Un journaliste poète et fantasque, un Parisien de Blois, un républicain démocrate, un homme à facettes et à éclats, un ami qui nous voulait du bien nous a quittés cette semaine. Au public il reste quelques livres neufs ou d'occasion, aux bayrouistes quelques dizaines de beaux textes, aux amoureux de l'essentiel un blog qui y allait en maraudant.

Avec autodérision, il y avait mis comme portrait une photo prise chope à la main et regard flou : elle se retrouve en grand dans sa nécro du Monde.

Ni photographe ni poète, je me replierai, pour évoquer sa mémoire, sur les mots, écrits comme pour lui, de Jobim/Moustaki.

Au soleil de juin, sur qui tombe le déluge ? Ami Jacques, adieu.

Un pas, une pierre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c'est un peu solitaire
C'est un éclat de verre, c'est la vie, le soleil
C'est la mort, le sommeil, c'est un piège entrouvert

Un arbre millénaire, un noeud dans le bois
C'est un chien qui aboie, c'est un oiseau dans l'air
C'est un tronc qui pourrit, c'est la neige qui fond
Le mystère profond, la promesse de vie

C'est le souffle du vent au sommet des collines
C'est une vieille ruine, le vide, le néant
C'est la pie qui jacasse, c'est l'averse qui verse
Des torrents d'allégresse, ce sont les eaux de Mars

(…)

Une pierre, un bâton, c'est Joseph et c'est Jacques
Un serpent qui attaque, une entaille au talon
Un pas, une pierre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c'est un peu solitaire

C'est l'hiver qui s'efface, la fin d'une saison
C'est la neige qui fond, ce sont les eaux de Mars
La promesse de vie, le mystère profond
Ce sont les eaux de Mars dans ton cœoeur tout au fond