Commentaire ouvert à Christelle de Crémiers, ancienne élue du XVIIème arrondissement, tête de liste aux élections internes du MoDem Paris en 2008.

Vacances aidant, je remarque tardivement, à l'occasion du départ de Virginie Votier et compagnie, ta lettre et, donc, ton départ pour Europe Écologie.

Félicitations pour ce texte, qui me semble bien plus intéressant et solide que ... d'autres lettres de démission.

Oui, le centre démocrate a un problème structurel : les électeurs français (et même certains politologues !) ne repèrent pas la proposition politique "démocrate". Elle est sous les radars. Ils sont souvent d'accord avec chacune de nos propositions, mais n'en voient pas la logique d'ensemble ("pas de projet", répètent-ils - même Virginie Votier, ce qui est un comble !). C'est sidérant que le parti qui constitue le plus facilement les programmes politiques les plus solides et crédibles, et les mieux notés par les personnes qui connaissent les sujets ; que le chef de parti qui ait le plus publié de sa propre main, et en particulier, de livres programmatiques, qui ait le projet le plus précis et le plus constant depuis des décennies sur le plus grand nombre de sujets ; soient ainsi, et depuis des décennies, considérés comme "sans projet".

Et alors, effectivement, les militants et les élus eux-mêmes se raccrochent à l'un des deux camps qui détiennent le pouvoir.

Et oui, les écologistes ont l'avantage structurel inverse : l'écologie est bien identifiée par les Français comme un projet politique cohérent et distinctif. Même si les leaders écologistes sont fort peu nombreux à être d'origine ... écologiste, à avoir milité pour la planète ; même si beaucoup s'en défendent même en répétant que "l'écologie, ce n'est pas que les petits oiseaux, c'est une vision globale de la société etc." qui bien souvent retombe dans la soupe de gauche habituelle ; même si, tant qu'il accepte sa dépendance de la gauche en général et du PS en particulier (comme il le fait dans tous les cas de figure, Daniel Cohn-Bendit ou Jean-Vincent Placé), le mouvement écologiste n'a guère de chance, amha, de faire avancer en quoi que ce soit l'écologie.

J'espérais moi aussi que le Mouvement démocrate, avec son double objet statutaire "démocratie de responsabilité pour le développement durable", saurait allier le meilleur de ces deux courants politiques. Ça n'a pas marché, les raisons sont certainement multiples ... Quand je vois que les responsables du MoDem Paris qui sont partis (à EE, au "club DSK" ou hors politique partisane) représentaient manifestement, aux élections internes, une large majorité des adhérents de la capitale,… que ces responsables auraient donc pu animer et développer ensemble le Mouvement - au lieu de le quitter en ordre dispersé - je ne sais pas quoi en conclure, sinon que quelque chose a foiré.

On peut espérer qu'Europe Ecologie, avec Éva Joly comme figure de proue, se préoccupe à la fois d'écologie et de démocratie, et arrive à susciter un mouvement profond de l'opinion, et des différents pouvoirs dans ce pays à tous les niveaux, en faveur de nos idées. Ayant brièvement fréquenté les Verts, j'ai été vacciné pour longtemps, mais d'autres auront peut-être une autre expérience. Bonne chance !

Tout ceci étant dit, l'analyse faite dans ce billet me semble excellente pour 2009… et quasi hors de propos à 20 mois des présidentielles. Rejoindre un parti qui ne veut même pas que son candidat (ou sa candidate) soit élu à la prochaine élection nationale - une élection qui s'annonce décisive pour le sauvetage du pays - eh bien, c'est amha une démarche étrange.