) et effectivement on se demande bien pourquoi le financement de la santé est cogéré par le patronat et les syndicats, alors que les soins bénéficient en très grande majorité aux personnes âgées et aux nouveaux-nés, et sont assurés par les professions de santé.
L'argument "on peut faire payer par la fortune des riches (ou par la consommation de tous dont les retraités : TVA sociale) les retraites des salariés" signifie en clair : inclure les retraites dans le budget de l'Etat (ce que vous proposez en pratique). A mon avis il n'en a pas les moyens. Il a déjà autour de 70 milliards d'euros à trouver pour payer les enseignants, les médecins etc., et ce qu'on pourrait ajouter comme impôts n'y suffira déjà pas, amha.
@Frédérique,
Tout d'abord comment évoquer un débat de 2 002, alors que les donnes ont complètement changées...?
A l'époque la population de la France était complètement différente, les personnes nèes pendant le babyboom cotisaient alors que maintenant elles accèdent à la retraite et plus le ralentissement du nombre de naissances constaté depuis 1975 n'avait encore que peu d'impact sur la population active. (voir la pyramide est ages nous informe beaucoup à ce sujet).
Oui la faillite de notre systeme de retraite est au coin de la rue....
Faut-il le sauver?
Ou bien faut-il abandonner l'équation cotisation=pension, envisager une autre approche philosophique qui consiste à financer les pensions de retraite par l'ensemble de la nation dans le cadre de la solidarité intergénérationnelle et dans ce cas abandonner la notion de salaire différé pour l'inclure les retraites et l'ensemble de la protection sociale dans le budjet de l'Etat ?
D'autre part, il n'a jamais été question de "faire payer par la fortune des riches" mais de faire participer les revenus issus du capital pour la protection sociale à la même hauteur que les revenus du issus du travail.
En ce concerne la TVA sociale et la baisse des charges sociales , je rappelle que ceci n'est pas une proposition spécifique de CAP21, mais également celle de beaucoup d'anciens adhérents du MoDem, qui suite à l'intrangisance de F Bayrou et de son mentor J Peyrelade ont quitté ce parti.
Enfin l'argumentation de manque moyens de financement a toujours été celle des gens de la droite concervatrice qui s'opposent à tout progrès social et ainsi qu'a l'humnanisme en général.
Cordialement
Claude
@Claude Aubry : je me réjouis d'avoir enfin sur ce blog un commentateur aussi porté à la contradiction que je le suis sur le blog des autres. Tout de même deux remarques - et une réponse :
> difficile de répondre à une argumentation qui me semble incohérente. Par exemple, entre "la faillite de notre systeme de retraite est au coin de la rue...." et "l'argumentation de manque moyens de financement a toujours été celle des gens de la droite concervatrice qui s'opposent à tout progrès", il me semble qu'il faut choisir.
De même, le problème du financement des retraites étant essentiellement démographique est bien connu et bien documenté depuis des décennies. Il ne s'est pas passé grand chose de nouveau depuis 2002 (sinon la crise de 2008, qui met les Etats mal gérés dont le nôtre au bord du dépôt de bilan).
> Ensuite, je ne comprends pas l'intérêt de gonfler des différences qui n'en sont pas. Par exemple, la baisse des charges est bel et bien l'axe sur lequel François Bayrou avait présenté en 2005 un projet "de rupture" selon lui (TVA sociale, CSVA, taxe Tobin et taxe carbone, pour remplacer les charges sur les salaires). A quoi sert de le nier, ou de l'imputer à "d'anciens adhérents du MoDem, qui suite à l'intrangisance de F Bayrou ... ont quitté ce parti" ?
Que Cap21 ait fait beaucoup de propositions pertinentes et documentées, y compris sur des sujets peu traités par François Bayrou, j'en suis bien d'accord et vous en trouverez de nombreux exemples sur ce blog. Mais là où nous sommes d'accord, pourquoi ne pas nous en réjouir ?
