Conseil Municipal d'Argenteuil, suite.

Monsieur le Maire,

Je constate un grand nombre de points d'accord entre — vous me permettrez de dire la gauche et la droite, étant au Centre — dans cette assemblée, et je m'en réjouis. Permettez-moi d'en rappeler quelques-uns.

  • Accord sur l'avis de la CRC et les comptes qu'elle établit : voilà quelques Conseils qu'il n'y avait pas d'accord sur les comptes. Nous avons enfin une référence commune.
  • Accord, donc, sur le fait que le déficit était plus élevé que ce qui était prévisible au changement d'équipe ; et sur le fait que pour la grande majorité, cet écart vient alourdir le seul budget 2014, sans impact sur 2015 et les années suivantes.
  • Accord sur le montant de la dette : 268 ME à fin 2013 ; et sur la dette de l'agglomération, environ 80 ME, ce qui n'est pas négligeable car Argenteuil est majoritaire dans l’agglomération
  • Accord sur le fait que la Ville a fait des investissements élevés en 2013 et début 2014 ; et que ce sont des investissements réels, non du gaspillage — sinon, qu'est-ce qu'on aurait entendu pendant la campagne.
  • Accord sur le fait que, quelle que soit l'équipe, les investissements auraient été faibles au second semestre 2014 et en 2015, au début du nouveau mandat.
  • Accord sur la nécessité d'économies et d'une meilleure gestion — même s'il y a désaccord sur la date à laquelle a commencé cette meilleure gestion, et sous quels mandats ! Toute Municipalité a besoin de progresser en efficacité, pour rendre le même service avec moins de coûts.

Par ailleurs je suis conscient de la nécessité d’un plan d’économies, sur l’investissement et sur le fonctionnement. Ayant proposé il y a quelques années l’esquisse d’un plan de 100 milliards au niveau national, je ne mégoterai pas sur l’ampleur des efforts à faire.

Je poursuis sur les points d’accord entre les deux listes représentées dans cette Assemblée.

  • L’abattement général à la base, dont la suppression a conduit à 6 millions de taxe d’habitation supplémentaire, ne sera pas rétabli en 2015 — il aurait fallu voter, avant fin septembre, ce rétablissement que vous aviez annoncé dans votre campagne : mais ce n’est pas soumis au vote.
  • Autre point d’accord, il n’est pas possible d’augmenter les impôts déjà très élevés, à la limite du supportable.
  • L’équilibre budgétaire ne semble pas possible en 2014, compte tenu de l’historique.
  • Les charges de personnel sont en forte augmentation (environ 85 ME sur 2014).
  • Les charges de personnel particulièrement élevées à Argenteuil ont pour contrepartie moins d’achats de prestations au privé, car la Ville assure en interne des services qui ailleurs sont privatisés. Le coût total n'est pas particulièrement élevé à Argenteuil — en tout cas, je ne l'ai pas entendu dire.
  • Réduire les coûts salariaux en ne reconduisant pas les contrats (170 suppressions déjà, 400 annoncées au total, sur 2207 emplois au tableau en mai 2014 = soit presque 1/5ème du personnel) coûte cher : des allocations chômage pour 70% du salaire antérieur, vous avez rappelé ce chiffre. Votre plan conduirait donc à verser jusqu’à 1/7ème de la masse salariale de la Ville, à des (anciens) agents qui ne travailleront pas.
  • Les emplois que vous supprimez, pour beaucoup des emplois d'animation ou périscolaires, rendaient des services partiellement financés par les utilisateurs : avec une telle réduction de l'effectif employé, il faudra tôt ou tard prévoir une baisse de recettes.

Le journaliste Nicolas Doze, qui n’est à ma connaissance ni d’extrême-gauche ni frondeur, écrivait il y a quelques jours sur Twitter : « Si l'on veut des réformes il faut … leur donner du sens. En ne sortant que des choses noires qui appauvrissent c'est mort. » Le mot « noir » est hélas particulièrement juste dans cette Assemblée, où les seules photos de la ville que montre le Maire sont des photos de poubelles ; où il qualifie l’opposition de « force maléfique » ; où il compare le leader de l’opposition aux négationnistes de l’Holocauste.

Quelle est la stratégie de la Municipalité pour qu’Argenteuil redevienne prospère et attractive ?

Ou peut-être pensez-vous que dans la situation actuelle de la ville, il est difficile de définir une stratégie ? Mais c’est l’inverse ; c’est aujourd’hui qu’elle en a besoin. Si tout était facile, il suffirait de gérer au jour le jour.

 

Est-ce la discussion d’aujourd’hui ? Bien entendu. Dans toutes les collectivités publiques, ce sont les débats budgétaires qui permettent de peser les priorités.

À défaut de stratégie, quelle perspective pour 2015 ? Vous indiquiez en Commission Permanente, Monsieur Péricat, que votre budget n'assurerait l'équilibre, ni en 2014, c'est une chose, ni en 2015. Alors où allons-nous ? Quels sont les chiffres ? Pour le vote du budget de l’État, le Ministère des Finances fournit des projections à 3 ans. Si au moins nous avions 2015 ? J'aimerais avoir des chiffres intégrant l’impact de la sortie votée de l’agglomération : entre 2 et 4 millions d'euros de perte de dotation d’Etat, selon que se réaliserait, ou non, le miracle de créer une nouvelle agglomération en quelques semaines.

 

À défaut de vue d’ensemble de ce que vous construisez pour 2015, voyons-nous au moins où mènent les économies que vous réalisez ? Quelle réorganisation, quel changement de priorités ? Sinon, le plan d’économies risque d’aggraver la situation en payant, au final, 2 personnes — l’ancien agent et la personne qui doit reprendre son travail — au lieu d’une.

 

Et si même vous deviez supprimiez des postes dans tous les services, contraint et forcé ! Mais vous allez nous faire voter un nouveau tableau d’effectifs qui crée 40 emplois nets supplémentaires ! Dont 25 adjoints techniques, parmi lesquels 23 postes déjà pourvus ! Alors, qu’allez-vous dire aux agents dont vous ne renouvelez pas le contrat ?

 

Je ne vois ni stratégie, ni perspectives, ni cohérence dans les économies que vous annoncez. Et j’aurai donc le regret de voter contre.