Avec le nouveau gouvernement, voilà François Fillon renforcé : quelques personnalités qui ne tenaient leur légitimité que du Président disparaissent (Bernard Kouchner, Hervé Morin, Rama Yade…). Parmi les entrants et promus, Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet et Michel Mercier me semblent bien plus proches de la tonalité sérieuse et "réformiste"[1] de François Fillon, que du chaos illusioniste du Président.

Voilà donc un gouvernement sérieux, compétent, décidé à tirer la France du gouffre financier, de l'impasse d'un développement non-durable, de la fragmentation sociale et communautariste, et bien sûr, du chômage de masse.

Nul doute qu'ils vont s'y mettre très rapidement.

Ils laisseront tout de même passer l'automne : on vient de réformer les retraites, il faut laisser l'opinion respirer. Et les ministres mutés ont besoin de quelques semaines pour prendre en main leurs équipes et leurs dossiers.

Ils devront aussi faire la pause à partir de la rentrée de janvier : on sera en campagne pour les cantonales de mars. Toute initiative un peu importante ferait prendre un risque malencontreux.

L'année de campagne présidentielle ne permet jamais de réforme substantielle : par définition, elles sont proposées, mais laissées au choix de l'électorat.

D'ailleurs, cette campagne présidentielle est immédiatement suivie des législatives. Le Président sortant est un candidat probable, et a des chances d'être réélu. Les députés en poste, et qui veulent être réinvestis, feront bloc derrière sa candidature ; à la première ombre de désaccord entre Matignon et l'Élysée, ils prouveront leur fidélité en snobant publiquement Matignon.

Monsieur le Premier Ministre, il n'est pas trop tard. L'équipe de choc que vous avez obtenue a une fenêtre de tir pour sauver la France : entre le 26 et le 30 décembre. Saisissez-là !

Notes

[1] Selon ses propres termes récents.