Sur twitter, "Padre Pio" l'a écrit le plus clairement :

Nous sommes dans la même phase que celle qu'ont traversé les États-Unis après 2001. Et on s'apprête à faire les mêmes erreurs.

Engagés pour Argenteuil s'associe au deuil national et appelle à l'union et à la fraternité. Un pays divisé serait lourdement handicapé dans cette guerre. "Un pays uni, rien ne lui résiste".

Préparer un pays à la guerre commence par la mobilisation, intérieure (population) comme extérieure (alliés) — c'est la portée de la déclaration de François Bayrou.

D'un autre côté, énormément de réactions sur internet (notamment en réponse à ce message du président du MoDem) appellent à "expulser" le danger comme s'il nous était extérieur ; le Premier Ministre s'exprime dans le même sens en annonçant vouloir "détruire" le prétendu État islamique.

Cette réaction de rejet est humaine, elle fait partie du processus de deuil, et les autorités de l'État doivent s'y associer.

De la même façon, les condamnations exprimées par toutes les autorités religieuses musulmanes, y compris celles réputées intégristes (UOIF, le président iranien, Tariq Ramadan, etc.), sont d'une clarté absolue.

Les leaders politiques ont cependant le devoir de penser au coup suivant.

La guerre demande tactique, stratégie, entreprise inter-étatique.

La Turquie, où se réunit le G20, a largement soutenu Daech ou facilité son établissement. Son gouvernement lutte prioritairement contre le PKK autant que Daech, alors que les forces kurdes sont, en Irak et en Syrie, le principal allié de la coalition internationale.

L'Arabie Saoudite, grand allié des États-Unis comme de la France, grand client et fournisseur, abrite de nombreux soutiens des organisations terroristes. Comme s'interrogeait Barack Obama en 2006 :

"Pourquoi laissons-nous des États, parmi les plus hostiles, prendre en otage notre économie ?"

Prendre en compte ces menaces extérieures, prendre en compte les risques intérieurs, qu'ils viennent de Reims, de Courcouronnes, d'Argenteuil ou de Paris même, c'est la mission du politique en temps de guerre.

À l'échelle historique c'est une très petite guerre ; mais par comparaison avec les décennies passées, c'est bien une guerre.

Le principe de l'action policière (par opposition à militaire) consiste à présumer la société favorable et les criminels / délinquants isolés. Or, quand des réseaux aussi importants peuvent se coordonner (comme le 11 septembre aux États-Unis, le 11 mars en Espagne) c'est que les capacités de l'action policière ont été débordées, mises en échec. C'est qu'il existe, au sein de la société, des contre-cultures quasi-étanches et hostiles. Comme c'était le cas à l'époque du terrorisme basque en Espagne, pour ne prendre que cet exemple.

Cela n'implique absolument pas qu'il faille forcément aller vers plus de répression, plus d'interdictions, plus de privation de liberté.

Cela n'implique pas non plus qu'il faille promettre l'élimination de l'ennemi.

L'ennemi doit être traité comme tel : non pas comme une fiction, une exception, une folie, mais comme un ennemi. L'Histoire est pleine de façons différentes de traiter avec ses ennemis — de la négociation à l'élimination, avec une grande majorité de résultats intermédiaires.

L'objectif poursuivi doit être simple, unique : le retour à la pleine souveraineté de l'État, c'est-à-dire à la paix civile ; c'est-à-dire encore, à rendre effectifs les droits fondamentaux de chaque personne, à commencer par le droit à la vie.

Tirons les leçons des 14 années depuis le 11 septembre.

J'avais commencé ce blog en réponse à ces attaques du 11 septembre. Il est saturé de pages sur le terrorisme et la guerre. Pourvu qu'elles deviennent vite obsolètes.