Les leaders du MoDem, d'Europe-Écologie et des royalistes se font les yeux doux, tandis que CPNT et Villiers, épuisés par trop de défaites, espèrent de l'UMP un plat de lentilles. Esquisse de deux coalitions, de centre-gauche et de droite, qui laisseraient en marge, comme de coutume, Le Pen et LO.
Je crois le rapprochement que conduit le MoDem nécessaire : pas de politique démocrate possible en France sans l'écologie ni la gauche démocrate.
Je me dissocie de la critique lancée et réitérée par Christophe Ginisty : non, pas plus dans un parti que dans toute autre organisation, on ne peut débattre préalablement à des centaines de personnes, de telles manoeuvres d'états-majors. Ce qu'on peut demander, c'est un aller-retour qui permette d'en débattre au fur et à mesure, ce sont des prises de position publiques qui permettent d'en discuter librement.
Cependant je crois la motivation et la mobilisation de nos énergies pour les régionales, bien plus importantes que ces manoeuvres d'approche. Parce que si nous sommes pas plus forts au printemps qu'aujourd'hui, nous seront les dindons de toutes les farces électorales, de gauche comme de droite.
"Vous êtes de gauche. Je suis du centre. Mais nous pouvons construire ensemble," a déclaré Marielle de Sarnez.
Le MoDem n'est pas parvenu à constituer à lui seul l'équivalent "des démocrates" américains, italiens ou japonais. Mais il reste, me semble-t-il, engagé dans cette direction, prêt à s'allier avec d'autres qui prendraient le même chemin.
J'apprécie la formule retenue dans l'intervention de Marielle de Sarnez, et ne vois pas l'intérêt de nous présenter comme "de gauche" (même si certains des militants MoDem se considèrent eux-mêmes comme de gauche, ou de centre-gauche - et d'autres comme de droite, ou de centre-droit). Même si la tradition politique du centre est mal connue en France, ses valeurs parfois moquées, ce sont bien elles qui nous rendent différents et complémentaires, qui font que nous apportons quelque chose dans une coalition.
Je reviens aux quatre sujets porteurs pour le vote Bayrou en 2007 (selon les sondages sortie des urnes) : Europe, équilibre des finances publiques, éducation, environnement (quatre des "six E" qu'il évoquait à l'Université d'été de la Grande Motte, huit mois plus tôt[1]).
Ils ne ressemblent en rien à une "formule magique de gauche".
L'Europe est portée en France (et ailleurs) par une coalition centrale, contre les extrêmes.
L'équilibre des finances publiques a été porté en 2007 par le seul Centre (actuel Nouveau Centre inclus !), alors que traditionnellement gaullistes et libéraux y étaient vigilants également. C'est une part de l'héritage de la droite que Nicolas Sarkozy a jeté aux orties.
L'éducation était le sujet central de la campagne Bayrou en 2002 et le thème sur lequel il a concentré ses ambitions politiques nationales quand il a élu député (son premier livre, en 1990). C'est traditionnellement un sujet sensible sur tout l'échiquier politique.
L'environnement était un sujet commun aux campagnes Bayrou, Royal et à celles des candidats écologistes. Cela nous rapproche d'alliés potentiels à gauche, mais ce n'est en rien un thème "de gauche" (les Verts sont les premiers à déplorer l'aveuglement de leurs partenaires de gauche, PS inclus, sur les sujets environnementaux).
Ce sont "nos" thèmes porteurs, sont-ils compatibles avec des alliances potentielles à gauche ou à droite ?
À droite, on voit bien qu'ils sont compatibles avec plein de gens (UMP ou non : Nicolas Dupont-Aignan, Christine Boutin... !!!), mais en opposition quasi-complète avec la politique menée par le leader incontesté de la droite, le Président de la République actuel.
À gauche, non seulement ces 4 thèmes sont compatibles avec plein de gens, mais ce sont, me semble-t-il, les grands sujets d'un parti ou d'une coalition démocrates dignes de ce nom, à la Obama. Nous sommes là en opposition essentiellement avec la gauche agit-prop', qui se moque de l'Europe, considère les finances publiques comme une fiction, limite l'éducation à une question de droits syndicaux des personnels, et que le réchauffement climatique laisse froid, dans la grande tradition ouvriériste-industrialiste.
Problème : cette gauche agit-prop' représente à peu près autant de suffrages aujourd'hui que le MoDem ; et ces suffrages sont à peu près acquis, dans les seconds tours, aux candidats de la gauche classique, disons aux socialistes. Pourquoi donc les socialistes sacrifieraient-ils le renfort passif de l'extrême-gauche, à une alliance exigeante avec nous ?
La condition d'une coalition productive et durable avec la fraction démocrate de la gauche reste donc toujours la même, et elle n'est hélas pas encore atteinte : être plus forts que nous ne le sommes, convaincre et rassembler plus de Françaises et de Français. Sur nos propositions, notre vision de l'avenir, nos capacités à construire la société de demain.
Notes
[1] Avec l'entreprise et la lutte contre l'exclusion.
@Frédéric : 100 % d'accord avec toi !
