Le site Débat&co, publié par l'Institut de l'Entreprise, vient de publier mon billet sur la taxe Tobin, que vous aviez eu en avant-première.

Dans un "pour ou contre", ce billet est mis en regard d'une interview de l'économiste Jean-Marc Daniel.


J'en profite pour republier ici ma réponse à GuillaumeD, qui s'interrogeait sur la destination de l'argent collecté par cette future taxe (François Bayrou propose de l'utiliser, en tout ou partie, pour financer la protection sociale).


Une recette publique devrait se justifier par elle-même — par les besoins de financement du secteur public, ET par ses effets directs sur la société (effets positifs si possible, effets indésirables aussi réduits que possible).

De même, une dépense publique devrait se justifier par elle-même : par son utilité, et par son coût aussi réduit que possible.

Donc, du point de vue du consultant en politiques (genre moi), ce qui est intéressant dans la taxe Tobin, c'est qu'elle aurait en elle-même des effets favorables sur le secteur financier : en particulier, qu'elle dissuaderait une partie de l'activité financière la plus déconnectée de l'économie.

C'était aussi en gros, le point de vue de Tobin, raison pour laquelle il s'opposait à Attac! qui mettait en avant un critère de dépense (le développement du Tiers Monde).

Mais dans le débat public, l'opinion, ça ne se passe pas comme ça. Une taxe est intrinsèquement négative ; elle se justifie par les dépenses qu'on peut faire avec. Ça s'appelle "faire contribuer tel secteur à tel bien commun". Faire contribuer les propriétaires de voiture (jeunes et riches, à une époque) à l'aide aux personnes âgées, sans voiture et déshéritées par l'inflation : c'était le principe de la vignette auto. Faire contribuer le secteur financier, réputé s'être enrichi au-delà de son apport à la société, au financement d'une protection sociale nationale ou d'une forme d'aide sociale mondiale : c'est l'argumentaire pour la taxe Tobin.

Ceci dit, les choses se décantent (article du Monde ce mardi).

Ce qu'un pays peut facilement faire seul, et ce que Nicolas Sarkozy va probablement décider[1], c'est l'opposé d'une Taxe uniforme sur les transactions financières : c'est un impôt de Bourse sur les actions et obligations. C'est-à-dire, sur les titres liés à l'économie réelle et dont on devrait encourager la détention… (par opposition aux produits structurés opaques, ou aux dérivées secondes…). Pour le coup, la seule justification, c'est l'argent qu'on en tirerait…

Notes

[1] Selon le journaliste du Monde.