J'ai le moral en compote ce soir. J'ai appris par Facebook puis google news que 16 jeunes démocrates actifs, autour de Virginie Votier, claquaient la porte du MoDem. Ils ont cosigné une très longue lettre alambiquée nécessairo-prioritaire[1] dont il ressort qu'Europe Écologie c'est vraiment "à même de rassembler au-delà de son camp lorsqu'il s'agira de faire ces choix déterminants pour notre avenir et de celui des générations futures."
Je suis ben triste, parce les trois que je connais parmi les 16 sont bien sympathiques, ont du métier aussi, et du talent, et que le sens de leur engagement a toujours été recta.
Je suis un peu amer, car je revois dans cette liste des noms qui m'avaient déjà frappé il y a quelques années, figurant en signature de commentaires particulièrement peu démocrates sur le sympathique blog que "coccinelle" avait consacré aux élections internes du MoDem : Franck Vautier ou Nicolas Vinci. Tenez, une autre personne figurant sur la même liste de 16 m'avait téléphoné, et depuis le 133bis, ayant sans doute remarqué mes réactions et tenant à me faire savoir combien coccinelle était une affreuse bêbête sûrement à la solde d'un parti concurrent (je vous dis ça, c'est de mémoire). C'est la seule fois que j'ai eu l'honneur de recevoir un coup de fil au sujet de mon activité sur internet !
Je leur écrivais que "si d'aucuns espèrent construire un mouvement démocrate sur l'opacité, je leur suggère de consacrer leur vie à quelque chose qui ait plus de chance de succès," ils semblent avoir entendu le conseil fût-ce avec deux ans de retard (s'ils l'ont entendu). Qu'ils le fassent passer à qui de droit au sein de EE / les Verts.
Je leur souhaite très exactement que leurs voeux se réalisent. La conversion écologique et la social-économie, "dans le cadre de l'idéal républicain et démocrate forgé par les grands noms de notre histoire." (eh oui, même moi, je serais aussi large que ça ! Les grands noms, je suis pour !). Une politique "plus accessible à tous et exclusivement dirigée dans le sens de l'intérêt général".
Parce que voyez-vous, aussi naïf que ce soit, je crois que c'est possible.
À condition d'être pour le faire non pas 16 démissionnaires de 2010, ni 5000 néo-europe-écologistes de 2009, ni 50000 néo-démocrates de 2007, mais autour de 20 millions en 2012 le jour du vote.
Chiche ?
Notes
[1] Longue et alambiquée comme un billet de Démocrate sans frontière. Je sais.
Cher Monsieur,
Quel que soit votre choix politique, votre dynamisme et votre pugnacité, tant que l'Organisation Mondiale du commerce n'aura pas été remplacée par une organisation du commerce international, réaliste et efficace, vous ne pourrez espérer des résultats à la hauteur de vos efforts. Les ravages de la spéculation, la destruction du tissu industriel des pays riches et la spoliation des pays pauvres interdiront l'existence des budjets nécessaires à vos projets.
Bonjour Frédéric,
Sans occulter les symptômes de la débandade liés à ces départs, je m'en réjouis car beaucoup ce ces personnes qui partent ont été partie prenante du blocage du moteur Modem et ont été complices de luttes d'intérêts qu'ils ont lubrifiés par la position dite du : " je sais de sources sûres". Nous en avons pas fini d'en baver et pourtant l'avenir nous appartient car les idées du centre démocrate sont celles qu'on appliquera toujours lorsque on cesse de faire de la démagogie ( à droite et à gauche). Il reste à se battre pour expliquer aux électeurs pourquoi choisir l'original plutôt que les hypocrites.
Courage et tiens bon !
Merci pour ces encouragements !
Sur x fois où "quelqu'un m'a dit" qu'une autre personne était animée d'intentions mauvaises / était un destructeur / complotait contre moi / n'était pas fiable / etc., eh bien, 97 ou 98% des fois, c'était çui qui disait qui l'était. - comme j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire ici.
