Je découvre (bien tard) le blog de VincentB, à l'occasion de ce billet qui fait suite au départ de 16 adhérents vers Europe Écologie.
Pour VincentB, "l’urgence c’est de redonner de l’emploi aux Français, et la priorité c’est de retrouver au plus vite des finances saines. S’il y a une révolution à faire elle doit être budgétaire et fiscale et non pas écologique."
J'ai tenté de lui répondre (mais il semble y avoir eu un bug) :
J'espère bien que la "révolution démocratique" que vous appelez de vos voeux sera, aussi, écologique. Le MoDem a fait figurer dans son objet statutaire le développement durable, et une "démocratie de responsabilité" devrait commencer par se montrer responsable de la planète qu'elle lègue aux générations futures.
La responsabilité et la durabilité, c'est la possibilité pour tous de travailler, c'est une production qui crée de plus en plus de valeur pour les citoyens, c'est prévenir s'il en est encore temps le risque de faillite de l'État, oui - et c'est aussi : arrêter de creuser la dette écologique.
L'évolution en cours mène à (bien plus de) 2° de réchauffement climatique mondial, c'est-à-dire à (bien plus de) 4° de réchauffement pour les continents. Un tiers Sud-Est de la France aura le climat méditerranéen de ce qui est aujourd'hui la frange côtière, et le reste du pays aura en gros le climat actuel de l'Aquitaine[1]. Nos bâtiments, nos infrastructures sont-ils adaptés à cette évolution ? L'ensemble de la France aura un risque d'incendies comparable à celui de la côte méditerranéenne aujourd'hui[2]. Les paysages, la gestion des forêts et espaces naturels, l'habitat rural, sont-ils adaptés à ce risque ?
Bref, la démocratie c'est notre objectif et notre raison d'être, l'écologie est une condition de viabilité de la société française... et elle demande des choix que l'on peut qualifier de "révolutionnaires", en tout cas une inversion dans beaucoup de domaines, des mécanismes actuels du développement. Ne sacrifions pas ces choix à des positionnements politiques court-termistes !
Si vous l'avez ratée, une "interview écrite" de François Bayrou dans Paris Match, il a apparemment dû synthétiser ses positions politiques en une page "Word" tout compris. Si j'arrivais à en faire autant dans mon boulot !... Extrait :
(Notre) ligne politique : priorité non pas au Cac 40 mais aux PME, relocalisation de productions qui n’auraient jamais dû partir de notre pays, priorité donnée à l’essentiel, c’est-à-dire à l’éducation, lutte contre la dette, écologie constructive et non de retour en arrière, établissement d’une démocratie enfin indépendante de toutes les pressions, notamment des réseaux et des puissances d’argent.
Notes
[1] Le climat me semble être chose trop sérieuse pour la laisser aux météorologues - et justement, je ne le suis pas. Voici, ailleurs, une belle carte des températures moyennes actuelles ici. En quelques mots, le Sud de la France est plus chaud l'été, et l'Ouest plus chaud l'hiver. Le Sud-Ouest actuel donne actuel donne une image raisonnable d'un climat français moyen dans quelques décennies.
[2] Voir la carte page 16 de ce PDF et les 4 lignes de texte précédentes.
Oui, seule la démocratie permettra d'aboutir à une nouvelle société dont l'un des piliers sera l'écologie. Démocrates et écologistes veulent dépasser l'actuel, cette union à du sens.
So many questions.
Il y a plusieurs plans dans ce sujet:
-le plan philosophique (qui est le plus important pour des gens réfléchis et assez idéalistes, même si ce plan ne doit pas bloquer les autres). Les démocrates acceptent une économie de marché, mais qui protège l'acquis et cherche à développer l'humain. Dans ce sens là, l'écologie va de soi. . J'ajoute que cela doit se faire en faisant attention au besoin des pays les moins avancés. (il y a des besoins en écologie et en lutte contre les conséquences du réchauffement, en particulier en Afrique .. presque partout).
-le plan chronologique: Vincent B donne la priorité à une révolution budgétaire. En fait, à un horizon très court (5 ou 10 ans?) il est important de revoir profondément les recettes et dépenses publiques. Et sur certains plans on est déjà dans le mur.
Il faudrait voir si on peut tout faire ensemble ou s'il faut séquencer les choses.
J'aurais tendance à penser:
-1/ révolution démocratique (meilleures gouvernances et revue générale de certains privilèges)
-2/ révolution budgétaire
-3/ révolution écologique sur un horizon plus long. Mais les mesures qui ne coûtent pas ou rapportent peuvent être lancées dès que possible.
Qu'en pensez-vous. Peut-on tout engager en même temps? De 2012 à 2016?
