Je suis passé 1000 fois, ou bien plus, par la rue Antonin-Georges Belin, depuis que je suis Argenteuillais, depuis le jour de mes 30 ans.

À Argenteuil, plein de rues qui ont des noms agréables, des noms de fleurs ou d'oiseaux, j'habitais rue des Courlis.

Plein de rues ont des noms merveilleux dont on se demande d'où ils viennent, rue de Morifosse où j'habite, rue de Vobsenterre ou rue de Malcouture à côté, d'anciens chemins de vigne. Beaucoup de ces noms remontent au Moyen-Âge.

Plein de rues ont des noms de personnes qui parlent de nous : si vous arrivez par le train, vous êtes boulevard Karl Marx - Karl Marx y a vécu, chez sa fille Jenny. Si vous arrivez de Paris par le pont d'Argenteuil, reconstruit je crois en 1969, vous alunissez sur une artère stalinienne dédiée à notre député mort sous les balles de l'occupant allemand - Gabriel Péri.

L'ancienne grande rue, avant Gabriel Péri, c'était Antonin-Georges Belin. On en prend un petit morceau après être passé devant l'Hôtel de Ville - avant d'arriver à "Leclerc", ex-"Lénine", ou au boulevard de Verdun. J'y suis passé 1000 fois sans savoir qui était Antonin-Georges Belin.

C'était la grande rue depuis longtemps - elle s'appelait rue de Pontoise. Argenteuil était le point de passage, d'abord un bac, puis un pont, de Paris vers Pontoise. Elle a été rebaptisée il y a un peu moins de 90 ans.

À Verdun et dans les tranchées, rappelait ce matin Jean-Jacques Bourdin sur RMC, 250000 personnes sont disparues. Pas seulement mortes - disparues. La municipalité d'Argenteuil a voulu donner à sa rue principale le nom de l'un de ces Argenteuillais dont rien ne restait. Elle a tiré au sort l'un de leurs noms : Antonin-Georges Belin.

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