> Sur le fond, l'idée d'inclure dans le budget de l'Etat "les retraites et l'ensemble de la protection sociale" mérite d'être discutée. Elle n'est pas, à mon avis, aberrante. Mais elle n'est pas non plus une évidence. Tous les autres Etats du monde, à ma connaissance, ont pris l'orientation inverse (sinon peut-être le Venezuela ?). A quoi sert, au fond, que des prestations sociales dont le montant devrait être pérenne et prévisible, dépendent des joutes politiques annuelles autour des lois de finance, en concurrence avec les porte-avions ou les dernières promesses de défiscalisation ? Ne vaudrait-il pas mieux que leurs financements soient "sanctuarisés", comme on dit, c'est-à-dire échappent au pouvoir régalien ? Mais pour cela, il faut l'équilibre financier. Le déficit, c'est donner du pouvoir à la politique politicienne sur les systèmes sociaux - tout comme le déficit structurel de l'Etat, c'est donner du pouvoir aux marchés financiers sur les orientations économiques de notre pays.
Fredéric
Tout d'abord l'argumentation du manque de moyens financiers n'est pas la mienne..
S'il y a un point où je suis particulièrement d'accord, c'est le fait qu'il faut assurer l'équilibre financier de l'Etat, afin que les marchés financier n'impoisent pas l'orientation économique du pays..
Par contre, affirmer que la protection sociale puisse échapper au pouvoir régalien me semble une hérésie. Comment assurer un montant constant et prévisible des prestations, alors que l'économie est fluctuante?
Oui il est exact que depuis 2002 il ne s'est pas passé grand chose sur le plan démographique, la situation était prévisible et la crise économique n'est pas la cause la cause du déficit financier de la protection sociale en matière de vieillesse.
La faillite n'est pas que sur plan financier, elle l'est aussi sur le plan moral.
Pouvons-nous accepter encore l'argumentation du salaire différé si chère aux syndicats et partis de gauche...?
Non, nous devons avoir une nouvelle approche philosophique de la protection sociale dans son ensemble et envisager des reformes en profondeur.
Pouvons-nous accepter les retraites de misère. 709 €uros par mois de minimum viellesse pour une personne seule est-ce suffisant?
Il n'est pas faux de revendiquer que le montant des pensions soit le même pour tous, avec comme seul critère le temps de résidence sur le terrritoire français.
J'ai toujours lu que F Bayrou était réservé sur la TVA sociale, avec l'argumentation que cela toucherait en priorité les retraités, ce qui me parait absurde comme raisonnement.
Un point que je ne peux pas lire sans réagir, la taxe carbone n'a jamais eu pour vocation de lever un impôt, bien au contraire, mais d'orienter la consommation, ainsi il est envisagé que ceux qui émettent peu de CO² verraient leur pouvoir d'achat augmenter.
Cordialement
Claude
@ Claude Aubry : "Il n'est pas faux de revendiquer que le montant des pensions soit le même pour tous, avec comme seul critère le temps de résidence sur le terrritoire français."
Excusez-moi de devoir constater que ce principe du revenu uniforme a été essentiellement porté, dans le monde et dans l'Histoire, par deux camps, les communistes et les libéraux. Les uns disent "à chacun selon ses besoins" (essentiellement supposés uniformes !), les autres disent "l'Etat n'a que le devoir d'assurer la survie économique des personnes, tout le reste doit dépendre de leurs résultats personnels". Je fais ce rappel parce que cela fait ressortir la spécificité de l'approche démocrate au sens le plus large - des sociaux-démocrates à la droite gaulliste en passant par les écologistes - selon laquelle il est possible de négocier des compromis raisonnables entre réussite individuelle et solidarité. Les efforts de la personne doivent pouvoir lui bénéficier - en particulier pendant sa retraite future - ET ils doivent aussi bénéficier à ceux qui n'ont pas eu la même chance, ou fait les mêmes efforts, ou hérité des mêmes capacités…
"J'ai toujours lu que F Bayrou était réservé sur la TVA sociale, avec l'argumentation que cela toucherait en priorité les retraités, ce qui me parait absurde comme raisonnement."
Pas si absurde, mais il m'avait fallu aussi un moment pour comprendre C'est tout simplement que, si l'effet de la TVA sociale peut être approximativement neutre pour les salariés, c'est que, ce qu'ils perdent par l'inflation, ils le regagnent en salaire net (baisse des des charges salariales). Ce qui n'est pas le cas des retraités et autres pensionnés. Sauf à transférer de la *CSG* vers la TVA sociale, ce qui n'est pas prévu à ma connaissance par les avocats de la TVA sociale.