Ah là là, qu'est-ce qu'on a raté en laissant filer Éva Joly et lui. Parce que des gens honnêtes et courageux, isolés, ça ne fait pas une alternative politique.
Mais enfin bon, puisqu'il fait partie des gens attachés à la vérité en politique, ça fait plaisir, et je reprends mot pour mot quelques extraits de la dépêche AFP :
Cohn-Bendit déplore la "paresse de la gauche"
"Où est passée la grande réforme fiscale" de François Hollande ?
"Il aurait fallu trancher, oser affronter le groupe socialiste. Il ne l'a pas fait. Sur le cumul des mandats, c'est pareil, il y va à reculons. Sur le droit de vote des étrangers, il a renoncé à la bataille"
"Même si cela n'est pas vrai, on a l'impression que la seule chose que son gouvernement fasse est de reprendre à son compte une politique budgétaire libérale"
"La social-démocratie française, et plus généralement la social-démocratie européenne, n'ont pas su se renouveler" et "sont désemparées face à l'ampleur de la crise".
"François Hollande s'en tient à la méthode Coué. Il dit que la rigueur budgétaire va permettre de faire baisser la dette et que, lorsque la croissance reviendra, la gauche pourra redistribuer plus justement. Il ne voit pas que, même si la croissance revient, on ne reviendra pas au monde d'avant".
"La globalisation des crises économique, financière et écologique remet en cause l'idée traditionnelle de répartition des bénéfices de la croissance. C'est une économie nouvelle qu'il faut bâtir, une économie capable d'assumer la transition industrielle et énergétique. Si on se place dans cette perspective, faire croire qu'on peut sauver Florange ou Aulnay n'a pas de sens".
Il y a une "une démoralisation politique de la société de gauche face aux difficultés du gouvernement à juguler la crise". Et "le seul qui à gauche essaie +de tenir front+, Jean-Luc Mélenchon, le fait de façon tellement outrancière, tellement adémocratique, qu'il participe au processus".
heuuu... évidemment, dany ne veut pas voir l'évidence : quand on a un taux de change inadapté, l'économie plonge. il n'y a aucune nouveauté là dedans, c'est du BA-BA. Mais effectivement c'est probablement bien trop simple comme explication. Reste à se réfugier dans le vaudou : le "plus rien ne sera jamais comme avant, nous entrons dans une ère nouvelle".
les tenants de ce type de position (d'ailleurs incapables de définir en quoi le monde actuel serait "nouveau") jouent la carte prophétique : on est pas loin de la recherche du Grand Homme, de l'homme nouveau des temps nouveaux (Goldorak ?)
un indice de ce genre de semi-délire : accuser mélenchon d'adémocratie. je n'aime pas mélenchon ni ses positions. mais je soupçonne DCB d'être enclin à traiter d'adémocrate tous ceux qui le dérangent.
en revanche, que la social-démocratie européenne soit déboussolée (peut-être d'ailleurs est-elle déboussolée parce que européenne) est une vérité.
Pas sûr qu'elle soit originale !
"les tenants de ce type de position (d'ailleurs incapables de définir en quoi le monde actuel serait "nouveau")"
à ton service Edgar, bonne lecture
http://www.environment.arizona.edu/...
JM : ce que tu communiques est fort intéressant. mais ça ne nécessite pas forcément une transmutation des règles de l'économie, du droit ou de la politique. le G20 est bien en train de modifier considérablement le secret bancaire, sans intervention de l'UE d'ailleurs, ni bouleversement.
en laissant filer Eva Joly, on a surtout rien raté. Bon débarras.
@ edgar : Je partage en tout cas l'opinion de Daniel Cohn-Bendit sur le fait que la société mondiale forgée par le système technique actuel (micro-processeur, logiciel, internet) est aussi différente de la société industrielle que gouvernait De Gaulle, que celle-ci l'était de la société où la rente foncière enrichissait sous Guizot.
Et que les organisations politiques, administratives, éducatives, de santé, et même les partis, que le "contrat social social-démocrate" lui-même, ont ce métro de retard, soit 35 ans environ.
J'admets volontiers que les partis dont les idées répondent, *bien ou mal*, à la situation actuelle (et non à la société d'avant-hier) — Parti de gauche, Europe Ecologie, MoDem, Front National… — restent hors jeu, et que les partis qui continuent à jouer à la société passée — Parti communiste, PS et radicaux, UMP, voire libéraux — tiennent encore le pouvoir bien en main. Mais ça n'oblige pas à leur donner raison.
@ l'hérétique : tu veux dire qu'elle a repris à son compte, pendant la campagne présidentielle, quelques âneries des Verts ? Certes, c'est dommage, mais justement, si on ne l'avait pas laissé filer, on aurait échappé auxdites âneries. Et quoi d'autre ? Bon, avec des si, on gagne des présidentielles à tous les petits déjeuners.