Les faux avis, sous pseudos bidons, semblent continuer à fleurir sur le web francophone.
La brosse à reluire maniée de façon grotesque par certains "simples spectateurs" de films, la joie trépidante exprimée sur pagesjaunes.fr au sortir de certaines boutiques, les accumulations sans commentaires de notes positives sur certains hôtels sur des sites de réservation…
…tout cela laisse à penser que certains "communicants" peu scrupuleux vantent sur le web les mérites de leur employeur ou financeur, sans se présenter comme tels.
Ce que le Code de la Consommation punit de 2 ans de prison (peine maximale, je vous rassure).
Ils pourrissent le web 2.0, le web social, en en faisant une source d'intox dont les internautes inévitablement se méfient.
Et ainsi, accessoirement, ils en réduisent l'audience, donc les recettes publicitaires, donc la viabilité économique.
Alors, que fait la police ?
J'ai commis la grossière erreur de féliciter le secrétaire d'État, Frédéric Lefebvre, parce qu'il me semblait avoir pris conscience du problème. Il annonçait des « enquêtes spécifiques de la DGCCRF pour lutter contre », entre autres, « les faux avis de consommateurs ».
Las ! Depuis, rien.
De la part du gouvernement, proclamer que quelque chose est néfaste, et ne rien faire contre, c'est consacrer l'impunité des délinquants. C'est les encourager à se prévaloir de cette "tolérance".
J'apprends maintenant que les faux avis deviennent une source de business, ou au moins un argumentaire pour faire du business…
Ça me semble pourtant d'une simplicité biblique : une enquête de police, trois ou quatre pseudo-"managers de communautés" devant la justice et condamnés, et je vous parie que les pourrissoirs-de-web s'arrêteront net.
Dans le même esprit que les "fermes de contenu" détournant articles et écrits, ces commentaires fictifs ou outrageusement favorables entretiennent l'image d'un web dégradé, royaume du faux et du flou. Pas facile cependant de faire la part des choses entre une identité affichée et une identité vérifiée, quand la première est souvent celle que souhaite conserver la majorité des internautes. Accessoirement la relation des Français à leurs données privatives étant pour le moins paradoxal, il est parfois difficile d'imposer des règles sur les sites marchands ou non.
De mon expérience au sein d'un site eCommerce - reconnaissable aisément - un programme incitatif a été mis en place qui vise le basculement dans l'identité réelle et vérifiée des commentateurs (sur la base de l'email et des informations du compte) proposant l'alternative d'usage entre une identité réelle "Real name" et un nom de plume"Pen name". C'est évidemment effectué sur une base volontaire mais ces commentateurs bénéficient bien d'une priorité d'affichage fonction de leur pertinence, des feedbacks utilisateurs et d'une identité réelle gage de transparence.
En attendant que ces programmes se généralisent, quelques arrêts bien sentis dans les tribunaux ne feraient pas de mal pour faire un peu le ménage dans cette nouvelle profession je suis bien d'accord.
@ soseki : nous sommes bien d'accord, le pseudonyme ou le nom de plume est le bienvenu sur le web (même si le vrai nom apporte un plus au lecteur !).
Ce qui est déplorable, et illégal, c'est la tromperie — consistant, pour une personne qui intervient sur internet dans un but commercial, à dissimuler ce but.
Totalement d'accord. Au sein de Media Aces, nous avons établi une charte de l'usage des médias sociaux en entreprise, qui proscrit ce genre de comportement.
Cf. http://media-aces.org/transparence/
Petite remarque, ce n'est pas un mal purement français, il sévit dans tous les pays ou presque. Et il est répréhensible partout ailleurs également.
@ Herve Kabla : oui, et les entreprises auraient doublement intérêt à aller dans ce sens : pour que leur communication sur les médias sociaux soit plus crédible (au sens où "le media est le message") et plus écoutée ; et pour ne pas gaspiller leurs budgets com !… Pour une étude récente, j'ai dû me coltiner des pages d'échanges en ping-pong, dignes de la cour de récré, entre "partisans" de deux grandes entreprises du secteur TIC…, en me demandant s'il y avait dans ces entreprises des décideurs prêts à payer des agences pour ce genre de gamineries !
on peut être un commentateur neutre, et apposer une critique très favorable d'un commerce, ou d'un film. Ce que je fais, et en particulier pour certaines boutiques d'Argenteuil. Effectivement certains communicants exploitent cette spontanéité. On dit que les blockbusters américains prévoient un budget publicitaire égal à la moitié du budget du film, lequel comprend la rédaction de fiche détaillée sur wikipedia (Cf Frédéric Martel Mainstream). (j'ai été étonné que l'on néglige autant wikipedia, qui apparaissait en tête des recherches google voici quelques années). Certains hommes politiques ont une fiche ripolinée sur Wikipedia, des grands ou des petits.
Il va être très difficile de faire le tri, et tout le monde ne souhaite pas voir son nom figurer à tout va sur le net pour ses critiques de films. Est-ce que le phénomène est aussi répandu, il me semble qu'il y a aussi beaucoup de commentaires très spontanés sur le net, pour le meilleur ou pour le pire.
@ Triton : oui bien sûr ! Je suis allé ce 1er janvier au Buff* Grill d'Epinay-sur-Seine, en me fiant à un commentaire sur pagesjaunes.fr, et ce commentaire était parfaitement conforme à ce que nous avons trouvé.
Donc : les commentaires d'internautes (positifs ou négatifs ou neutres !) : oui, c'est l'intérêt même du web social ; l'anonymat ou le nom de plume : oui, c'est la condition pour que tout le monde puisse publier ; l'utilisation de ces moyens par des marques ou agences pour publier de fausses "opinions spontanées" ou de faux "avis de consommateurs"… qui pourrissent la qualité de l'ensemble et font perdre leur temps, à la façon du spam, aux internautes confiants : non et non ! le gouvernement et la justice peuvent facilement, et doivent, combattre ce détournement !