Orateur passionné et écrivain prolifique, François Bayrou me semble pourtant meilleur encore dans le tac au tac, confronté à des questions abruptes - exemptes des contorsions qui font la vanité du journalisme parisien. (Comme je l'écrivais à une autre époque).
Le voilà justement confronté à un journal lyonnais, qui évoquait "un soupçon de financement occulte de la campagne présidentielle de François Bayrou en 2007, dont Michel Mercier était le mandataire financier", à l'occasion de la concession d'une ligne de tramway rhôdanien à Vinci[1]. François Bayrou les appelle, et Lyon Capitale a sans doute enregistré l'appel, car ce qui suit est "du Bayrou dans le texte" :
"Je ne sais pas quelle sorte de gens vous fréquentez habituellement, mais il y a au moins un homme politique en France qui n'a jamais eu aucune sorte de financement occulte, c'est moi. Et Michel Mercier, c'est une des raisons pour lesquelles je suis ami avec lui, c'est quelqu'un qui de ce point de vue là a toujours été intraitable. Voilà. Alors peut-être vous vivez dans un monde où il y en a. Dans une ville où il y en a. Mais moi je n'en fais pas. Alors donc vous allez, de ce point de vue là, aller devant les tribunaux, pour que les choses soient claires".
(…) "Il faut que ce genre de mœurs disparaisse."
Eh ben voilà… ça fait du bien de temps en temps que ce genre de choses soient dites.
Notes
[1] Le plus rigolo : Vinci est sans doute en France l'entreprise qui peut le plus en vouloir à François Bayrou, et à son offensive de 2005 contre la privatisation des autoroutes. Vinci a certes emporté le morceau (les ASF), en étant le seul candidat et à très bon prix, mais les autoroutes ont tout de même été vendues un ou deux milliards plus cher que le gouvernement ne l'avait laissé entendre auparavant. Par ailleurs, selon la réponse du Conseil Général du Rhône, Vinci n'est qu'actionnaire minoritaire dans l'affaire.
Je ne doute pas que tu aies lu l'article en question jusqu'à la fin. Mais permets-moi de t'en rappeler la fin : le journal annonce implicitement qu'il fera en sorte de trouver et publier la vérité sur cette histoire. Je te propose donc d'être vigilant et de vérifier qu'ils tiendront parole. Je pense en effet que Bayrou est innocent. Mais qui en a quelque chose à faire qu'un politicien soit innocent? Et spécialement Bayrou en ce moment?
A la place d'un politicien attaqué injustement, je n'aurais qu'une seule réponse aux médias: Serez-vous là quand le jugement définitif aura été rendu? Le publierez-vous?
Enfin, tu dis vrai, Bayrou est meilleur du tac au tac. Sinon, il a tendance à s'écouter un peu parler... (comme trop de profs
@ GuillaumeD : certes ! "je n'aurais qu'une seule réponse aux médias: Serez-vous là quand le jugement définitif aura été rendu" -> mais comme tu as lu aussi l'article, tu notes que l'affaire a été classée sans suite, il n'y aura donc pas de jugement.
Et c'est bien de la part du journal de chercher "la vérité sur cette histoire", à ceci près que concernant François Bayrou, y t-il une histoire ? Je ne vois dans leurs différents articles sur le sujet aucun élément reliant l'affaire Rhônexpress au financement de la campagne 2007.
Plus précisément, je trouve les lignes suivantes dans leur numéro papier de septembre, article mis en ligne le 6 octobre : http://www.lyoncapitale.fr/mobile/j...
"L'une des accusations consistait à affirmer que Vinci aurait participé au financement occulte de la campagne présidentielle de François Bayrou, dont Michel Mercier, le président du Conseil général, était le mandataire financier. Même si elle n'est toujours pas refermée, les enquêteurs n'ont pas trouvé d'éléments corroborant ces accusations"
Or l'article ne dit nullement qui énonce des "accusations", où et quand ! S'il n'a aucune source "d'accusations", pourquoi les publie-t-il alors même que "les enquêteurs n'ont pas trouvé d'éléments corroborant ces accusations" ?
Le journalisme commencerait si Lyon Capitale publiait des éléments de fait sur la nature de ces "accusations". Sinon, c'est faire de son journal le porte parole d'un ragot, non ?
Effectivement. Rien à redire.
J'ajoute que je savais que j'étais fatigué ces derniers temps, mais au point de ne pas avoir fait le lien entre le classement de cette affaire et l'absence de jugement... bahh... ouh la la, je vais me coucher!