Cette fois-ci, la non-pensée unique frappe Fabrice Rousselot, de Libération.

"Il faut imaginer le scénario catastrophe : … une zone euro qui explose et des marchés qui partent en vrille … L’Europe, disait-on, ne laisserait pas le pire se produire et saurait réagir pour défendre ce qu’elle a mis tant de temps à bâtir. Aujourd’hui … à force d’atermoiements, de divisions et d’incohérence, l’UE est la première responsable des soubresauts grecs qui secouent la planète. A force d’étaler au grand jour son refus de solidarité, l’Allemagne d’Angela Merkel, notamment, n’a fait que relancer la spéculation sur des marchés de plus en plus sceptiques quant à la volonté européenne …"

C'est l'hôpital qui se moque de la charité.

La volonté ne manque pas. C'est juste que quand on peut pas… on peut pas vouloir, ou il vaut mieux ne pas trop le montrer.

L'Europe n'a pas de baguette magique, elle n'a que des finances publiques déficitaires.

S'attaquer à l'Allemagne est grotesque : la RFA a tiré du gouffre économique et financier communiste l'ex-RDA, pour de l'ordre de 1300 milliards d'euros ; s'il y a un État qui devrait être considéré comme ayant fait tout son possible, c'est bien l'Allemagne.

Et les autres Etats européens ? Dans le même temps, la France ruinait consciencieusement son État. On va mettre quoi en gage pour garantir la dette grecque ? Nos autoroutes ? Non, je blague.

Le Royaume-Uni (hors zone euro, certes), misait tout sur la haute finance, et a trouvé en elle un joueur de bonneteau plus fort que tout Etat. L'Espagne se développait par l'immigration massive (choisie ou subie) et l'immobilier, ce sont choses fluctuantes. Le Luxembourg … ah oui, il y a le Luxembourg, dont le côté "sas vers le paradis" a attiré quelque argent, mais il n'était que de passage.

Je vois mal quelle feuille de vigne ou quelle couronne d'étoiles cacherait la nudité de nos finances publiques.

Ce n'est pas seulement la Grèce qui va devoir faire face aux administrateurs judiciaires.

Et aurait-on pu éviter tout cela ? Mais bien sûr.

Et pourrait-on demain trouver un autre modèle de développement, qui nous évite de retomber dans les mêmes ornières ? Certainement.

Est-ce que nous en prenons le chemin ? À en juger par les dernières élections et l'état de l'opinion : pas du tout.