GuillaumeD publie sur Générations engagées une riche réflexion sur les citoyens et la politique…

L'expression "offre politique" me met mal à l'aise... (…) Il me faut pourtant reconnaître que cette offre existe, et donc que "la demande" politique existe. Or, les citoyens ne sont véritablement citoyens que s'ils agissent dans la société (…)

(…) Dans la société de consommation, (…) la liberté de choisir la plus importante est celle de l'instant (…) Le consommateur qui se redécouvre momentanément citoyen n'a plus de recul et (…) vote pour "le moins mauvais". (…) Lui-même s'est placé dans cette situation du « moins mauvais ».

Or le citoyen pourrait chercher plutôt à être le meilleur possible. Que s'est-il passé? Pourquoi est-ce devenu si difficile de prendre cette décision? Cette décision de faire son bonheur en tant qu'Homme complet. (…)

Citoyen, quelle est ta demande? (…)

En voulant rassembler plus qu'une majorité mathématique, en voulant rassembler une vraie majorité consensuelle, on est amené à « construire des ponts plutôt que des murs ». L'entreprise collective visant la réalisation du pont nécessite beaucoup d'énergie et notoirement plus de temps que le projet de construire un mur. Comment concilier cela avec la temporalité des élections? (…)

Actuellement, ces paradoxes ne sont gérables au sein d'un parti qu'avec un pouvoir fort. (…)

Il faut donc avoir un chef persuadé du sens de l'intérêt général et qui sait communiquer sa foi à ses "troupes". Mais il faut que ce chef soit d'abord crédible sur presque tous les plans (idées politiques, stature, capacité à rassembler, "passer à travers l'écran pour rejoindre le téléspectateur" -c'est mon père qui m'a dit ça-, etc.)

On en demande trop au chef politique et pas assez au citoyen. C'est pour cela qu'il faut créer des ponts: pour que les citoyens mesurent leurs responsabilités dans la création d'un espace de vivre-ensemble. Ils en demanderont alors moins au chef (…).

Ça me rappelle ce que disait Jean-Marie Domenach sur le combat d'Esprit et autres groupes militants démocrates dans les années 50-60 : "La classe ouvrière, on a voulu lui apporter la liberté, elle a acheté des voitures" (c'est de mémoire) — Domenach était motard.

C'est vrai que le "consumérisme" ou "clientélisme" en politique - où l'un se comporte en obiigé, l'autre en zappeur, l'un en blasé et l'autre en casseur... - désole un militant démocrate.

On pourrait se réfugier dans la parlote entre soi et l'incantation, c'est commode (sur les blogs ou en éternelles réunions), s'en prendre en paroles aux tyrans et autres chefs indignes, pour mieux se comporter le reste du temps en parfait consommateur du système.

On peut aussi construire une alternative politique et la proposer le jour des élections, faire campagne et tout et tout, et se prendre la gamelle que se prend habituellement (et depuis des siècles) chaque militant ou intellectuel qui tente de "faire" de la politique. Et rentrer chez soi le lundi en consommateur du système.

Si parler ne sert à rien, et qu'aller aux élections ne sert à rien, qu'est-ce qui reste ? comment peut-on encore éviter la faillite financière, le crash écologique et la fracture sociale ? comment peut-on réussir ce qu'on entreprend pour la collectivité ?

Voilà mes questions du jour ;-) mais je sais qu'il y a des réponses, en regardant Christophe Grébert ou Antoine Vielliard, ou encore Nicolas Voisin et owni. Il y a des portes qui peuvent s'ouvrir, et peut-être que la seule solution pour les trouver est de pousser sur toutes, d'essayer toutes nos clés.