J'aime La Vie.

J'aime La Vie, malgré sa timidité sur l'argent, le sexe et la politique. Côté sexe, ils progressent, et la politique, on s'en passe très bien. Sur l'argent, aïe, oursin. La Vie a du mal à s'intéresser à l'économie normale, et elle prend parfois l'économie alternative … pour argent comptant.

Dans la crise, quand on cherche des alternatives pour l'économie normale, La Vie est dans son élément.

Je vous recommande donc "Les sept piliers de la sagesse" dans le n° du 16 octobre 2008. Ce n'est pas sur internet, qu'à cela ne tienne, voici ce qui m'a le plus parlé, frappé, dans ces sept propositions.

Alain Caillé : "Donner, recevoir, rendre. Ce triptyque était au centre … des sociétés traditionnelles. … La mondialisation néolibérale aura (rendu) les gens dépendants de l'achat marchand. … Retrouver le sens du don, de la solidarité, de la gratuité, (demande une) refondation des valeurs démocratiques."

René Passet : "Jusqu'au début des années 1980, le capitalisme avait accepté, bon gré mal gré, que les marchés soient régulés, c'est-à-dire encadrés par l'intervention de l'État. La mondialisation néolibérale, en libérant les mouvements de capitaux … avant d'avoir harmonisé l'espace économique - … l'inverse de ce qu'avaient fait les six pays fondateurs de la Communauté européenne - a … généré une économie financière … abstraite et tournant sur elle-même. … Il faut s'attaquer à la racine des problèmes : mettre en place un contrôle public sur les banques, supprimer les paradis fiscaux, surveiller les mouvements de capitaux aux frontières des zones monétaires et créer au niveau mondial un 'comité global de régulation'. … Rétablir la prééminence du politique sur la finance. Ce que nous n'aurions jamais dû abandonner."

Cécile Renouard : "La crise actuelle oblige à redécouvrir les vertus de la coordination. Dans un monde d'une complexité inouïe, nul ne peut agir seul."

Pierre Rabhi : "Les ressources de la planète sont … confisquées par les plus riches … Avoir son potager est … devenu un acte politique, de résistance, pour ne plus être dépendant des grands trusts de l'alimentation."

Étienne Perrot : "A priori, tout le monde se déclare responsable … dans le monde économique … En fait, chacun sent bien que le simple respect de codes ne suffit plus pour faire face à une réalité de plus en plus complexe. … La tradition ignacienne enseigne … qu'il faut prendre le temps de discerner avec un autre interlocuteur que soi-même, ce qui condamne l'autorégulation revendiquée par les banquiers. … Le deuxième concile de Latran, en 1130, (interdit) l'usage de l'arbalète et de la catapulte, car la puissance de ces armes ne permettait pas de contrôler leurs effets. L'Église (catholique) en a déduit une éthique des risques qui autorise seulement l'usage des instruments dont on peut mesurer les conséquences. Traduit en termes financiers, cela revient à ne risquer que la part que l'on peut perdre."

Pierre de Charentenay : "L'action des banquiers doit être encadrée par des lois élaborées par les élus du peuple. Les métiers de la finance seraient devenus trop techniques ?… Les politiques n'ont qu'à faire travailler les experts pour les aider !… Au-delà …, la société a besoin de personnes qui adoptent des comportements plus exigeants que ce qu'imposent les lois."

Bernard Lietaer : "Un crédit ou un moyen de paiement ont … besoin de confiance pour être acceptés. La monnaie et la confiance sont, en fait, exactement la même chose. … Aujourd'hui, il suffit d'une poignée de traders pour déclencher une crise. Car notre système financier et monétaire est totalement concentré. … L'instabilité … est bien moins forte quand différents types de monnaie circulent en parallèle."