Les organisations humanitaires tentent d'attirer notre intérêt, et nos dons, en nous présentant, en noir et blanc, les pauvres du Sahel ou les sans-abri de Paris.

Une présentation souvent bien loin de leurs activités réelles, et celles-ci sont souvent bien loin de ce qui aiderait le plus efficacement les déshérités de notre tout petit monde.

Une organisation, le CCFD "Terre solidaire", fait exception depuis quelques années. Elle a compris ce qui freine la solidarité sociale, le développement humain, et le service public en général : c'est le détournement massif, par quelques-uns et dans quelques coins sombres, des bénéfices de l'activité économique.

Elle nous appelle à venir au secours de cet argent capturé, détourné, dévoyé.

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L’Ile Maurice, qui compte à peine un million d’habitants,… se retrouve être sur le papier le 1er investisseur mondial en Inde. Quant aux Iles Vierges britanniques, elles comptent 830 000 sociétés enregistrées pour une population de 23 000 habitants ! L’opacité permet de dissimuler des comptes et des activités douteuses aux administrations fiscales du monde, les plus touchées étant celles des pays en développement. Elle permet aussi de blanchir l’argent du crime et de la corruption.

Selon CCFD "Terre solidaire", les pays sur la liste de l'OCDE ne représentent qu'1/600ème de la finance offshore mondiale. Restent donc 599/600 à combattre efficacement. Il y a du boulot.

J'encourage donc, à distance (je ne pourrai pas y être), la manifestation face au G20 de demain jeudi 27 octobre.


Ce n'est pas une vieille lune. C'est plus que l'un des multiples rappels de notre Président à ses engagements bafoués, car comme l'écrivait h16,

Les paradis fiscaux continueront d’exister, … parce qu’ils sont bien pratiques pour ceux-là même qui prétendent vouloir s’en débarrasser. Il faut bien stocker quelque part les butins discrètement détournés des caisses publiques.

C'est l'actualité.

Quelles décisions prendre pour réguler la finance internationale, si elle peut en quelques millisecondes quitter les États qui appliqueraient cette régulation ?

Comment l'État et les systèmes sociaux pourront-ils se financer, quand "les seuls qui payent l'impôt en France, sont ceux qui le veulent bien ![1]"

J'attends donc des Etats européens, parmi les mesures décisives qui permettront la sortie de crise et ouvriront un développement économique durable, une fermeture pure et simple des relations financières avec les paradis fiscaux.

Cela fait partie du scénario d'espoir.


J'ai aussi eu le plaisir de m'exprimer sur le sujet sur le blog de Ludovic Monnerat en 2007, sur intox2007 en 2009, chez Alain Lambert, Jean-Luc Mélenchon et Michel Volle en août dernier,

… de conseiller l'appel "Stop aux paradis fiscaux",

… de remercier, et je le fais ici une fois encore, Denis Robert,

… de remarquer qu'au coeur de l'Europe et de l'euro, il y a le Luxembourg… (voir aussi chez edgar),

… et de proposer quelques engagements à prendre par les plus riches comme (c'est plus facile après tout) par les plus pauvres.

Notes

[1] Comme me le disait, il y a quelques semaines, un consultant en innovation qui vantait surtout ses compétences en défiscalisation.