Merci aux récents commentateurs (et trices) sur ce blog ; excusez-moi si je suis un peu absent, occupé ailleurs !

Je suggère en attendant ;-) le blog du député François de Rugy, rare et riche témoignage sur la vie de parlementaire. Extraits du dernier billet :

Si les députés se faisaient encore quelque illusion sur l'importance que leur accorde le gouvernement, elles et ils sont définitivement fixés: c'est désormais l'agenda médiatique qui donne le "la" à l'organisation des débats. (…)

Lorsque je (dis) qu’il est «difficile de se représenter le prix d’une journée de grève quand on fraye quotidiennement avec les plus grandes fortunes de ce pays dont les salaires se comptent en centaines de milliers d’euros par an», le représentant du gouvernement présent répond —il arrive que, dans la fougue des débats, ce soit l'inconscient qui parle : «Monsieur Woerth n'est pas à l'Assemblée, il est à la télé!» s'exclame le ministre des relations avec le Parlement, à qui on n'en demandait pas tant.

Brusquement, les débats sont interrompus: les députés de la majorité doivent pouvoir suivre le rendez-vous ministériel avec Laurence Ferrari. Ils attendent sagement devant les écrans que le ministre— qui était devant nous il y a quelques minutes à peine!— leur indique les amendements qu'il est prêt à accepter à son texte. Peine perdue : Woerth annonce que le Président fera des annonces le lendemain... Si la pratique est une leçon d'humilité pour les parlementaires, elle en est une encore plus amère pour Woerth: réduit au rôle de petit télégraphiste présidentiel (...)

Je prends un peu de temps pour défendre un amendement demandant au gouvernement d'organiser tous les trois ans une véritable négociation avec les partenaires sociaux sur les évolutions du régime de retraite. Refus du gouvernement et de la majorité. Au-delà du clivage sur le fond, il y a donc bien un clivage sur la forme (réforme imposée ou négociée). (…)

Nous passons un temps non négligeable dans l'examen de la création d'un obscur «comité de pilotage des retraites». Véritable parodie de démocratie sociale, le nouveau comité vient se superposer aux organes existants sans véritablement répondre au besoin identifié par tous: celui d'un dialogue permanent, ponctué de rendez-vous réguliers (…)

Je note parfois quelques amusantes collusions entre la droite et certains représentants de la gauche et ceci pour des raisons diamétralement opposées ! Bayrou demande que le gouvernement remette au Parlement un rapport —et seulement un rapport— sur une évolution vers un régime de retraites par points ou par comptes notionnels (pour faire simple, examiner précisément un système de type suédois). Tout le monde sait parfaitement que plusieurs centrales syndicales françaises trouvent qu'il faut explorer cette voie. J'interviens pour rappeler cela. L'UMP s'oppose : elle refuse en fait tout débat complémentaire qui prouverait que sa solution d'aujourd'hui n'est qu'un replâtrage de circonstance, dictée par l'accentuation des déficits et par un calcul politique selon lequel, Nicolas Sarkozy redorerait ainsi son blason de « réformateur ». Sur d'autres bancs, à gauche on refuse aussi au nom de la défense de l'existant. Vraiment, plus ça avance, et plus je me dis qu'en confiant aux partenaires sociaux la responsabilité de négocier au fond, on ne pourrait pas être plus conservateurs que dans l'enceinte de l'Assemblée...

Je présente un amendement pour aligner la retraite des députés sur le droit commun et pour la transparence sur les cumuls indemnités-retraites des ministres. Woerth s'y oppose mollement... Sur les autres bancs, silence. L'UMP fait le sale boulot et vote contre. Sur les autres bancs, abstention.