Alors que nos suffrages filaient, s'éteignait, loin de l'Océan et de la forêt, le président El Hadj Omar Bongo Ondimba. "La mort éteint toute querelle" - ça doit être un dicton burkinabè - qu'Allah compte ses bienfaits. "Herr, unser Herrscher, wie herrlich ist dein Nam' in allen Landen" - merci au Gabon pour son compositeur Pierre Akendengué, et pour son orchestration de la Passion selon Saint-Jean de J.-S. Bach.
La mode revient soudainement, prix de l'essence aidant, à préparer l'après-pétrole. C'était un "leitmotiv" de feu le président Bongo, depuis quelques décennies - la journaliste de La Libre y voyait le thème central de sa dernière présidentielle. Tout en citant une voix dissonante, et pourtant bien placée :
- "«On nous annonçait la fin du pétrole pour 2000-2002 et nous sommes toujours là», ironise Eric Chesnel, conseiller franco-gabonais du président Bongo."
Je me méfie de celles et ceux qui sautent comme des cabris[1] en criant "écologie", "Grenelle" et "énergies nouvelles". Ce n'est parfois qu'un très mince vernis sur les vieux lobbies, et juste derrière eux les baronnies, duchés, empires de l'atome, du bois ou du pétrole. Leur greenwashing tient le temps d'une coloration verte de soirée festive électorale. Leurs publicités pastel et leurs prêches durabilistes sont les deux oboles qu'ils sont prêts à céder à l'intérêt général - le reste de leur activité relève de l'intérêt tout court - et c'est normal, c'est le capitalisme, le dirigeant n'est responsable que devant la loi et devant ses actionnaires. Pour les générations futures, revenez demain.
Une version amusante du greenwashing, c'est la langue de bambou. "EcoXXX, s'engager aujourd'hui pour demain !" est un joli logo à sous-titre, présenté ainsi par la chaîne de restaurants TTTXXX :
- "EcoXXX symbolise l'engagement environnemental de TTTXXX. Des solutions écologiques et économiques sont mises en place progressivement sur l'ensemble de nos restaurants. Par exemple, nous agissons sur la valorisation des déchets et la sobriété dans l'utilisation de l'énergie et de l'eau".
Si si Mesdames, "nous agissons sur la sobriété dans l'utilisation". Ben on n'est pas rendus - comme aurait dit feu ma grand'mère, Dieu ait son âme.
Notes
[1] qu'on aurait réveillé d'un long sommeil sur le sujet...
... feu Omar Bongo... le vieux lion est mort ..
Voilà, Frédéric, ce qu'en écrit Marwane Ben Yahmed dans Jeune Afrique :
- "Le cancer intestinal qui rongeait l’ancien commis des postes devenu doyen des chefs d’État africains l’a emporté, donc, ce 8 juin à 14 h 30. La dernière rumeur, celle qui annonçait sa mort partout dans la soirée du 7 juin, aura presque été la bonne… Albert-Bernard, Omar, le « patron », le « boss », le « Vieux » s’en est allé. Il laisse un pays orphelin, inquiet pour son avenir. Quoique l’on puisse penser de son bilan, du niveau indécent de (sous-)développement d’un pays tant gâté par la nature, des excès de l’homme et de son système de gouvernance, et si l’envie de changement éprouvée par les Gabonais est une évidence, on n’efface pas ainsi quarante et un ans d’un règne sans partage et sans équivalent. Bongo était l’État, la banque, le père, l’ami, l’ennemi. Bongo, c’était le Gabon, mais aussi une certaine Afrique. Après lui, c’est une autre histoire qui commence"
Maintenant, Frédéric, ... le pétrole ! François Fillon n'est pas allé faire un petit tour au Cameroun et au Nigéria pour une simple balade !
Voilà quelques articles que j'ai posté sur Fanal:
http://fanal-safran.over-blog.com/a...
http://fanal-safran.over-blog.com/a...
http://fanal-safran.over-blog.com/a...
La France a toujours fait en sorte que les dirigeants des pays africains soient choisis par elle.
L'après Bongo, il y a longtemps qu'ils y pensent.
Seulement pour l'Afrique c'est autre chose. Que va-t-il sortir de leurs pensées ?
Et les Africains... est-ce positif piour eux ?
Merci pour ce commentaire. Je nuancerais toutefois "La France a toujours fait en sorte que les dirigeants des pays africains soient choisis par elle." Sans doute notre gouvernement a-t-il, comme ses confrères, joué de son influence (qui est particulièrement grande dans certains Etats) lors de processus de succession ... ou pour empêcher qu'ils aient lieu. Mais a-t-elle tant d'influence ? Y a-t-il une forte proportion des chefs d'Etat africains qui soient "les candidats de la France" ? Vu de là-bas, c'est beaucoup moins évident. On a plutôt l'impression que ce sont certains chefs d'Etat africains qui ont tiré les ficelles, ou tenté de tirer les ficelles, de la politique française. Et qui sont bien armés pour cela : le pétrole pour certains, l'argent à peine occulte pour beaucoup qui s'en vantaient, à commencer par le feu président du Gabon. C'est ce que Pierre Marion qualifie de "colonialisme à l'envers" (comme s'il y avait un endroit), cité p.ex. in http://www.la-croix.com/article/ind...