Ce qui est surprenant avec le chiffre de M. Guéant — 2/3 d'enfants d'immigrés "sortant sans diplôme" du système éducatif, alors que c'est en réalité 13% — ce n'est pas qu'il ait multiplié le chiffre réel par plus de 5 : c'est le coefficient sarkozyste habituel[1].

D'ailleurs, s'il avait multiplié par 10 et dit "130%", ça serait certainement passé comme une lettre à la poste, au moins auprès de l'UMP : c'est un taux d'inflation normal en période préélectorale.

Ce n'est pas non plus surprenant que Claude Guéant se pare, pour affirmer cela, d'institutions publiques et autres rapports officiels : là encore, nous sommes habitués à ce procédé rhétorique de l'extrême droite.

Non, ce qui est surprenant, c'est le degré de sottise que cela suppose, "sottise" au sens de : déconnection complète avec le bon sens.

A-t-il déjà mis les pieds dans une école réelle ? Dans un quartier réel où vivent des immigrés ? (Le XVIème par exemple, et puis d'autres aussi ?). Connaît-il le système français de diplômes ? La notion d'orientation ?

Sur trois enfants dont les parents seraient venus de l'étranger, au bout de 13 ans de scolarité obligatoire (et de plus encore d'années d'études, pour presque tous), un seul parviendrait à obtenir un brevet des collèges ou un CAP ?

Ce qui est rassurant, c'est qu'on ne peut pas parler de racisme, car pour formuler une pareille accusation, il faudrait comprendre de qui Claude Guéant parle :

  • Considère-t-il les familles immigrées, au moins 2/3 d'entre elles, comme composées de débiles mentaux,
  • OU prend-il les professeurs d'écoles et de collèges pour les derniers des derniers des incapables, la lie des professions,
  • OU les deux à la fois ?

Notes

[1] nombreux exemples repris sur ce blog, pas le temps de faire le pointage.