-enfin le plan politicien (eh oui, les élections c'est dans 18 mois):
On a du mal a voir les liens "politiciens" du Modem avec l'Ecologie. Il serait utile d'avoir quelques personnes visibles au Modem qui affirment la place de l'écologique dans les valeurs démocrates et réciproquement, tout en gardant des liens avec Europe Ecologie, Cap 21 mais aussi Ecologie Bleue (Patrice Hernu).
Je pousse le sujet "écologie&gouvernance" sur le développement ferroviaire en Afrique et au Burkina-Faso en particulier.
Les conditions actuelles sont navrantes http://fr.wikipedia.org/wiki/Sitara... quoiqu'en léger progrès http://news.abidjan.net/article/ind....
29 wagons de voyageurs sur toute la Côte d'Ivoire et le Burkina-Faso c'est vraiment le Moyen Age.
C'est dommage car le niveau d'éducation (et la gouvernance??) devrait permettre des services de qualité qui bénéficieraient à d'autres secteurs du pays. Et on a surement en Europe du matériel usagé ou non qui pourrait resservir.
Il a surement en France beaucoup d'organismes qui pourraient plancher sérieusement sur le sujet, avec un gain en savoir pour eux-mêmes (Ecole des Ponts, SNCF, ..)
@ atlantic : du sens, je le crois en effet.
@ XS : merci pour ces développements.
Effectivement "l'écologie va de soi. . J'ajoute que cela doit se faire en faisant attention au besoin des pays les moins avancés." -> je suis certain que cela doit se faire d'un même mouvement. Par exemple, un prix mondial unique du CO2 émis ou capté (ce qui serait cohérent avec son coût climatique, indépendant du pays d'émission) ne changerait pas la face du monde occidental, très rigide. Mais il serait une formidable opportunité pour les pays forestiers, et surtout rendra possible des choix écologiques dans les pays qui ont encore à développer leurs infrastructures lourdes, comme la Chine, l'Indonésie ou l'Afrique. La victoire contre le changement climatique - ou au moins, la capacité à en limiter les dégâts - se gagnera essentiellement dans ces pays.
Je ne ferais tout de même pas la comparaison avec le Moyen Age où il n'y avait pas de train Le chemin de fer a été développé au XIXème siècle (et début XXème en Afrique) comme solution économique pour faire de longues distances. Depuis, on a trouvé mieux pour les déplacements diffus : le goudron et la voiture automobile Le chemin de fer reste plus performant sur les zones denses et surtout les flux concentrés (Paris-Rouen, Paris-Marseille...), mais il n'y a pas de flux concentrés de voyageurs en Afrique de l'Ouest (densité faible, ville plate) à de rares exceptions près (Pikine-Dakar ?…).
"Peut-on tout engager en même temps? De 2012 à 2016?" Je crois que c'est indispensable. Je ne crois pas qu'on puisse faire du développement durable par la dépense budgétaire et la défiscalisation couche supplémentaire par rapport au système actuel : le pays n'en a pas les moyens. Le développement durable suppose une révision profonde de la structure fiscale, cohérente avec un nouvel horizon de croissance - un peu comme il y a eu la Reconstruction en 45, l'industrialisation et l'équipement national dans les années 60-65, la nouvelle économie dans les années 98-00. Pour faire émerger cet horizon, pour que les citoyens / consommateurs / contribuables et puissants de toute sorte acceptent de se situer dans cet horizon, il faudra une révolution ou au moins une grande évolution démocratique. Une information qui regarde ailleurs que le nombril du Président, des institutions qui écoutent le monde réel et non les dernières provocations du Président, des décideurs qui entreprennent pour l'avenir au lieu de suivre tête basse la suite du Président, la dette commune sur la table au lieu de s'asseoir dessus Président et Ministres confondus, etc. etc.
Merci de la réponse!
Et très d'accord pour la conclusion: "il faudra une révolution ou au moins une grande évolution démocratique". Bayrou disait a peu près la même chose ce dimanche soir sur France Inter.
Mais il faut trouver la voie.
Pour les détails écologiques:
-la compensation du CO2 dans les pays forestiers ne fait que différer la déforestation .. au moins dans un premier temps. Mais c'est déjà cela. http://www.lexpansion.com/economie/....
-le train n'est pas mort au XXIe siecle, mais c'est un débat qui mérite d'être poursuivi ailleurs. Les US s'aperçoivent avec horreur que le réseau grand vitesse chinois les a déjà dépassés. Pour la France, RFF ne trouve pas les moyens d'investir précisement dans la ligne Paris-Le Havre, qui moderniserait le frêt.
Dans le Tiers-Monde, il y a nécessairement des zones denses en Afrique, Inde ou Amérique Latine où le choix de la relance du chemin de fer se pose.
(avec le risque de choisir le frêt par camion, comme on l'a fait en Europe depuis le contre-choc pétrolier de 1986)