Comme je l'écrivais ici il serait bien difficile aux LibDems d'avoir une majorité relative des sièges, même avec une majorité relative des voix, en raison du mode de scrutin uninominal à un tour (voir la carte électorale).
Les sondages l'ont confirmé depuis : même en menant - légèrement - en voix, ils seraient troisièmes en sièges !
Ce que je n'avais pas prévu, c'est que, sans honte, la droite allait se jeter, à la française, sur cet argument électoral. Notre système électoral est injuste ? Il empêcherait votre préférence, chers électeurs, de se traduire au Parlement et au gouvernement ? Eh bien, merci de souffrir en silence et de voter pour nous, à droite, même si vous préféreriez majoritairement le centre. Merveilleux cynisme des pouvoirs en place.
Accessoirement, toujours façon France 2007, les sondeurs ont sorti le parapluie en qualifiant les nouvelles préférences "LibDems" d'incertaines, surreprésentées chez les jeunes et les personnes qui n'ont pas de préférence politique fixée, bref des préférences peu solides. Comme si un changement d'opinion datant de 48h pouvait être aussitôt enraciné, durable et limite sectaire. La vérité est plus simple : quand l'opinion découvre un nouveau choix, quand un pays voit une chance d'échapper aux conventions cyniques des pouvoirs en place, on sort des scénarios connus par coeur des politologues, et ils ignorent ce qui pourra se passer. Et moi aussi.
En fait le cynisme est poussé encore plus loin: Cameron précise qu'en votant LibDem, cela revient à ce qu'il y ait une alliance parlementaire (et donc gouvernementale) entre LibDems et Labour*, donc qu'en votant pour le changement, on vote pour les mêmes. C'est fort tout de même comme argument psychologique: le système ne peut être réformé, vous faites le jeu de ceux que vous combattez, il faut choisir le moindre mal (enfin selon les conservateurs). J'imagine que dans les prochains jours, les LibDems insisteront sur la réforme électorale réintégrant la proportionnelle et / ou un scrutin à deux tours, mais le mal psychologique sera fait... Cela confirme la difficulté pour sortir d'un bipolarisme historique, il faut gagner sur le fond (nouveautés programmatiques et stratégiques), sur la forme (comme tous les scrutins depuis les années 80) et il faut convaincre d'un changement nécessaire des règles (changement nécessaire de système électoral). Le troisième point étant le plus difficile à faire passer, y compris hors contexte électoral imminent.
Tout ça rappelle furieusement janvier 2007, et Bayrou. Étudions ce qui se passe. Voyons comment l'UMPS britannique réagit - quels arguments ils avancent. Comme ça on pourra se préparer à ce qui arrivera en 2012 chez nous.
Une question : comment, le moment venu, préempter les arguments (re)mis en avant par l'UMPS pour affaiblir la volonté de changement chez les électeurs incertains ? Réponse : en expliquant tout ça longtemps à l'avance, par touche, avec récurrence - en élargissant la boule de neige. Encore 734 jours.
A lire aussi:
- sur la réforme du système électoral britannique: http://www.guardian.co.uk/commentis...
- sur les limitations médiatiques imposées par le Groupe Murdoch: http://www.guardian.co.uk/commentis...
@ tous deux : oui
@ ArnaudH #3 : sur la réforme du système électoral : il faudrait vraiment que les LD arrivent 1ers pour que ça bouge. En 1974, malgré leurs très bons résultats, ils n'avaient pas réussi à obtenir un changement de système.
Sur le témoignage de l'ancien editor du Sun : waoh ! voilà qui est clair. J'en ai fait une traduction partielle sur France démocrate : http://www.francedemocrate.info/spi...
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