Rodolphe Geisler Hervé Gattegno sort demain un ouvrage sur "Bayrou l'obstiné" (amazon, alapage). Les extraits parus dans la presse sont prometteurs quant au sérieux de l'enquête.

Mais en moins cher, et dès aujourd'hui, Antoine Vielliard a publié sur son blog un billet qui aurait pu avoir le même titre. C'est le portrait de François Bayrou le plus juste que j'aie lu jusqu'ici[1].

La photo elle-même est particulièrement juste, on dirait du Soazig de la Moissonnière si l'oblique n'était pas aussi forte.

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Juste pour vous donner envie de lire l'original :

J’ai rencontré François Bayrou au début des années 90. Etudiant à Paris après un bac à Annemasse (…). Je ne mesurais pas encore que l’échec ou le rétablissement de la souveraineté budgétaire de la France allait un jour dépendre de l’élection de cet homme à la Présidence de la République.

J’ai commencé à le côtoyer lors des européennes de 99 alors qu’il était tête de liste nationale face à Hollande et Sarkozy déjà. Premier choix, premier élément de personnalité : Sarkozy et Hollande démissionnent de leur mandat de député européen le lendemain de l’élection. François Bayrou au contraire s’engage dans ce mandat décisif[2]. (…)

Tout en partageant ses convictions, j’ai longtemps été énervé par un aspect de sa personnalité : son incapacité à remercier ceux qui s’engagent[3]. C’est l’une des raisons essentielles qui expliquent pourquoi il a parfois été abandonné par certains de ses proches. Au-delà du fait qu’en politique, contrairement à Facebook, le nombre d’amis est proportionnel au nombre d’électeurs. En le côtoyant j’ai compris qu’il juge que tout engagement politique se fait au service d’idées communes et pas au service de ceux qui les portent : pourquoi remercierait-il ceux qui ne font que défendre leurs convictions. Il déteste les courtisans et ne cajole pas ceux qui le flattent. Il attend de chacun franchise, honnêteté et un engagement désintéressé. Il n’est pas du genre à promettre des ministères et des nominations à qui que ce soit (…). Il estime que chacun doit s’engager librement en adulte, comme lui-même le fait. (…)

Rares sont les élus de son niveau qui renonceraient pendant 10 ans à devenir ministre pour défendre leurs valeurs. (…)Il a préféré son autonomie politique et ses convictions au prix de la solitude. Il aime citer la fable du chien et du loup pour décrire à quel point il préfère la liberté et la faim du loup plutôt que la laisse et la gamelle du chien.

Aujourd’hui (…) j’ai du mal à dormir quand je vois la situation de la France et les promesses toujours aussi absurdes du PS et de l’UMP (…). Lui est serein et déterminé. Confiant dans la capacité des Français à voir l’état du pays et à y remédier.

Notes

[1] avec mes regrets pour Alain Duhamel et de nombreux autres hommes de presse

[2] Pour mémoire, les trois hommes, têtes de listes des trois grands partis, s'étaient engagés à honorer leur mandat. - FrédéricLN

[3] Je ne partage pas cette phrase-là ! - FrédéricLN