J'étais hier soir au Conseil Municipal jusqu'au point 9 de l'ordre du jour ;-)

Le point 8 avait suscité une forte mobilisation autour du directeur du Centre social Conjugue, Hamou Aguini, qui a été également candidat aux cantonales 2011 et législatives 2012.

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Voici mes notes des débats en Conseil. Je donnerai mon point de vue plus tard, là ce sont les heures de travail ;-)


Le point à l'ordre du jour est "Équipement municipal de la Bérionne."

Présentation très brève par le Maire, Philippe Doucet : "C’est le nouveau bâtiment en train de sortie dans le jardin de la Bérionne. Les maisons de quartier ont été labellisées Centres sociaux par la CAF. Nous souhaitons que ce soit aussi le cas à la Bérionne."

Gilles Savry (UMP) : l’intervention de notre groupe sera faite par M. Métézeau. Ce projet touche une association, Conjugue, je vous demande une suspension de séance pour leur accorder la parole. (Applaudissements).

Philippe Doucet : le Conseil Municipal est souverain, on va avoir le débat, le Président de cette association m’a demandé un RV, je le recevrai bien volontiers.

Philippe Métézeau (UDI, chef du groupe d'opposition, conseiller général du Val d'Oise) : sous le titre anodin de cette délibération, vous voulez supprimer un autre centre social : Conjugue. De la Bérionne on ne connaît ni le projet, ni les animateurs, ni le projet… le Conseil général n’a d’ailleurs pas été consulté.

Quand nous étions majoritaires (à Argenteuil), nous avons maintenu tous les centres sociaux et nous en avons créé.

Conjugue, créé il y a 25 ans, a travaillé avec toutes les municipalités quelles que soient leurs couleurs politiques. Que lui reproche-t-on ? De ne pas contribuer au fameux « vivre ensemble » ? Au contraire ! Il écoute les habitants, les familles, en particulier les plus fragilisés ; son travail tient la route. Les habitants expriment leur stupéfaction devant la menace de sa disparition et sont nombreux dans le public à soutenir Conjugue.

Les difficultés de l’association viennent du refus de la Municipalité à verser 115000 € pourtant votés au budget 2012, alors que nous sommes en avril 2013. Conjugue a pourtant continué à fonctionner, et a été l’un des 4 centres du Département retenus dan l’appel à projet du Conseil général, pour 40000€. Conjugue a aussi bénéficié d’une partie de la réserve parlementaire du député Georges Mothron, 24000 € en 2012.

Que reproche-t-on à Conjugue ?

  • Une convention non signée ? Alors que s’est-il passé le 4 mai 2012, devant le photographe de l’Argenteuillais ? Les textes ont été signés, mais sont restés à la Mairie.
  • Les emplois[1] ? Vous proposerez sans doute un CDD d’un an jusqu’à avril 2014.
  • Son directeur ? Les habitants s’exprimeront.

Selon vous, les engagements de la Ville pour la rénovation urbaine prévoient « un nouvel équipement de proximité ». Précisons ce que dit la Convention du 22 mai 2005 : « aménagement de nouveaux locaux pour le centre social Conjugue ». Une délibération de 2009 cite le « centre Conjugue ». Le Maire propose le 9 février 2009 l’engagement de 1,3 M€ pour la « construction du centre social Conjugue », lance un appel d’offres en octobre 2011 pour cette « construction du centre social Conjugue », le marché a été attribué sur cette base. Il y aurait un fort risque juridique si le bâtiment était détourné de son objet. En 2012, le Maire évoque le permis de construire pour le « centre social Conjugue ». Votre publication « Argenteuil change » mentionne à côté de votre photo, votre engagement pour le « centre social Conjugue ».

Vous demandez un agrément pour un centre social futur combiné à la Maison de quartier. Ça fonctionne dans d’autres quartiers… mais que dire de la gestion du personnel ? Vous avez changé tous les directeurs de centres sociaux, puis ceux que vous aviez nommés vous-même. Le personnel est plutôt victime qu’acteur.

Rappelons-nous les 160000 € perdus par les centres sociaux parce que vous n’aviez pas présenté de bilan, ce qui avait causé un déconventionnement d’un an par la CAF.

Je vous appelle, chers collègues, au courage, à la réflexion, et à vous interroger sur l’avenir des autres centres sociaux d’Argenteuil. À vous de choisir. (Vifs applaudissements du public).

