Une réaction très tardive aux vidéos d'AG MoDem 31 qui avaient suscité quelque débat à l'époque, et que j'avais vues chez OAz (5 juillet 2009).
Il titrait "Les boulets du Modem : amateurisme et conservatisme" et commentait : "on voit Jean-Marie Vanlerenberghe subir à son tour la désapprobation des militants lorsqu'il évoque sa vision de l'engagement politique et, tout particulièrement, la position de "l'élu" comme véritable alpha et omega de l'action publique." Alpha et oméga n'est pas de la bouche du sénateur-maire d'Arras, qui, selon mon souvenir, disait simplement aux militants (furieux) que pour qu'un parti ait quelque efficacité, ou quelque utilité, il lui faut avoir des élus.
Je trouvais l'intervention de Jean-Marie Vanlerenberghe solide, cohérente et ... courageuse face à la bronca !
Un parti qui n'est pas capable de réunir des voix sur des candidats (pour les faire élire, a priori) n'est pas un parti, en tout cas pas au sens de la Constitution. C'est peut-être une ONG, un club de discussion, une famille de pensée, toutes choses très honorables ; mais je crois que la majorité des militants sont venus au MoDem parce que c'était un parti : avec l'idée de changer le pouvoir politique. Je ne connais aucun adhérent dont la motivation pour adhérer ait été le seul plaisir de s'exprimer, ou d'être écouté, ou de répéter comme un cabri politique "autrement, autrement"[1].
C'est quand on convainc les électeurs de vous faire confiance, et quand on exerce un mandat (de représentation ou d'exécution) que l'on peut faire changer les choses.
Ceci dit ... je suis entièrement d'accord avec le commentaire de Claudio Pirrone : il ne suffit pas, très loin de là, d'avoir un mandat, pour changer quoi que ce soit.
D'abord parce qu'un mandat obtenu par la seule combinazione partisane, sans que les électeurs se soient prononcés sur votre proposition politique, c'est du flan. Ça ne donne aucune autorité politique donc ... aucun pouvoir de changer quoi que ce soit de sérieux.
Ensuite parce qu'avoir des élus est seulement un moyen, non une fin. C'est peut-être là qu'il me semble y avoir incompréhension entre Jean-Marie Vanlerenberghe et les militants présents, qui se croient apparemment défenseurs d'une authenticité de l'engagement politique ... alors qu'en la matière, quand ils pourront se vanter de près d'un bilan de 40 années d'engagement comme celles de Jean-Marie ... on en reparle !
J'écris ça parce que je commence à en avoir vu une palanquée, de grands diseux de la démocratie authentique qui ont, quelques mois plus tard, mis leurs proclamations dans la poche pour rejoindre l'un des partis concurrents ... ou pour interrompre tout engagement politique. L'engagement se mesure aussi dans la durée !
Ceci dit sans exonérer qui que ce soit, au niveau local[2] ou national, de ses responsabilités : j'ai moi-même pu constater la difficulté à fédérer des nouveaux adhérents animés chacun d'une motivation vive… et différente, à "activer" l'énergie militante au-delà de débats en chambre, à assurer dans le combat électoral avec ses multiples contraintes médiatiques, parcours imposés juridiques, et bien sûr les pièges de la concurrence. Ceux qui se sont découragés ont eu d'excellentes raisons de se décourager.
Seulement voilà : si on siffle des Jean-Marie Vanlerenberghe, qui proposons-nous en échange ? qui aurons-nous demain comme responsables politiques ? et qui avons-nous aujourd'hui aux commandes de ce pays ?
Parmi les épisodes précédents : "Au sol, et comment se relever ?", "L'avenir du Mouvement démocrate est au centre - et en mouvement - et démocrate", "Les départs du MoDem, pourquoi, au fait ?"... et chez OAz, "Conseiller national" du Mouvement démocrate.
Bonjour Frédéric,
C'est de l'histoire ancienne mais il faut tout de même remettre les interventions dans leur contexte : 1ère réunion après la mise sous tutelle du mouvement départemental ; 2 figures du Modem envoyées en mission pour recadrer l'organisation locale et dire aux adhérents "ça suffit la conneries ; il y a des élections qui approchent ; il nous faut des élus".
Bref, la rengaine qui a duré pendant 3 ans avec les résultats que l'on connait.
Après, chacun peut avoir sa lecture de la constitution. "concourir à l'expression du suffrage" et "avoir des élus" me paraissent être 2 choses différentes. La 2ème n'est pas incompatible avec la première mais je ne vois pas en quoi elle serait obligatoire.
Je te rejoins toutefois sur la difficulté d'un engagement politique dans la durée. Et il y a beaucoup de raisons à cela mais elles prendraient trop de temps à détailler. J'en ferai peut etre un billet un de ces jours.
@OAz : merci pour le contexte -> j'ajoute la date dans le billet. C'est vrai que 13 mois, à l'échelle du web comme des soubresauts de partis politiques, ce sont des siècles (façon Inception ... merci soirée d'hier). Hélas, la déroute des législatives a été dupliquée depuis à l'identique : nous n'avons guère réussi à échapper, depuis fin mai 2007, au "Tu préfères ?" façon Palmade, soutenir la droite ou soutenir la gauche.
Et tout à fait d'accord sur les multiples différences entre "concourir à l'expression du suffrage" et "avoir des élus".
Comme je l'écris dans le billet, les élus sans suffrages… ça me semble être du flan.
Quid des suffrages sans élus ? Au feeling, je dirais : a) nous devons assumer d'être aujourd'hui (super)minoritaires, donc (souvent) battus. Certes "aussi" pour des raisons d'inorganisation ou inefficience ou paralysie interne - mais personne, parmi les pionniers de la démocratie interne, ne me semble avoir prétendu qu'elle nous rendrait majoritaires (bien au contraire). b) nous devons viser de devenir majoritaires, seuls ou dans une coalition équilibrée, sans quoi tout ce que nous pouvons raconter est aussi du flan. Dit en chanson : "Puisqu'il faut changer le monde, aux arbres, citoyens !".
Beaucoup de "rêveurs naïfs" d'une politique autrement oubliaient que le chemin serait long et difficile quand on choisit l'indépendance (majoritaire seul) et l'ouverture (une coalition équilibrée). Oui après la période de réflexion vient celle de l'action pour avoir des élus.