Frédéric, de mon côté, je remercie Christophe d'avoir exprimer ce que nous sommes nombreux à penser. Si le débat n'a pas lieu un minimum en interne en premier lieu, alors il ne faut pas s'étonner qu'il se fasse sur le net ou ailleurs....
Je ne vois pas ce qui permet à Marielle de dire à la gauche "je vous parle au nom du famille politique..." alors que ce débat n'a pas encore eu lieu.
Et pourtant, j'aime son discours et j'y adhère.
Ce coup-ci, je suis en accord avec vous sur la majorité des points. Mais je suis aussi d'accord avec l'argument de Christophe Ginisty. Décidément, le Modem a bien du mal à soigner ses maux.
En même temps, la stratégie se décide en haut. Mais le travail qui consiste à faire accepter les décisions à la base, lorsqu'il ne s'agit pas d'adhésion totale, ne peut pas être balayé comme s'obstine à le faire notre mouvement.
Après la troisième voie et un echec aux européennes, la nouvelle stratégie serait une voie de gauche ? Illisible si cette stratégie nous est livrée en l'état.
Bon billet, je suis globalement d'accord.
@ Celine "il ne faut pas s'étonner qu'il (le débat) se fasse sur le net ou ailleurs...." ... et justement, non seulement je ne m'étonne pas, mais j'y participe !
Tout à fait d'accord avec la conclusion... mais nous n'en prenons pas le chemin, ce qui m'inquiète ! Pour être plus forts, il nous faut un peu plus de courage politique, la capacité à assumer nos choix (européens, par exemple) et à organiser une énergie qui ne demande qu'à se mettre au service du développement de notre parti !
Un point concernant le PS : pour ce qui est de l'équilibre des finances publiques, ils ont fait leurs preuves... leur gestion n'est pas des plus rassurantes !
Amicalement,
@ Marie Thureau sur le dernier point : je l'ai écrit, la préoccupation de l'équilibre financier est traditionnellement portée par les gaullistes, les libéraux, le centre (Barre : dernier budget en équilibre à ce jour). Cependant, croissance aidant, les gouvernements Rocard et Jospin ont mieux réussi sur ce plan que les gouvernements de droite des années 80 à … aujourd'hui.
Merci Frédéric de ton analyse. J'y adhère. Sauf que je pense qu'il faut travailler ensemble au sein du MoDem et se serrer les coudes plutôt que de critiquer quelqu'un dès qu'il sort de la masse, comme Christophe et son initiative qui demande des choses totalement normales...
Comment se rapprocher de gens différents de nous si nous ne sommes pas capables de nous serrer les coudes ensemble au MoDem ?
Ceci dit, tu as raison dans l'analyse MoDem-PS.
As-tu lu le blog de Jean-Louis Savarin ?
http://www.jlsavarin.fr/?p=469
@ Danièle : franchement, si tu estimes que Christophe Ginisty doit avoir le droit de critiquer, mais qu'on ne doit pas avoir le droit de critiquer Christophe Ginisty,... ou que Christophe Ginisty ne doit pas être solidaire de l'initiative de Marielle de Sarnez, mais qu'on doit être solidaire de l'initiative de Christophe Ginisty ... il y a quelque chose d'absurde dans le raisonnement.
Mon avis, comme je l'ai écrit ci-dessus, c'est que le débat ne se réclame pas, il se pratique.
C'est ce que Christophe fait très bien, c'est ce que je fais aussi à plus petite échelle, nous sommes souvent d'accord, et heureusement que quand nous sommes en désaccord nous pouvons aussi le dire ... sinon, il ne serait plus un débat !
Et oui, j'avais vu l'article de J.-L. Savarin, tu as bien fait de mettre le lien, merci !
Je suis également d'accord !
Pour une association avec l'écologie, je suis de Nantes et le modem avait proposé de rendre l'ensemble du réseau des transports publics gratuit à la place d'un nouvel aéroport !
Une superbe idée qui malheureusement n'a pas aboutie...
Bonne fin de journée, Gael
Dire que Sarkozy a jeté aux orties en 2007 l'héritage de la droite sur les finances publiques me parait exonérer facilement Jacques Chirac de ses responsabilités dans ce domaine
N'oublions pas que c'est lui qui a sortie la funeste idée de la cagnotte lors de son discours du 14 juillet 1999, contribuant à faire abandonner par les socialistes la sage politique menée jusque là par DSK
Et le quinquennat de Chirac ne m'a pas paru un modèle de maîtrise!
Quand à Dupont Aignan que je ne connais il est vrai guère, je constate avec surprise qu'il partage les idées du Centre sur l'europe
@ Verel : tout à fait d'accord sur la triste dérive de la droite depuis, à vrai dire, les deux derniers trimestres du septennat Giscard. Disons que M. Sarkozy atteint dans ce domaine un record d'irresponsabilité.
Sur Nicolas Dupont-Aignan, il mérite d'être lu et écouté attentivement, y compris sur l'Europe. Son discours est très différent de celui de Villiers (pas étonnant qu'ils n'aient pu s'entendre sur des listes communes). Et c'est un rare exemple d'esprit indépendant qui s'assume, à droite, cf. http://demsf.free.fr/C1749692591/E2...