Il lui a fallu le temps, à l'Europe institutionnelle, mais elle a fini par comprendre la situation :

1) La Grèce ne pourra jamais rembourser ce qu'elle a emprunté (et beaucoup d'autres pays non plus, mais il s'agit demain de la Grèce) ;

2) Il reste un choix : QUI doit payer ?

  • option a : les banques et autres investisseurs qui ont prêté cet argent à un État évidemment insolvable ;
  • option b : les citoyens européens, à travers leurs États ou à travers la Banque centrale.

Depuis le début de cette crise, les décideurs européens ont choisi l'option b. La Grèce remboursait ses créanciers avec de l'argent que nous "lui prêtions", c'est-à-dire, que nous leur donnions (puisque nous ne le reverrons jamais).

J'espère que ça va changer, et que le contribuable européen cessera d'offrir aux banques et investisseurs leur beurre et l'argent de leur beurre.

Il y a un conflit ridicule sur les mots : le gouvernement allemand dit qu'il faut obliger les banques à tirer un trait sur leurs milliards ; le gouvernement français dit qu'il faut le leur proposer amicalement (des fois qu'elles en auraient envie !).

En pratique, ça doit se passer comme pour n'importe quelle faillite : les banques constituent un tour de table (le Club de Londres), négocient entre elles et avec le gouvernement concerné, pour se mettre d'accord sur le pourcentage auquel elles renonceront. Ce devrait être 60% dans le cas de la Grèce.

C'est pas gai, on va à ce genre de boulot comme un lundi, mais voir les faits permet d'avancer.

La situation actuelle a deux conséquences :

3) Tout le monde se rendra compte qu'un État peut faire faillite (si jamais il y avait quelques "alter" qui en doutaient encore) ;

4) L'État grec va voir ses ressources se tarir brusquement et ne pourra plus régler ses dépenses (aux montants actuels)

Et cela, dans chaque option. Que ce soit les banques qui payent, ou les contribuables, de toute façon ils n'accepteront de payer que pour le passé, pas de continuer à payer les dépenses grecques à la place des contribuables grecs.

Ça serait bien que nos gouvernants ouvrent les yeux sur l'état de leurs fringues.