Suite de notre interview, avec Didier Kuhn, sur RGB 99.2. Moi qui essayais de faire tenir les propositions thématiques de François Bayrou dans une seule minute, je me rends compte de la difficulté quand je me passe mes propres réponses à la retailleuse !
Je prends ici les collèges comme exemple d'une nouvelle politique départementale : cesser de se faire plaisir avec des inaugurations, concentrer les moyens sur la réussite des élèves. Car c'est là que sont nos problèmes !
Retranscription partielle :
José Guérin - RGB : Tout à l’heure je parlais d’1,2 milliards de budget pour le Val d’Oise… Comment garantir davantage de services de proximité, sans pour autant augmenter la fiscalité ? Et sans augmenter le recours aux emprunts, la dette ? Tout candidat doit se poser la question… Quelle est la réflexion du MoDem sur ces sujets : moins de services, ou plus de services car il y a des besoins croissants ?
Frédéric Lefebvre-Naré : Effectivement, les Valdoisiens n’en sont pas tous conscients, le Val d’Oise est un département très gravement endetté, l’un des plus endettés. C’était déjà grave sous la majorité précédente, ça s’est beaucoup aggravé depuis.
Ceci dit, on ne peut pas jeter vraiment la pierre… D’où ça vient, cet endettement ? Principalement du fait que le Val d’Oise est un département jeune. Donc il y a des besoins, de collèges en particulier. Et du fait que les dotations de l’État s’effondrent. Pour ce qui est de la prestation « dépendance », « autonomie », l’État s’était engagé à rembourser 50% des dépenses des départements, et il en rembourse seulement 20-25% ! Donc ça fait des charges très importantes, qui se traduisent en impôts et en endettement, et… le premier pas vers la sortie, c’est de reconnaître que la situation est vraiment difficile !
Une des façons de s’en sortir, ça va être d’essayer de lier l’investissement et le fonctionnement.
Concrètement : ce qu’on appelle investissement, c’est du béton : construire des collèges, faire des routes, etc.
Dans le cas des collèges, le problème qu’on a, ce n’est pas un problème de manque de béton ! On a construit un 9ème collège à Argenteuil : c’est très bien, mais honnêtement, on ne manquait pas gravement de place dans les collèges ! C’était pas ça, le problème !
Le problème des collèges, c’est l’échec scolaire, c’est le fait que les bons élèves fuient et que le niveau baisse, c’est le fait qu’il n’y a plus de surveillants, c’est le fait qu’on n’ose (pas) porter plainte, qu’on n’ose plus signaler les incidents, à cause des statistiques, etc. !
Et si on parle de ça dans le débat cantonal, (des) gens nous répondent « ah mais ça, Monsieur, ce n’est pas le Département, c’est l’État, c’est le Rectorat, c’est le Ministère de l’Éducation Nationale… » (qui affecte et paie les enseignants). Mais pas du tout !
Quand le Département met de l’argent dans les collèges, et il en met pas mal - pour le béton, les ordinateurs, etc. – il doit pouvoir poser des conditions ! Il doit pouvoir dire : c’est le même collège dans lequel moi, Département, je met de l’argent, et dans lequel vous, État, vous mettez de l’argent… et ce collège, je veux qu’il marche ! Je veux que les élèves travaillent ! Je veux qu’il y ait des surveillants !
Et je suis prêt à aider dans ce cadre-là, dans le cadre d’un projet commun.
Le chemin d’une meilleure gestion, des économies, c’est de lier étroitement investissement et fonctionnement, c’est-à-dire de ne pas se faire plaisir avec des belles coques en béton dont on dit « regardez comme c’est beau ! » le jour de l’inauguration. C’est de faire des institutions (sociales, éducatives, de santé), qui marchent, qui réussissent. Que ce soit l’hôpital d’Argenteuil, que ce soient les collèges, que ce soit le logement social, etc.
Pour prolonger le débat au-delà de 57 secondes, quelques billets de ce blog sur l'état de l'école à Argenteuil, dans le Val d'Oise et en France :
- "Par défaut, certains qui voulaient faire plombier se retrouvent en électricité" (13 février 2011)
- Les Français très contents de l'école (27 janvier 2011)
- "En fonctionnaire de l'État et de façon éthique et responsable" (26 juin 2010)
- Dans mon collège, on était 38-39 par classe (24 juin 2010)
- Recrutement des grandes écoles : pour l'équité réelle (10 janvier 2010)
- École alsacienne à Argenteuil : un projet prometteur mais flou (29 décembre 2009)
- Ce n'est pas en ZEP, et tout le monde va bien (6 mars 2009)
- L'école et la carte scolaire : où est la question ? (5 juin 2007)
- Carte scolaire (ou libre choix de l'établissement) : la mauvaise réponse à une demande légitime ? (13 septembre 2006)
- Temps de travail des enseignants (10 octobre 2003)
- et quelques commentaires sur un billet d'Alain Lefebvre[1] "Enseignement scolaire : les enseignements du modèle nordique", du 15 septembre 2006.
Notes
[1] Avec lequel je n'ai pas plus de lien de parenté qu'avec Frédéric Lefebvre
Mon HUMBLE avis, en tant qu'ancienne enseignante et directrice d'écoles élémentaires (10 ans à SARCELLES, zone "zep" et 8 ans à ARNOUVILLE, zone "dite" normale), retraitée depuis 2001, mais ayant assuré des cours de "soutien lecture" dans certaines écoles élémentaires et maternelles de ma commune, toutes les années suivantes:
1° Cesser de baisser le nombre de créations de postes d'enseignants,
2° Revoir la répartition de ces postes,
3° Augmenter le nombre de médecins et de psychologues scolaires,
4° Redéfinir ce que sont les "fondamentaux" à l'école élémentaire,
5° Faire des classes de niveaux, à TRES faible effectif pour les élèves en difficultés, (pour MOI ce n'est pas "une ségrégation", mais du bon sens...).
Les enseignants sont alors à même d'apporter du soutien aux enfants, sans surcharger les emplois du temps de ces derniers par des heures de remise à niveau prises sur des périodes qui doivent être de détente.
6° Permettre le redoublement d'un enfant au CP, s'il n'a pas acquis un niveau suffisant en lecture, car cela le gène terriblement pour assimiler TOUT le lourd programme du CE1 (mon expérience de + de 15 ans de cette classe).
Un exemple tout simple : comment voulez-vous qu'un élève puisse faire un problème, s'il n'arrive pas à déchiffrer le texte, même si vous avez LU et EXPLIQUER l'énoncé à toute la classe : il arrive un moment où il se retrouve SEUL devant son cahier...pour essayer d'écrire une solution!
7° Développer la prise en charge dans les CMP, ou CMPP, dès la maternelle.
8° Un enfant en difficulté ne doit pas avoir "sur le dos" trop de personnes : son instituteur (heures classiques)+ (heures de rattrapage)+ intervenant poste "E" ou "G", + cours personnels "offerts" par les parents parfois...+...
Quand a-t-il le temps de s'amuser, de se consacrer ...à faire ce que bon lui semble ?
Voici quelques points qui me tiennent à coeur, même si je parais rétrograde aux yeux de certains...
Ce texte n'engage que MOI!
@ VIDAL : Merci… je suis entièrement d'accord sur 8 de vos 8 points ! Ce texte nous engage donc tous les deux ! au moins !