Souvent les guerres commencent avec de très fortes raisons. Souvent elles continuent absurdement. Tuent et tuent, détruisent et abaissent, simplement parce que personne ne sait arrêter ces affreuses machines.

En 2001, après l'attaque d'al Qaïda contre les États-Unis, nos armées ont soutenu le gouvernement légal du président Rabbani pour qu'il renverse le régime de fait des talibans, allié et hébergeur d'al Qaïda.

Elles n'ont pas réussi à arrêter ben Laden.

Alors elles sont restées, et ont empêché son retour. Jusqu'à ce que les États-Unis le repèrent, dans sa villa d'une ville militaire pakistanaise, et le liquident.

En 10 ans de guerre, al Qaïda a été si affaiblie que sa réinstallation en Afghanistan n'est plus le risque mondial n°1. C'est un risque, mais il pourrait certainement être combattu de façon bien plus efficace et économique, qu'en occupant tout le pays.

Mission occupation terminée. Ouf.


Mais entre temps, les dirigeants politiques occidentaux ont multiplié, dans une étrange compétition de bêtise, les "bonnes raisons" de faire la guerre.

Il fallait construire une nation, construire une démocratie. (Par le fer et le feu ! Vous y croyez un seul instant ?)

Il fallait pourchasser les coupeurs de doigts vernis. (Qui n'existaient pas. Mais là, je parle d'Hervé Morin et Nicolas Sarkozy…)

Il fallait former l'armée afghane. (C'est cela, oui… nos diplômés de Saint-Cyr vont apprendre à faire la guerre, à des gens qui se battent et risquent leur vie dans leurs montagnes depuis 30 ans sans interruption).

Alors évidemment, sur ces trois fronts, chou blanc, et, comme c'est une guerre, tragédies.


Étrange affaire : l'ennemi a été vaincu, et pourtant nos armées devront partir dans l'échec et l'écoeurement.

Ce n'est pas à elles qu'on pourra le reprocher. C'est à leurs chefs.

Ils auraient dû savoir finir une guerre. Pire : ils le savaient, et ne l'ont pas fait.