Christophe Ginisty a lancé, et Nelly me répercute, une chaîne dont le principe est "je vous propose de donner 2 choses qui vous ont fait douter et 3 choses qui vous ont rendu fier d'être au MoDem".

Le principe de cette enquête d'opinion interne méritait d'être tenté, je participe en répondant et sans doute relayant (on verra tout à l'heure). Même si le sujet m'inspire peu. Parce que je n'ai pas particulièrement de doutes - j'avais largement dépassé la trentaine quand j'ai adhéré, j'avais eu le temps de me renseigner - et que je ne définirais pas "être au MoDem" comme une fierté - c'est juste mon opinion sur ce dont la France et le monde ont besoin : de la démocratie.

Bref… essayons néanmoins un retour sur dix-huit mois de MoDem, en commençant par les doutes, conformément à la consigne.

1- J'ai certainement eu des occasions de douter du succès du MoDem. Les principales sont les dégelées électorales que nous avons subi en juin 2007 (j'étais au siège, au central d'enregistrement sur Excel des résultats… une grosse soupe à la grimace) et en mars 2008 (j'étais candidat, nous n'avions pas imaginé possible un résultat aussi mauvais que 5,1%).

2- J'ai aussi eu des doutes sur les chances que le MoDem soit un mouvement démocrate, dépasse le statut d'un fan-club. Beaucoup de dispositions statutaires ou réglementaires, nationales ou départementales, qui me semblaient de nature à faire réussir la démocratie interne, à encourager l'engagement et la responsabilité militantes, ont été retoquées ; y compris par la majorité des militants dûment consultés. Au fond, s'il y a une impulsion commune, un mouvement commun, chacun le comprend différemment, et ça fait tourner le cercle vicieux de la méfiance.

Et en continuant par les motifs de fierté.

3- D'abord, les principes politiques démocrates marchent, la conception politique démocrate est plus nécessaire que jamais dans le monde nouveau qui se déploie, et que les médias commencent à découvrir. L'imposture sarkozyste, son absence de projet, sont dévoilées, sa pratique du pouvoir est au-delà du pire de ce que j'aurais pu imaginer (moi qui n'avait guère d'a priori favorable) - et on n'entend plus l'ombre d'une critique contre le projet que François Bayrou proposait en 2007. Alors c'est facile de bloguer, c'est facile d'élaborer (ce qui me semble toujours être) un excellent projet municipal, et c'est très facile de faire l'accord des démocrates sur ce que l'on propose pour la ville, le pays, l'Europe...

4- Ensuite, la démonstration a été faite en vraie grandeur, à la face du monde, que l'on peut gagner une élection avec ces principes, cette conception, cette autre façon de faire de la politique. La victoire de Barack Obama est plus qu'une fierté pour les démocrates, c'est un soulagement - non, nous ne sommes pas maudits ;-) … oui, on peut convaincre et gagner. Même si c'est difficile, même si ça demande une énergie de folie, une constance à toute épreuve, un soulèvement populaire de masse et une organisation de premier ordre. Yes, we can!

4bis- Jusqu'après la passionnante nuit démocrate, je gardais un petit doute : l'Obama que je me représente, bayrouiste au fond, est-il le vrai ? Mon voyage IHEE à Chicago et en Californie m'aura donné cent occasions d'en voir et entendre plus sur Obama - et de vérifier que c'était le même ! Il a même annoncé à la fin de la semaine des choix (sur la politique de santé) dont j'avais auparavant avancé l'hypothèse. Se sentir sur la même longueur d'onde que le Président des États-Unis, ça fait plaisir, même si ça ne rapporte pas un kopeck. Je fais partie des centaines de milliers de gens qui ont applied sur change.gov, mais ça aussi ne rapporte rien !

5- Mon troisième motif de fierté n'a à voir qu'indirectement avec le MoDem. C'est d'avoir pu, avec l'aide de mes amis, retrouver une activité professionnelle qui garde la famille "la tête hors de l'eau", malgré l'étiquette orange qui, google aidant, ne me lâchera plus. D'autres collègues de la campagne Bayrou, surdiplômés et hypertalentueux, cherchent encore, 18 mois après, un gagne pain ... C'est dur, et c'est pourquoi je respecte complètement les collègues, élus ou collaborateurs, qui sont passés du côté sarkozyste de la force. Il n'y a pas de honte à gagner sa vie et à nourrir les siens. Mais être un militant démocrate actif, publiquement, et gagner sa vie sans un gramme de sécurité de l'emploi, ce n'est pas une petite fierté.


La chaîne ayant fait trois fois le tour de la modémosphère de petite ceinture, je fais juste un coucou, en leur suggérant de prendre la suite, à quelques militants ou sympathisants, valdoisiens, provinciaux ou mondiaux - Cédric Augustin, Stéphane Mot, Yann Le Du, Giacomo, Françoise du Canard, Christophe Hénocq... (avec une pensée pour Florence et Laure, déjà taguées !).