Jean Peyrelevade fait dans Le Monde de ce soir une démonstration de sa causticité... rigoureusement anti-électoraliste. Et sur le fond, je suis à peu près d'accord sur toutes ces propositions, ayant eu le plaisir d'en discuter sur son blog au fur et à mesure qu'il les évoquait.
Le titre de cette tribune semble destiné à mettre en rage la gauche - "Imposer le capital, une idée simpliste" - et l'auteur ironise sec :
Le capital présente un double avantage : il est à la fois impopulaire et anonyme. (…) Personne ne s'élèvera pour le défendre (…) Taxons plus lourdement les revenus du capital et la France sera sauvée.
Mais c'est pour mieux pulvériser l'obsession de la droite pour une baisse d'impôts. Jean Peyrelevade propose de les augmenter. Et plus, il dit quels revenus seraient frappés :
revenus fonciers et immobiliers, dividendes et intérêts perçus (… Sur ces revenus, le taux actuel estimé de) 17 % de prélèvement, est-ce trop bas ? Certainement. Faut-il augmenter ce taux ? Sans aucun doute.
Il estime l'augmentation à environ … +75%, eh oui, pour aligner leur taxation sur celle moyenne des revenus du travail (30%).
Et remarque incidemment, puisque la taxation correspond largement à d'anciennes cotisations sociales rebaptisées :
(ne devrait-on pas ouvrir en contrepartie un droit spécifique à prestations sociales aux bénéficiaires de ces revenus ?).
Seulement, aussi juste et cohérent que soit un tel changement, il ne fournirait que le cinquième de l'argent nécessaire pour arrêter (sans l'inverser) la course à la faillite. Le cinquième, c'est mon estimation rapide [1]. Jean Peyrelevade conclut simplement :
le redressement du pays demandera un effort d'une tout autre ampleur.
Pas sûr que ce genre de tribune nous qualifie au grand championnat du populisme démagogique. Mais… et si la politique avait justement pour objet le redressement du pays ?
"Ne devrait-on pas ouvrir en contrepartie un droit specifique à prestations sociales aux bénéficiaires de ces revenus"
Ravi de savoir que le MoDem se rallierait (en partie) aux positions de CAP21 en matière de protection sociale, en effet le pacte social de CAP21 prévoit en matière de prestations sociales que tout le monde ait doit aux mêmes prestations independamment de la qualité de travailleurs.
De plus nous sommes partisans que les revenus du capital participent à la protection sociale .
Par contre je n'ai encore rien vu sur l'unification des differents régimes et sur la gestion de la sécurité sociale par l'Etat
Bonsoir, " je n'ai encore rien vu sur l'unification des differents régimes et sur la gestion de la sécurité sociale par l'Etat"
Parlez-vous de cet article de Jean Peyrelevade ? (dont j'ignore les liens actuels éventuels avec le MoDem) Son article porte sur d'autres sujets, la protection sociale est évoquée seulement dans la parenthèse.
Ou des positions du MoDem en général ? Comme d'habitude il n'y a pas de ligne officielle à ma connaissance sur le sujet - chacun peut penser et proposer ce qu'il veut - ceci dit ce sont des thèmes anciens et répétés de François Bayrou. On pourrait nuancer concernant l'unification des régimes ; certaines fonctions sont spécifiques à certains régimes / certaines professions. Mais la direction générale est bien celle-là, me semble-t-il. (commentaire édité à 21:51).
Bonsoir
Je prend acte que chaque membre du MoDem peut proposer publiquement ce qu'il veut...
En ce qui concerne l'unification et la gestion par l'Etat de la sécurité sociale, ceci figure dans le pacte social de CAP21 au deuxième chapitre. Celui-ci est publié entr'autre sur le blog CAP21 Bourgogne.
"chaque membre du MoDem peut proposer publiquement ce qu'il veut..."
eh oui, ça se passe comme ça chez nous et même, chaque élu MoDem à chaque Assemblée de la République peut voter pour ou contre ce qu'il veut, et est plus précisément invité à le faire selon sa conscience...
J'ignore si nous sommes le seul parti à procéder ainsi, mais je n'adhérerais pas à un parti qui procède différemment.
La seule limite posée par les statuts - et que j'approuve entièrement - est qu'on ne peut apporter de soutien public, dans une élection, à un candidat concurrent de celui que le Mouvement aurait investi (si on est en désaccord - ce qui m'est arrivé ! - il suffit de n'exprimer cette opinion qu'en privé). Cela me semble tout à fait cohérent avec le rôle d'un parti défini par la Constitution.