Deux désaccords et un point d'accord avec la tribune de Francis Kramarz dans lesechos.fr, "Réforme de la formation professionnelle : un coup pour rien".

Faut-il réduire le nombre d’organismes de formation ? Que signifie "une offre trop éclatée" ? Au contraire, si on voulait une formation étroitement insérée dans l’exercice professionnel, il faudrait que chaque entreprise se fasse formatrice (y compris pour les salariés des autres). D’ailleurs, qu’est-ce qu’un "gros" organisme de formation ? C’est souvent un catalogue, un service comptable, voire des salles, et s’il y a des stagiaires qui s’inscrivent, l’OF fait appel à des free-lances comme formateurs[1]. Ce sont eux, les formateurs (des personnes physiques), qui font la qualité. Et pourtant, dans ce système de gros OF, eux restent tout à fait "éclatés" ! Les certifications qualité pour les OF ne portent pas, à ma connaissance, sur le talent pédagogique de leurs free-lance. Ou dit autrement : il n’existe, à ma connaissance, aucun certificat de qualification professionnelle pour les formateurs.

Faut-il supprimer "l’obligation de payer", le "1%" ? D’autres recherches montrent, sauf erreur de ma part, que les employeurs (du privé) ont peu d’intérêt économique à former des salariés mobiles, surtout les PME et surtout concernant les formations longues (que cette tribune recommande) : ces formations permettent au salarié de trouver une promotion ... en changeant d’employeur. Ce qui peut être excellent pour le pays, mais n’incitera pas l’entreprise à payer. Pas sûr donc, que supprimer ce niveau plancher de financement, règle les problèmes.

Il y a un scandale évident, mentionné par l’article dans sa conclusion :

Syndicats de salariés et d’employeurs ne scieront pas la branche sur laquelle ils sont assis avant que l’on ait fourni un matelas pour amortir leur chute : la réforme du financement syndical est le préalable à toute réforme ambitieuse du marché du travail.

En effet, "participer à la gestion du système" permet légalement aux syndicats de salariés ... et d’employeurs de capter d'importants fonds (et des personnels) de la formation professionnelle.

Il suffirait d’interdire ces financements syndicaux. Par exemple en passant de ce système d'organismes paritaires, à un système où les entreprises sont libres de l'utilisation de leurs financements, et peuvent si elles le veulent faire appel à des organismes de gestion, qu'elles mettront en concurrence.

Et si les pouvoirs publics ne colmatent pas cette fuite des financements, quelle réforme de la formation professionnelle pourra changer la situation ? On ne peut pas demander aux partenaires sociaux de se trancher un bras !

C'est donc au Parlement de réformer le système.

Notes

[1] Déclameur : depuis la rédaction de ce commentaire, moi qui était déjà formateur indépendant (et très occasionnel), je suis devenu également prestataire "free-lance" pour un OF important.