Zouher Sotbar (PS, groupe majoritaire) : on nous propose une délibération qui, cela a été dit tout de suite, en cache une autre : améliorer l’offre de service public… en détournant un équipement prévu pour le centre social Conjugue. Cette délibération traduit l’ignorance de ce qu’est un centre social. Au-delà de la proximité et de l’accueil, un centre social contribue à la reconnaissance de tous, à la solidarité, au vivre ensemble, à la démocratie de proximité.

Ils n’entendent pas devenir de simples prestataires de service ou délégataires de service public.

Quel a été le niveau de concertation avec les acteurs ? Ils ne seraient pas là aujourd’hui. Qu’adviendra-t-il des salariés de Conjugue ?

Cette délibération rejoint la précédente : vous nous parlez de vivre ensemble, balayez devant votre porte, vous essayez de détruire ceux qui agissent pour le vivre ensemble.

J’ai fait une intervention ; la moindre des choses était de répondre ; je suis obligé de constater votre manque d’éducation à mon égard.

Dominique Mariette (Lutte Ouvrière) : je vis une expérience extraordinaire dans ce Conseil : M. Métézeau, chantre de la laïcité[2], défenseur des quartiers populaires… toute démagogie est possible ! (Protestations dans la salle). Très peu ici connaissent l’histoire de Conjugue. C’étaient, à l’origine, des jeunes proches de Lutte ouvrière, sans moyens, et déjà je les mettais en garde contre un certain nombre de problèmes et de dérives.

Il y a derrière cette délibération un litige entre la Municipalité et une ancienne association du Val Nord, Conjugue (Protestations : « pas ancienne » !).

Revenons à la convention ANRU de 2005. Elle engageait la démolition de Joliot-Curie ; aucun parti politique argenteuillais, aucune association argenteuillaise à l’époque, ne dénonçait l’opération. Alors, parler de ce qui est gravé dans le marbre, non merci.

On peut reprocher à Conjugue d’avoir une vision réduite à un quartier bien délimité alors qu’il s’agirait d’ouvrir à tous ceux qui habitent des quartiers populaires. Cette situation est de longue date : les Municipalités successives l’ont acceptée. « On soutiendra Conjugue », et en échange on escompte la paix sociale… S’il y a quelque chose à reprocher à Conjugue, on regrette que ce n’ait pas été discuté depuis des années ; on ne peut pas régler à chaud cette situation regrettable. Conjugue ne doit pas disparaître : les subventions prévues doivent lui être versées, et des discussions sérieuses engagées par la Municipalité avec cette association.

Les élus LO s’abstiendront sur cette délibération.

Mouloud Bousselat (PCF) : il y a un côté réjouissant à voir le rappel (par la droite) au respect de la convention ANRU… On sait où est passé le terrain de rugby, on sait la démolition du 3 Beethoven,… Les conventions ANRU peuvent être avenantées, ce sont vos amis Eric Woerth et (…) qui ont mis ça en place en 2010.

La délibération proposée à notre Conseil porte sur le devenir de l’équipement de la Bérionne pour constater « l’amplification et la diversification d’activités sociales », là-dessus il y a un large consensus.

Sans nier l’émotion ni la mobilisation que suscite l’avenir de ce centre, je donnerai la position de la majorité de mon groupe…

L’opposition actuelle expliquait en 2004 à Conjugue et à l’ATMF, je cite, qu’il ne faut pas « mordre la main de qui vous donne à manger ».

Nous voulons passer d’une ville fragmentée à une ville unifiée, décloisonner les espaces et les territoires,… Le choix inscrit dans la délibération a été guidé par l’objectif d’assurer la présence des services publics dans les quartiers. (Long développement). La Ville affirme sa volonté de structurer le portage des centres sociaux sur son territoire avec plusieurs axes, au moins trois (…). Je propose donc aux élus de mon groupe de voter cette délibération.

Dans la salle « le parti communiste n’est pas mouillé là-dedans. On n’a jamais discuté de ça. Démission ! ».

Mohammed Joddar (groupe d'opposition) : je ne voulais pas intervenir, mais suite à l’intervention de M. Bousselat, je ne peux pas résister. Le vrai sujet, c’est nous (= le Maire) ne voulons plus de M. Aguini, point ! (applaudissements).

