L'accord du 21 juillet était destiné à gagner 5 semaines de délai (le temps de trouver une solution définitive avant fin août[1]), il a marché 15 jours.

L'accord du 27 octobre est destiné à gagner six ou sept mois, jusqu'à la présidentielle française, et il tiendra peut-être jusque là, par l'énormité des sommes mobilisées.

Ou plus exactement, des sommes à mobiliser — puisque l'argent n'est pas là.

On ne peut mieux titrer que la Voix du Nord : "Crise de l'euro : impuissante, l'Europe appelle les pays émergents au secours".

L'accord tient en deux points, si j'ai bien compris :

1- Pour éviter la faillite à court terme de la Grèce, les Etats ont forcé les banques à convertir la moitié de ces dettes en capital qui sera détenu par les Etats eux-mêmes ;

2- Pour éviter la faillite des Etats, ils décident d'emprunter encore plus auprès de la Chine et compagnie, en se garantissant partiellement les uns les autres pour gratter sur les taux d'intérêt — c'est le principe du FESF, et ça se rapproche d'euro-obligations.

Ça revient à partager le pouvoir d'accepter ou non de financer nos fins de mois, entre la Chine, le FMI, l'Allemagne, le contribuable et quelques autres.

Et ça annonce donc une belle période de chocs boursiers, de négociations de marchands de tapis semaine par semaine, de psychodrames et de plans de rigueur successifs, pour tenir, au moins, jusqu'à la présidentielle,…

… après quoi on réfléchira peut-être à des réponses durables.

Il n'y avait peut-être pas d'autre moyen de procéder : pour toute restructuration — d'entreprise, d'association, de commune, de services, d'Etat — il faut acheter un peu de temps.

Mais ça fait quatre ans au moins qu'on achète du temps et que presque rien n'en est fait ; chaque année il coûte plus cher, et cette année où nous cédons le pouvoir à nos créanciers, il risque de nous coûter très très très cher.

On verra — wishful thinking — si nos gouvernants en font un meilleur usage, que des quatre années précédentes.

Notes

[1] Et vous aurez remarqué, comme moi, qu'août est passé…