François Bayrou a consacré la moitié de son livre "2012 : état d'urgence" au renouveau de la production en France — condition de tous les succès, de tous les équilibres, de tous les progrès sociaux. Depuis, ce thème s'est imposé jusque dans les conversations des Français. Mais les propositions sont rares ; dans le milieu politico-médiatique, on se limite volontiers à critiquer celui qui a mis le doigt sur un problème si difficile…
Saluons donc le courage de Patrick Artus, l'économiste bien connu de Natixis, qui consacre une interview, et… un livre, à ce problème.
Il commence par démonter les illusions du "retour au franc" et de la "TVA sociale" : dans l'un et l'autre cas, l'effet serait modéré, qu'il soit favorable ou défavorable. Il faut s'écarter de cette vue de Sirius, de ces considérations macro-économiques et fiscales, pour regarder comment fonctionne l'entreprise…
Alors, que propose Patrick Artus ? Trois choses.
- Monter en gamme, comme les Allemands. Produire le top de la qualité. C'est ce que nous savons faire dans la gastronomie, l'architecture intérieure et extérieure… Comment faire passer ce talent français — le goût, la créativité, la fierté de l'artisanat d'art — pour qu'il imprègne tous nos secteurs d'activité ? Excellent sujet. Difficile, mais excellent.
- Améliorer la "relation entre les grands groupes et leurs sous-traitants", les premiers ayant la stratégie d'affamer et asservir les seconds jusqu'à ce qu'ils en crèvent. Contrairement à l'Allemagne et autres pays à tradition coopérative. Comment obtenir cette amélioration ? "En appliquant la loi", répond Patrick Artus. Certes certes. Donc la loi existe. Quelles sont les conditions pour que quelqu'un la fasse respecter ? Excellent sujet. Difficile encore, mais excellent…
- "Il n’existe pas en France d’administration qui s’occupe spécifiquement des PME comme le Small Business Administration aux Etats-Unis." C'est bien vrai : il aurait fallu voter Bayrou en 2007. Excellent sujet. Simple, celui-ci.
Pas mal, pour un début !
PS - une petite entreprise sans but lucratif se développe bien : le nombre de visiteurs sur ce blog a augmenté de 12% par mois, en moyenne, sur les trois derniers mois. Bienvenue !
""Il n’existe pas en France d’administration qui s’occupe spécifiquement des PME comme le Small Business Administration aux Etats-Unis.""
Oui c'est vrai mais il existe quand même la CGPME, la "confédération générale des petites et moyennes entreprises" qui fonctionne pas trop mal quand même. Ce n'est pas une administration puisqu'elle est privée et indépendante mais c'est un peu comme une association reconnue d'utilité publique.
http://www.cgpme.fr/qui-sommes-nous
Un peu comme les Compagnons du Devoir et du Tour de France. D'ailleurs voilà une filière à soutenir et enrichir afin de retrouver l'excellence dans la formation et le travail bien fait. La fameuse image de marque de la France devrait bien plus passer par l'artisanat d'art !
N’ayant pas bien lu ton lien, je n’avais pas vu que Patrick Artus parlait d’OSEO...
http://www.oseo.fr/notre_mission/qu...
Justement ce jour un communiqué de presse sur une étude parue le mois dernier « Dix ans de création d’entreprises innovantes » créées entre 1998 et 2007, qui ont bénéficié de dispositifs publics.
Il y est dit que les chefs d’entreprises innovantes sont 9 fois sur 10 des hommes !
Personnellement j’avais passé le concours de l’ANVAR (maintenant OSEO) en émergence en 2002 et 2003 pour une signalétique innovante… Eh bien, je peux te dire que pour être aidée il faut une grosse équipe ou une école d’ingénieurs derrière soi. Ou peut-être ne pas être une femme ?!
http://www.oseo.fr/notre_mission/es...
@ Françoise Boulanger : tu m'inquiètes, je viens de m'associer à une demande de subvention Oseo, mais la déposante (et chef d'entreprise) est une femme
Il y a eu longtemps un ministre des PME. L'utilité du poste demeurait faible. Une vigie stratégique serait bénéfique en effet.
Frédéric, le problème était en réalité bien plus complexe que ce que je semblais faire croire.
Ce qui est le plus difficile dans la création d'une entreprise innovante c'est de recueillir la confiance des futurs investisseurs parce qu'ils ont tendance à faire crédit d'abord à des ingénieurs (donc pour toi je ne me fais pas de souci, vu ton niveau d'études !) et plutôt à des étudiants présentés par des profs. Femme ou homme, peu importe en fait, si tu remplis ces deux critères. Je n'étais visiblement pas dans le cadre...
De toute façon l'innovation fait toujours peur aux banquiers ! Lorsqu'on propose quelque chose de nouveau, forcément on ne peut pas produire une étude comparée exacte et tout ce qui est "calculé" n'est souvent qu'une estimation, qui sera assez éloignée de la réalité au moment de la concrétisation.
Il faut donc obtenir la confiance en prouvant son sérieux par d'autres moyens. Parler d'autres réalisations réussies par exemple.
Ce qui parfois même oblige à se mettre en avant malgré les critiques grotesques de personnes imbéciles qui, ne connaissent pas le contexte, se couvrent donc de ridicule.
On est dans une économie mondialisée donc soumis à la compétition des prix. Tout un chacun va essayer de faire le plus avec l'argent qu'il a, pour avoir plus il va favoriser les bas prix quitte à faire l'impasse sur un peu de qualité. Ceci est connu depuis longtemps et on attribue à J. Ruskin la formulation de ce principe. Donc ce qu'il faut faire c'est se concentrer sur des produits ou services d'une telle "qualité" ,,vue par le client, qu'il soit disposé de payer plus que pour d'autres moins cher. Le sens du mot "qualité" est générique. Il ne faut pas oublier que la "qualité" est une valeur "subjective" qui dépend du CLIENT et pas du tout du concepteur ou fabricant. En France on a fait l'erreur de baser la croissance presque uniquement sur la consommation et on a donc placé l'industrie dans une situation précaire car d'une part elle est soumise à la concurrence des pays à bas coût et d'autre part en augmentant le niveau de dépenses de l'état sans augmenter aussi les recettes non pas par des impôts mais par une plus grande production de biens et de services on a accumuler un dette qui freine le développement par le coût des intérêts et du remboursement du capital. Si l'on regarde les évolutions du PIB et de la dette on constate que le PIB augmente quasi linéairement et que la dette suit une progression géométrique! Si l'on analyse le taux de croissance du PIB avec la relation TPIB=100*(PIB(n+1)/PIB(n)-1) "n" étant une année quelconque on constate une augmentation moyenne jusqu'en 1981 avec un taux de +14.5%/an et une chute de -7.7 %/an de 1981 à 1995 après il y a un changement de pente, à nouveau positif, de +4.6% jusqu'en 2008. Est-ce uniquement une coïncidence?