Rachida Habri (PCF) : notre ville Argenteuil est composée, comme chacun le sait, de 6 quartiers. Leur différence constitue la richesse de notre ville. Cette délibération parle d’une centre social identifié et connu de tous. Je connais la complexité de la situation, mais reste convaincue que les citoyens du Val Nord sont effrayés. Tout changement fait peur. Il est nécessaire de l’opérer en concertation. Les citoyens demandent plus de temps pour se décider, et plus d’éléments sur le devenir de leur centre social.

Je voterai contre cette délibération.

Philippe Doucet : il y a confusion entre deux sujets. Le sujet du centre La Bérionne, et le sujet Conjugue, que plusieurs ont évoqué dans leurs interventions. Comment on construit une ville qui n’est pas qu’un ensemble de sous-quartiers, comment on sort des logiques de ghetto, c’est au cœur du sujet. Pour engager cette dynamique sur le Val Nord, il fallait la rénovation qui change le quartier, et le regard que les autres Argenteuillais peuvent porter sur le Val d’Argent. Des choses bougent. Nous déclinons un projet social des territoires. Nous avons souhaité qu’il n’y ait pas des « mairies de quartier » mais des « maisons de quartier », conventionnées « centre social » pour offrir le maximum aux familles. Il y aura sur le Val Nord comme sur le Val Sud, et sur le Val Notre Dame, une maison de quartier, avec un centre social rattaché à la maison de quartier.

La convention ANRU, on va faire un petit cours à M. Métézeau, donneur de leçons quand il ne connaît pas ses dossiers. Je préside le GIP de façon alternée avec le Préfet du Val d’Oise. Nous avons fait 8 avenants. Nous nous sommes opposés à la destruction de logements sociaux qui avait été prévue par cette Convention. Faut assumer vos positions ! Nous avons modifié plein de projet, rajouté de la rénovation de logements sociaux. Nous voulons un centre social, tout cela a été vu avec l’Etat puisque nous copilotons.

Le personnel, le directeur, ce n’est pas le sujet. Nous avons fait une proposition de convention, suite à la décision du Conseil général qui avait coupé les financements de la Maison pour Tous et de Conjugue… (mouvements divers)… Preuve en est qu’ils sont tous venus nous voir, nous avons pris l’engagement de financer 50% du désengagement du Conseil général.

Le service public municipal, on dit pas, on fait. Une maison de quartier, ça ne veut pas dire qu’on ne veut pas de Maison pour Tous sur la dalle, et de Conjugue. La maison de quartier du Val Sud n’empêche pas l’ATMF de vivre, et de proposer à peu près les mêmes services qu’un centre social.

Nous avons proposé à la MPT une convention sur 3 ans, et remplacer l’agent d’accueil qui était là depuis 18 ans, financé par la Ville.

Les difficultés, elles sont de quel ordre ? Le respect d’un certain nombre de règles. Je le dis clairement, ça vaut pour tout le monde, Mouloud Bousselat l’a rappelé. Les associations rendent des comptes, il y a une transparence. Mouloud Bousselat est membre de droit du Conseil d’administration du Racing… (protestation dans le public).

(Hamou Aguini dépose un dossier au secrétariat de séance).

Je rappelle que la Ville alloue plus de 115000 € à Conjugue dont 12999 suite a désengagement du Conseil général du Val d’Oise, ce sont plus de 200000 € au total qui sont reçus. On souhaite une transparence de l’utilisation de l’agent public pour toutes les associations. (Vifs mouvements, huées). Nous souhaitons, comme pour MPT, qu’il y ait des élus au Conseil d’Administration. Pas plus, mais pas moins.

Hamou Aguini, du public : "On l’a signée, la convention, on l’a acceptée."

Philippe Doucet : 3 décisions de justice, depuis juin 2012, sont défavorables à Conjugue dans une affaire de droit du travail. (Huées, bruits multiples — le Maire est inaudible — une soixantaine de personnes dont Hamou Aguini sortent de la salle).

Le Maire : Ah ouais, il y a des sujets qui fâchent…

(fin de la procession)

(Ce que nous souhaitons :) On a l’ensemble des documents, on est dans la transparence, on évite qu’on nous demande pourquoi de l’argent public finance des condamnations pour astreinte au titre du droit du travail.

Philippe Métézeau : La CAF n’acceptera jamais 3 centres sociaux sur le Val Nord.

Philippe Doucet : C’est plus de 18000 habitants. Il y a de la place. Je recevrai le président de Conjugue.

(La majorité de la majorité vote pour).

Notes

[1] Point sans doute mal noté.

[2] Référence à la délibération précédente.