Ceci dit, les personnes très fortement impliquées dans la politique politicienne carburent à ce poison-là, qu'elles l'aiment ou qu'elles le supportent avec peine. Cela vient non des personnes, mais des conditions même de l'activité politique (électorale, partisane). "Une tuerie", vient de dire Cécile Duflot en parlant de la présidentielle. Une jungle piégeuse, en tout cas.
Il faut à la fois un grand pouvoir politique, une grande autorité morale, une grande confiance en soi et une grande capacité à détecter les (réels) complots, pour pouvoir faire vivre un parti selon d'autres principes, et faire collaborer les gens entre eux de façon ouverte. Et même quand on y arrive, comme je l'ai vécu aux municipales d'Argenteuil en 2008, ou dans une large mesure aux régionales 2010 en Val d'Oise, le succès électoral n'est pas forcément au rendez-vous, car ce qui compte n'est pas ce qu'on l'on vit entre soi, mais ce qu'on a été capable d'en projeter à l'extérieur, les passerelles qu'on a pu lancer vers ce que vivent et attendent les non-militants.
Bref, c'est dur, et je ne vois pas comment y arriver sans militants aussi énergiques qu'expérimentés… rompus aux pièges de l'exercice. Il en reste heureusement quelques-uns !
J'ai également été attristé lorsque j'ai appris cette nouvelle démission, puisque je connais quelques-uns d'entre eux, dont le dynamisme a joué un rôle important dans mon engagement en 2007.
Si l'on voulait être cynique, on pourrait dire que cette démission ressemble à tant d'autres, annoncées à coup de communiqués de presse dans lesquels on brûle ce qu'on a adoré hier. Chez ceux qui "restent", les commentaires sur les démissionnaires ne sont d'ailleurs parfois pas plus glorieux, comme on a pu le voir lors de la démission de Corinne Lepage.
Le problème, c'est que je ne vois pas bien l'intérêt de s'échanger des noms d'oiseaux lorsqu'on sait pertinemment qu'on va finir par travailler ensemble... du moins si l'on veut arriver à quelque chose en 2012 et après. Ton précédent billet ( http://demsf.free.fr/index.php?post... ) décrit exactement ce que je pense : nous devons aller vers un rassemblement écologiste-démocrate-républicain.
En somme, on pourrait donc dire : « Ce n'est pas grave, que chacun aille où il se sent bien, du moment qu'on finit par travailler ensemble. » Oui mais. La tournure qu'a prise Europe Écologie lors des régionales en servant de force d'appoint au PS dans toutes les régions, puis maintenant avec la prise de contrôle des Verts, me laisse penser qu'ils ont renoncé à incarner une forme de troisième voie, mais vont reformer la gauche plurielle. C'est ce que semblent penser Daniel Cohn-Bendit et Corinne Lepage.
Dans ce contexte si particulier, cette migration MoDem --> EE m'interroge beaucoup, car elle pourrait signifier un renoncement à cette troisième voie, au profit d'un plus efficace (mais plus classique) affrontement bloc contre bloc. Est-ce vraiment la bonne réponse à apporter à un peuple qui déserte de plus en plus les urnes ?
@ Yann Le Du "elle pourrait signifier un renoncement à cette troisième voie, au profit d'un plus efficace (mais plus classique) affrontement bloc contre bloc." Elle signifie même explicitement, dans le cas de Christelle de Crémiers (billet suivant).
Il y a deux choses à mettre en balance. Ceux-qui partent disent en substance : la 3ème voie a foiré, donc ce que nous pouvons faire de mieux, c'est rejoindre l'opposition de gauche en espérant que nos quelques voix orange permettront une autre politique que celle habituelle des coalitions archidominées par le PS.
