Vu de France, je regrette avec Hervé que François Hollande se mette sur la ligne de Nicolas Sarkozy en Libye, prêt à tirer dans le tas en infraction avec le droit international, simplement pour… obtenir quoi déjà ? Ça n'est pas clair du tout.

J'entendais hier un passage du discours de M. Ayrault devant l'Assemblée, tout à fait désolant : il demandait "quelle crédibilité" nous aurions si nous n'y allions pas, etc.

On n'entre pas en guerre pour le plaisir de la crédibilité, mais pour gagner cette guerre contre nos ennemis.

Les réponses de l'opposition, notamment MM. Jacob et Borloo, étaient d'un meilleur niveau, toujours d'après les passages que j'en ai entendus.

Mais, en regardant vers la Syrie, nous assistons de façon presque certaine à un crime contre l'humanité commis par le régime Assad. Du moins, par un bon nombre de personnes à un très haut niveau de commandement dans le régime Assad.

L'objectif doit être double :

  • faire cesser ce crime, en empêcher la réitération. Les coupables, quels que soient leurs noms, sont encore en fonctions, ont encore d'immenses stocks d'armes chimiques, et n'ont aucunement regretté leur opération ni même annoncé qu'elle serait la dernière.
  • en arrêter les suspects et les juger.

Bien sûr, il faut attendre que les éléments soient établis par la mission de l'ONU, puisqu'elle a été lancée à cet effet ; ce doit être pour réagir plus efficacement, plus collectivement, en anticipant mieux les conséquences à long terme de cette réaction internationale.

Mais il serait tragique, pour les Syriens et pour l'humanité, que la responsabilité de protéger les civils, établie par le Sommet mondial des Nations Unies en 2005, s'avère lettre morte. Cf. le dossier du Secrétariat général des Nations Unies sur ce sujet (et sur le cas syrien) ici.

Les Syriens sont des humains, dont, là-dessus je suis d'accord avec François Hollande, dans cette tragédie, "tout est notre problème."


Ça concerne l'humanité, donc, quand la force armée semble indispensable pour obtenir un résultat, les États.

Je vous fais partager un petit dialogue par SMS, tenu avant-hier avec un candide (ou faux candide) qui me trouvait trop indulgent pour la "dictature" de Vladimir Poutine, selon ses termes.

Dans tous les cas, ce que fait la Russie est immoral. Ils n'ont pas le droit d'alimenter la Syrie de cargaisons d'armes tous les deux jours ! Ils alimentent la guerre et ne participent pas à sa fin. En fait, la Russie est individualiste. Du moment que cette nation prospère économiquement, c'est la belle vie ?…
— Après les massacres de mercredi (dernier), la Russie devrait bouger. Par exemple, quand les inspecteurs de l'ONU auront rendu leur rapport, voter l'ouverture d'une instruction par le Tribunal Pénal International. Si elle ne fait pas ça, c'est très moche.
La Russie est dans l'ONU, non ?
— D'habitude c'est elle qui bloque les votes du Conseil de Sécurité contre le régime Assad. Là, elle devrait au moins accepter une résolution impersonnelle contre les auteurs des massacres. J'espère.
C'est l'ONU qui fixe les crimes contre l'humanité, non ?
— En gros oui, elle ou, à sa demande, le Tribunal Pénal International.

Merci public pour ces questions qui pointent le seul sujet : comment protéger l'humanité contre les pires crimes, c'est-à-dire rendre effectif le droit "humanitaire" international, quand les meilleurs alliés des criminels ont droit de veto ? Si la protection des civils est inopérante dès que les criminels ont des armes soit américaines, soit françaises, soit britanniques, soit russes, soit chinoises, elles est inopérante tout court.

Mon espoir, ténu, est qu'il y ait, y compris pour chacun des dirigeants des 5 membres permanents du Conseil de Sécurité, quelque chose de plus important qu'une base militaire ou qu'un contrat, de vente de missiles ou d'achat de pétrole. Et de plus important que les positionnements de politique intérieure, que la comm' et la recherche de crédibilité. Quelque chose qui s'appellerait la paix mondiale, la protection de l'humanité contre la barbarie.