Une décision inattendue pour moi, au Conseil National d'hier, source mouvementdemocrate.fr : "François Bayrou ... entend ... proposer un projet politique "compréhensible" et répondant aux préoccupations des Français. "Un grand congrès programmatique, de projets et d'idées", sera organisé pour cela à l'automne."

Après ma série de billets sur le sujet[1], je devrais me dire comblé.

Pourtant c'est un drôle de défi. Comment un Congrès, rencontre de milliers de personnes pendant quelques heures, pourrait-il accoucher d'un "projet … compréhensible" ? Généralement ce type de rassemblement sait générer des listes de doléances, ou acclamer et valider un projet déjà établi. Il faudrait donc l'établir avant. Les outils que nous avons, et sur lesquels beaucoup travaillent (commissions, forums, etc.), sont-ils de nature à aboutir dans un délai aussi court, été compris ? Et si non, l'annonce est-elle tenable ou illusoire ?

C'est pourtant une excellente nouvelle selon moi : le Mouvement Démocrate décide d'affronter en face cette difficulté éternelle du Centre et plus précisément des démocrates : forger, avec son expérience, ses valeurs, ses propositions, ses expertises, tout ce matériau surabondant, forger avec tout cela un message simple et convaincant pour toutes les Françaises et tous les Français, du dernier étage des tours du Val d'Argent aux chemins creux de Basse-Bretagne. "Go live".


Petite réponse à intox2007, selon lequel : "il n'y avait donc plus de programme depuis 2007, depuis celui qui contenait 'travailler plus pour gagner plus' et que les cons n'ont pas lu, pensant que Bayrou était un social démocrate."

  • S'ils y ont lu cette phrase, c'est qu'ils ne l'ont effectivement pas lu[2] !
  • S'ils pensent que Bayrou est un social-démocrate, c'est qu'ils ne l'ont effectivement pas lu !

Nous laissons avec plaisir à la gauche cette idéologie archi-obsolète depuis les années 70, et à la droite ses slogans aussi creux que fallacieux ;-)

Les élections européennes ont montré que, si nous avons des tonnes de programmes, un projet très ambitieux et j'en passe, les électrices et électeurs ne les ont pas entendus. Donc, on a du boulot à faire dessus pour le rendre plus audible par l'électorat. Ça n'a rien de honteux de le reconnaître, je crois…

Ça n'a rien de nouveau non plus. Voilà plus d'un siècle qu'on dit, dans le monde politique comme dans le monde syndical, que le Centre est le "laboratoire d'idées", que "tout le monde gouverne au centre", et que dans les campagnes électorales le projet du Centre est peu entendu, et souvent ramené au portrait d'une personnalité.

La raison me semble toute simple : un projet sincère pour répondre aux défis d'un monde complexe, est forcément lui-même complexe.

 

Une citation pour garder le moral, pour se souvenir qu'accepter la complexité, c'est parfois compatible avec gagner une élection : "Les enjeux (issues) ne sont jamais simples. Je suis fier d’une chose, c’est que vous me verrez très rarement simplifier les enjeux." Obama, 2006[3].

Notes

[1] Promoteurs, électeurs : cap Régions, "Le" projet justement, il en faut un et vite !, Le projet de s'en sortir, Un projet pour le Titanic

[2] PS 23:05 : horreur, je me suis trompé, et plus que ça ! Voir mes plates excuses sur intox2007.

[3] J'ai repris déjà cette citation il y a quelques jours chez koz, en réponse à un commentaire signé xerbias, "L’adjectif « démocrate» utilisé par le Modem me paraît manquer de précision, … reste à savoir ce que la notion recouvre." Je répondais : je serais le premier à admettre que l’idéologie démocrate manque de précision ... Parce qu’accepter le flou, la complexité, la diversité, est une conséquence directe de l’idéologie démocrate (de la confiance en chaque être humain). Obama : « Je suis fier d’une chose, c’est que vous me verrez très rarement simplifier les enjeux.» C’est ce qui conduit les démocrates à ne pas avoir d’ennemis, donc à être facilement « au centre de l’échiquier politique» , donc souvent centristes, donc souvent bouffés, ce qui ajoute à l’impression que nous donnons souvent de flou ou imprécision… Comment en sortir, on verra bien. Obama (qui avait cette même réputation de centriste abstentionniste eau tiède) a échappé à ce risque de dissolution, alors pourquoi pas nous ?