Ceux qui restent répondent : vos quelques voix orange seront écrasées dans les rapports de forces au sein de la gauche (et même : les politiciens de gauche se glorifieront les uns auprès des autres de s'essuyer les semelles sur votre dos d'anciens centristes), tandis qu'au MoDem avec François Bayrou, nous gardons la possibilité de faire entendre un autre projet, en espérant que demain il rassemblera plus qu'hier.
Au MoDem, rien ne nous interdit d'agir, de militer, de proposer. Un boulevard est ouvert. Le seul inconvénient est qu'il est quasi-désert. Actuellement.
@ Frederic LN
Je suis globalement d'accord avec toi ; sauf quand tu écris : "Au MoDem, rien ne nous interdit d'agir, de militer, de proposer". Si, il y a des obstacles. De taille. Ce sont l'immense indifférence, le total mépris et l'écrasant manque de moyen que réservent François Bayrou et sa clique à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un militant, ou même à un adhérent. L'action est paralysée, le militantisme est méprisé, les propositions sont ignorées.
Le MoDem est un parti qui ressemble à l'Afrique du Sud du temps de l'apartheid : une poignée de blancs qui dirigent et décident, un petit groupe de métis (genre Marc Fesneau) qui se taisent et obéissent, et une armée (de plus en plus réduite) de noirs dont les dirigeants se contrefoutent. Ce serait à la rigueur acceptable si l'ensemble donnait des résultats ; mais vu les échecs successifs et l'obstination dans l'échec, il n'y a évidemment plus rien à attendre de cette formation.
Personnellement, j'ai fait le choix de tenter, avec les moyens qui sont les miens, de rassembler ceux qui continuent à croire aux valeurs et aux idées fondatrices, celles qui nous ont enthousiasmés en 2007, mais qui ne croient plus à cet appareil politique qui a nom MoDem. Ce rassemblement se fait aujourd'hui via un système à la charnière de la politique et de l'associatif, sous l'égide d'un CAP 21 qui a modifié ses statuts pour s'adapter aux attentes nouvelles des citoyens. J'espère que ça marchera ; en tout cas je fais mon possible pour y arriver.
Bien cordialement,
Bien noté Christian, et je me réjouis du % d'accord.
Effectivement le "nous" est trop global ; je reformule donc : "Au MoDem, rien n'a interdit à aucun des adhérents que je connais personnellement d'agir, de militer, de proposer à leurs concitoyens, aux médias, aux acteurs de la société".
Evidemment, une action qui aurait besoin d'une bénédiction parisienne pour exister, n'existera dans aucun parti politique amha ; mais ça ne s'appelle pas une action, ça s'appelle une demande de bénédiction. Il n'y a d'action amha que libre et "automotrice".
Je reconnais avoir un point de vue non représentatif puisque j'ai aussi travaillé avec et pour François Bayrou en direct. Je ne peux donc pas ressentir ce que ressent un adhérent qui, après des centaines d'heures d'action militante, espère toujours un premier échange personnel avec le président du Mouvement. En revanche je peux confirmer que, y compris au 133bis, il n'y a d'action que libre et automotrice. On peut faire des propositions, à condition de les mettre en oeuvre soi-même sans consigne ni blanc-seing d'où que ce soit.
Et tous mes voeux de succès, à toi comme à tous ceux qui "continuent à croire aux valeurs et aux idées fondatrices" et à agir pour qu'elles se concrétisent !
Mon expérience personnelle, c'est d'avoir eu l'OBLIGATION d'attendre une "bénédiction" du siège : je me suis entendu dire "Ah non, ça c'est politique, il faut l'accord du 133" ; moyennant quoi deux ans après je n'ai toujours aucune nouvelle (il est du reste évident que je n'en attends plus). Je connais ta vision des choses sur la dimension "automotrice" des actions militantes ; mais je puis témoigner que même ça n'a pas été possible.
Bon courage à toi ; puisses-tu rapidement trouver une formation plus digne de ton énergie et de ton implication.
Amicalement,
Bien noté - mais j'ignore de quoi il s'agissait dans ton cas.
