36 heures après "This is it", et avec en main, de retour de Carouf, les cinq pochettes de disques réunies dans la collection à 25 euros Michael Jackson The Collection, je commence à digérer. À découvrir le disparu.

Je m'étais fait avoir par l'ombre sur l'homme, par les caméras et les projecteurs sur la star. Je l'avais préjugée à l'aune de ses millions de disques, à une aune surhumaine.

Je ne voyais pas le sens de son blanchiment insensé. Et m'étais gaussé, gêné, quand il avait reproché à Sony de mégoter sur la promo de Invincible parce qu'il était Noir.

J'étais gêné des fréquentations adolescentes et des mariages gris clairs. Je trouvais ridicules les non-conférences de presse et le play-back.

Je ne voyais pas qu'une seule chose comptait pour Michael Jackson, qu'il laissait le reste au vent et à l'ennui.


Il y a dans "This is it" un passage un peu ridicule, une enfilade de banalités écologiques. Michael Jackson parle d'une voix égale de the nature, the planet, the trees, comme s'il n'avait jamais eu la joie de courser les chevreuils ou les chamois. A l'écran, quelques images du clip écolo qui va bien. Michael Jackson regarde - on imagine qu'il vérifie et valide pour le show.

Vient le cliché du noir spatial, avec une frange claire qui est l'atmosphère, et le lever de soleil. C'est à peu près ça :

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mais imaginez moins de halo, un soleil plus dense et complètement blanc.

Et là, la voix de fausset de Michael : I love the light! The light is great!

La nature, la nature humaine, n'en avait-il tenu, retenu, que l'allumage des projecteurs, que le bouton on/off ? Pouvait-il danser, chanter, aimer en comptant jusqu'à 1 ? I love you all… God bless you et rien à ajouter, parce qu'il n'y a rien une fois traversé le cercle de lumière.

Un danseur a réussi à se transformer en masque sur un cintre. Un Noir a réussi à se transformer en stroboscope.

Comme le gourou qui "danse comme un chamane" interprété par Charlélie Couture, MJ devait se dire "Ma place n'est plus ici... un jour je devrai... disparaître".

Ce n'était pas la maladie d'une star écrasée par la gloire. C'était peut-être le choix de sa vie, se transformer de matière en lumière... à en juger par le titre et la pochette de son premier disque personnel, Off The Wall.

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