Une Région française a une longue tradition d’opacité sur l’utilité de ses investissements : l’Ile-de-France. Avec le Mouvement démocrate, engageons-nous pour la transparence !

L’évaluation, c’est quoi déjà, ce grand mot de 4 syllabes ? C’est savoir si l’argent public a été bien employé, et comment on pourrait l’employer mieux demain.

Certains élus pensent et disent : c’est l’électeur qui nous évalue le jour du vote. D’ici là, à quoi bon payer des évaluateurs professionnels ? Ils ne votent pas !

Mais quand il s’agit d’investissements (en béton, en formation…), principale action des Conseils Régionaux, comment l’électeur pourrait-il évaluer ? Les fruits de ces investissements viennent bien au-delà de la durée des mandats !

Dans presque toutes les régions, l’évaluation s’est développée à partir de 1994, grâce à un financement spécial (« fléché ») prévue par les Contrats de Plan entre l’Etat et elles[1].

En Ile-de-France, rien ; il y avait bien une Direction des études et de l’évaluation, mais elle ne faisait pas d’évaluation ! Il a fallu attendre 12 ans, dont 8 ans de mandat de l’actuelle majorité Gauche+Verts, pour avoir « les premiers moyens d’une politique d’évaluation », selon les termes mêmes de la chargée de mission qui avait été recrutée à cet effet.

À partir de 2007, des études ont été lancées, au rythme de 3 par an environ, soit trois fois moins que ce qu’avait prévu la chargée de mission. Elles portent presque toutes sur des subventions régionales dont il s’agit de voir ce qu’elles deviennent. Leur budget unitaire modeste ne permet probablement pas d’enquêter sur la satisfaction des habitants, des personnes aidées par les organismes subventionnés. Aucun des rapports d’évaluation, ni de résumé des conclusions, ne me semble avoir été publié sur internet.

Dans le cas des lycées, c’est particulièrement décevant. On se souvient de la grande époque de la droite au pouvoir, époque à laquelle 2% des coûts des travaux (560 millions de francs ?), ont été détournés en faveur du PS et du PCF d’une part, du RPR et du PR d’autre part (regroupés dans l’actuelle UMP). De la nouvelle majorité Gauche+Verts, on aurait pu espérer qu'elle soit particulièrement réceptive aux « attentes fortes en matière d’évaluation … et d’échanges » qui lui ont été exprimées (source PDF). En fait, le Conseil Régional s’est contenté d’une « démarche d’amélioration continue » sur le modèle des démarches qualité en industrie. La concertation avec les parents d’élèves ou les personnels de l’Éducation est limitée à … une présentation des résultats devant un comité institutionnel, le CIAEN.

Les milliards des lycées ne seront donc pas évalués de façon sérieuse et indépendante. En revanche, les quelques sous envoyés à Kayes, Mali, au titre de la coopération décentralisée le seront (PDF) …

Pour savoir demain si l’argent régional est utilisé au mieux, pas seulement à Kayes mais à Argenteuil, Vincennes ou Evry, pour imposer à la Région d’écouter les personnes à qui ses investissements sont destinés (au-delà des institutionnels, élus et cofinanceurs), pas seulement les Maliens de Kayes mais aussi les Franciliens d'Ile-de-France… je ne vois que le vote démocrate !


Sur le même sujet sur ce blog : "Pour une Ile-de-France démocrate".

Notes

[1] 6/10000 du montant des Contrats. Il n’y a plus de financement fléché dans les actuels Contrats de projet, ce qui a conduit beaucoup de Régions à ralentir leur démarche d’évaluation. L’Ile-de-France s’y met au contraire – mais en consacrant à l’évaluation à peine 1/10000ème de son budget !