Se passer du nucléaire, cela signifierait :

  • consommer 2% d'énergie en moins (le nucléaire représente un peu plus de 2% de l'énergie consommée dans le monde) ;
  • et qu'il vaille mieux consacrer cette économie d'énergie au nucléaire qu'à d'autres sources d'énergie (bois, charbon, pétrole, etc.)

Ce n'est pas un choix simple. J'ai consacré au nucléaire civil pas mal de commentaires à divers endroits depuis quelques années.

ll y a des arguments solides pour, comme : la production d'énergie sans effet de serre.

Il y a des arguments solides contre, comme : la concentration de risque en un seul point géographique.

La concentration d'un potentiel physique, chimique, radio-actif… énorme dans un lieu unique EST une source de danger et non une source de sécurité, comme le font croire certains qui laissent penser qu'en un lieu bien fermé tout serait "sous contrôle").

C'est vrai pour le nucléaire comme pour les méga-usines chimiques — Bhopal, AZF… —, les barrages géants au-dessus d'une ville, les tours de bureaux ...

C'est un coût potentiel (principalement externalisé par l'entreprise) qui n'est pas pris en compte correctement dans les calculs économiques de projets, ce qui accroît la rentabilité apparente des grands projets.

Que le lieu soit unique et fermé rend l'installation plus facile pour l'industriel : une seule commune à convaincre, moins de voisins ... Mais ça ne rend pas, en soi, l'installation moins dangereuse !

Quand des intérêts économiques énormes sont confrontés à l'éthique d'un ou deux contrôleurs, que croyez-vous qu'il arrive[1] ?


2011 : commentaire chez bix suite à la campagne de publicité Areva sur l'air de "Funkytown".

2007 : Interview d’une militante pro-nucléaire normande ; inquiétude sur la livraison annoncée d’une centrale nucléaire à la Libye (je l'ai repris le 21 février dernier) ; réflexion sur la relation entre exportation d’électricité française d’origine nucléaire, mise en place d’un régulateur européen et… hausse des prix de l’électricité sur le marché national. Soutien à l’investissement d’Areva dans l’éolien, et regret quant à son freinage par Bercy. En 2003, ce billet déplorait le retard français sur les technologies propres et appelait à éviter d’implanter des centrales nucléaires près des agglomérations.

Suite aux débats Ségolène Royal - Nicolas Sarkozy : précisions sur le % de l’énergie consommée en France, venant du nucléaire (suite à une déclaration de Ségolène Royal), ainsi que sur la numérotation « 3ème génération ». Même précision dans un « liveblogging » du débat Sarkozy-Royal, sur mon blog le 2 mai 2007. Dans ma comparaison des programmes de M. Sarkozy et Mme Royal, j'écrivais : « d'accord sur le principe de maintenir le nucléaire, mais le problème est que le nucléaire, dans la technostructure française, tend à bloquer tout le reste. »

2006 : Reprise partielle de l’interview de Bernard Laponche (ancien CEA puis Ministère de l’Environnement) dans Ecorev en octobre 2002, qui s’attaque au manque de débat (« le plan Messmer ne fut même pas discuté à l’assemblée ») et au poids des « réseaux X-Mines » sur la décision publique, en particulier lors de l’alternance de mai 1981, et encore en 1998-99.

2004, suite à l’incident nucléaire au Japon : je soulignais l’inconvénient à laisser l’exploitant maître du contrôle de son installation.


J'ai connu à titre personnel, voici de très longues années, un cadre responsable à un haut niveau de la sûreté nucléaire en France. Cette personne était apparemment très diplômée et compétente, mais elle me semblait avoir une lacune au niveau du caractère : elle me semblait incapable de dire NON, de s'opposer à une consigne venue d'en haut. Je me suis toujours demandé si c'était pour cela qu'elle avait été nommée à ce poste.

Notes

[1] Ces cinq paragraphes viennent de mon billet de 2004.