Porte ouverte à enfoncer peut-être, quand je parle de liberté "d'agir, de militer, de proposer à leurs concitoyens, aux médias, aux acteurs de la société".", je parle de la liberté d'agir en son nom propre. Evidemment, pour ce qui est de parler ou agir au nom d'une personne morale, le MoDem par exemple, ça relève d'instances définies par les statuts que ses adhérents ont voté (quelques défauts qu'ils aient amha). Personnellement je ne suis depuis l'automne 2007 dans aucune instance statutaire, je n'ai pas eu l'expérience de leurs difficultés éventuelles.
Anecdote dont j'ai tout de même été témoin : dans mon département, le Conseil départemental a voté sur le principe d'exprimer ou non son avis sur la tête de liste valdoisienne MoDem à l'élection régionale. De mémoire, le président départemental était pour ce principe ; la majorité a voté contre. Le Conseil a donc renoncé, majoritairement, à donner son avis.
Autre exemple : je constate que la grande majorité des leaders du MoDem parisien, identifiés lors des élections internes de 2008, ont quitté le parti, et d'après leurs engagements depuis, ils sont à peu près tous sur la même ligne politique. Donc il leur aurait suffi s'entendre, en 2008, pour être nettement majoritaires, et s'exprimer au nom du MoDem de la capitale, ce qui n'est pas rien. Pourquoi ne se sont-ils pas entendus ? Je l'ignore, mais amha, ça ne dépendait que d'eux.
Euh... J'ai un peu de mal à comprendre comment tu peux mener des actions militantes d'ampleur pour un parti sans avoir l'air de parler ou d'agir peu ou prou "au nom d'une personne morale, le MoDem par exemple". Il me semble que dès lors que tu milites pour un parti, tes mots et tes actes engagent d'une certaine manière ce parti, et l'engagent d'autant plus que ton action a plus d'ampleur et de visibilité.
Evidemment, si tu conseilles à ta mère ou à ta tante de voter MoDem, tu agis en ton nom propre. Mais si tu organises un café-démocrate, un point-orange, si tu rédiges un argumentaire ou un tract, tu engages inévitablement le parti pour lequel tu milites. C'est ce qui m'est arrivé, c'est là que je me suis entendu dire "Il faut la validation du siège" (il s'agissait pour quelqu'un au 133 de lire une quinzaine de pages et de donner son imprimatur) et c'est là qu'un travail de plusieurs semaines est monté au 2eme étage du 133 pour n'en plus jamais redescendre. Aucune réponse, ni positive, ni négative. La pure et simple indifférence. Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres.
Je maintiens que le militantisme et le terrain sont absolument le dernier des soucis de Bayrou et de sa clique. Or, cela me paraît refléter un état d'esprit plus général de fermeture, de mépris des gens et de manque d'empathie ; tous défauts rédhibitoires à mes yeux pour exercer la magistrature suprême. C'est pourquoi je ne voterai plus jamais Bayrou.
Personnellement, je me fichais bien de rencontrer ou non Bayrou. Là n'est ni la question, ni la déception. Mais j'ai constaté que non seulement l'organisation militante était LE gros point faible du MoDem, mais encore que les efforts BENEVOLES de personnes compétentes pour mettre cette organisation sur pied étaient non pas méprisés mais contrariés, et en premier lieu par ceux qui en avaient officiellement la charge (suivez mon regard du côté d'Arras).
Ce constat, joint au spectacle des résultats désastreux de la "stratégie" des dirigeants, à l'absence totale de remise en question et aux méthodes autoritaires employées pour faire taire les voix divergentes (mêmes les plus modérées et les plus respectueuses, parmi lesquelles celles de ces personnes du MoDem parisien que tu évoques et qui ont bel et bien cherché à se faire entendre) m'a convaincu, comme des dizaines de milliers d'autres adhérents démissionnaires, qu'il n'y a rien à attendre du MoDem ni de son président. Ce fut une grosse déception, mais c'est ainsi.
Amicalement,