Grâce au blog de Jean-Louis Bianco, j'apprends avec stupéfaction dans Mediapart que l'immunité présidentielle s'étend maintenant aux personnes et sociétés qui auraient profité de contrats illégalement passés avec l'Elysée.
Pas seulement à la personne du Président, ce qui me semble déjà très regrettable (on vient de le voir avec l'accord Ville de Paris-UMP-Jacques Chirac[1]) ; pas seulement à ses collaborateurs immédiats, ce qui me semble choquant ; pas seulement à l'ensemble des agents bénéficiant d'une délégation de signature au sein de la Présidence de la République, ce qui me semble digne d'un régime totalitaire ; mais, selon le Parquet qui classe ainsi l'affaire sans suite, au "cocontractant de la convention", bref au bénéficiaire de l'argent illégalement dépensé !
Médiapart cite un professeur de droit, Didier Rebut, qui s'interroge : "Jusqu'où le président irradie-t-il ? Jusqu'à son gouvernement sous prétexte que c'est l'Elysée qui prend les décisions ? Quelles sont les nouvelles limites de l'irresponsabilité?"
Yann Wehrling, comme en réponse, constate que la décision du parquet permet à tout collaborateur ou contractant de l'Élysée "de ne respecter strictement aucune loi nationale ni aucune directive européenne."
C'est pourtant bien simple : passé les bornes, y a plus de limites à l'irresponsabilité.
Comme le dit parfaitement, Séverine Tessier (Anticor) également citée par Médiapart, c'est "la démonstration par l'absurde que nous vivons dans une République irresponsable, contrairement au slogan du Président".
Notes
[1] Voir aussi l'avis d'Eva Joly, celui de La Règle Courbe (avec mon commentaire sur un sujet voisin)
Je constate que nous arrivons à peu près à la même conclusion à partir de deux faits différents. Celui que tu cites a moins fait "la une", alors je n'en ai pas encore entendu, ni lu, de contestation de la part de l'Élysée ou de l'UMP.
Le mien est cité dans mon article, c'est ici:
http://guillaumed.hautetfort.com/ar...
après les affaires d'État sous chape, les écoutes illégales... cet épisode supplémentaire souligne les risques que l'équipe en place font courir à nos institutions mêmes.
En regardant les dérives tout aussi outrancières qui ont lieu de l'autre coté des Alpes, je ne peux m'empêcher de penser au "divorce à l'italienne" entre un dirigeant et ses administrés...
Mais si le constat est largement partagé à en juger par les sondages, a-t-on pour autant un chemin en vue pour une sortie de crise? Sans aller jusqu'à prôner l'union nationale, je déplore que le débat public détenu par les acteurs du microcosme politique reflète bien mal les enjeux et préoccupations des français : c'est dès aujourd'hui que nous aurions besoin de voir concrètement des preuves du courage politique tant revendiqué par les responsables des appareils, pas en reportant les questions sur les conditions nécessaires à la préservation de notre société aux prochaines joutes électorales...